Mercredi matin nous avons été prévenus de l’incursion de militaires togolais dans l’enceinte du camp d’Avezopo à 20 km de la capitale Lomé, en direction du Bénin. A 5 heures ce matin du 24 juin 2015, les quelques 1200 ivoiriens, ont brusquement été tirés de leur sommeil par des cris et des bruits de parade militaire.
Alors que ces réfugiés ont fui la Côte d’Ivoire des armes, des mercenaires et des rebelles, voilà une fois encore qu’ils assistent impuissants à ce spectacle d’une intrusion musclée, inamicale, non planifiée dans leur espace misérable de personnes déplacées, abandonnées, oubliées de la Croix Rouge, des organisations humanitaires, de la première Dame qui crie haut et fort son investissement auprès des ivoiriens, mais qui est totalement aphone pour ce qui est de son engagement auprès des exilés et de leurs enfants ? ici pas d’école, pas de distributions de riz, d’huile, machines à coudre à pédale…Loin des yeux, loin du cœur.
Faut-il rappeler qu’il y a deux ans maintenant, le 3 mai 2013 le camp avait déjà été attaqué par des soldats togolais, qui n’ont pas ménagé leurs muscles en frappant des femmes et des enfants, en emprisonnant le couple pastoral et 6 autres personnes du camp durant 80 jours. Par la suite, un médiateur camerounais Mr M’Bily avait été nommé parle HCR , il avait fait du bon travail, avait obtenu le départ des militaires et la fin de leurs manœuvres dans le périmètre du camp. Malheureusement ce dernier vient d’être remplacé la semaine dernière par une femme malienne, et les réfugiés craignent que le même scénario ne se rejoue deux ans plus tard : une attaque probable du camp, lorsque les militaires togolais auront fini leur entrainement préliminaire !
Shlomit Abel, 24 juin 2015
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