Côte d’Ivoire – Le parti de Gbagbo déclare Ouattara à nouveau inéligible et appelle au Boycott des activités de la CEI

katin

Dans une Déclaration signée ce 15 juin 2015, relative aux futurs processus électoraux et à la candidature de M. Alassane Ouattara, le Front Populaire ivoirien demande à ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, aux Patriotes et Démocrates de tous bords «en un mot au peuple de Côte d’Ivoire», de boycotter de toutes les activités initiées et entreprises par la Commission électorale [CEI] dans son format actuel. L’initiative du FPI consiste à « barrer la route à la dictature et à l’épuration ethnique mis en œuvre par le régime Ouattara »

Intégralité de la Déclaration relative aux futurs processus électoraux et à la candidature de M. Alassane Ouattara

Alors qu’au terme de l’article 35 de la Constitution ivoirienne, M. Alassane Ouattara n’est nullement concerné par les processus électoraux à venir, le voilà déjà autoproclamé candidat et en campagne pour se succéder à lui-même, prenant des raccourcis inimaginables, réprimant dans le sang toute manifestation démocratique de l’opposition, confirmant ainsi la nuisance et la grande fébrilité de son régime.

Pour avoir exercé le pouvoir d’Etat conformément à la loi fondamentale, et conscient du péril que représente la gouvernance Ouattara pour la survie nationale aujourd’hui et demain, le Front populaire ivoirien (FPI) dénonce ici les graves distorsions desdits processus électoraux en préparation, et invite le peuple de Côte d’Ivoire à exiger, du pouvoir, des élections libres, justes, transparentes, équitables et inclusives. Pour ce faire :

• Considérant que pour être libres, justes, transparentes, équitables et inclusives, les élections reposent sur cinq (05) composantes fiables et incontournables que sont la CEI, la sécurité, la liste électorale, les lois électorales et le Conseil constitutionnel ;

• Sachant que c’est sur cette base légale que le régime du président Laurent Gbagbo a organisé l’élection présidentielle d’octobre-novembre 2010, avec notamment la mise en place de onze mille (11.000) sites de recensements électoraux donnant plus de chances au plus grand nombre d’électeurs de remplir, sans difficulté aucune, leurs devoirs citoyens ;

• Constatant que le régime RHDP n’a rempli aucun de ces critères, se contentant de deux mille (2.000) sites de recensements électoraux sur toute l’étendue du territoire, ce qui réduit scandaleusement ces chances et cette permissivité démocratisante ;

• Constatant encore que le régime Ouattara a pris des mesures de faveur pour le Nord et la commune d’Abobo, localités acquises à sa cause ;

• Considérant que le climat de terreur et d’insécurité consécutif à l’arrivée de Ouattara au pouvoir le 11 Avril 2011 s’est aggravé ces derniers temps, notamment depuis le Congrès du FPI à Mama et la marche éclatée de la CNJC du 9 juin 2015 ;

• Considérant que les processus électoraux en préparation sont, en réalité, un gros piège pour l’opposition, surtout qu’avec les résultats fictifs du 4ème Recensement général de la Population et de l’Habitat (RGPH), le Rassemblement des Républicains (RDR), parti dictatorial qui gouverne par les armes, est sur le point de s’octroyer les résultats de son choix aux scrutins à venir ;

• Considérant que tout RGPH est une opération d’importante stratégique qui obéit à des critères incontournables de performance tant technique que politique ;
• Sachant qu’au regard de ces critères non négociables, les opérations de récemment des populations françaises, britanniques, allemandes, etc., n’ont pas eu lieu à des intervalles réguliers depuis 1946, en raison de l’extrême sensibilité des problèmes et des enjeux consécutifs à la Seconde Guerre mondiale ;

• Attendu que la Côte d’Ivoire de l’après 11 avril 2011 est en proie aux mêmes problèmes et enjeux que ceux auxquels furent confrontés les alliés de la Grande Guerre, en termes de déséquilibre sociodémographique, de souffrance et de précarité, avec aujourd’hui davantage de risques évidents de falsification des chiffres au détriment de l’Etat-Nation, étant donné la politique hégémonique ou « rattrapage ethnique » engagée par Ouattara depuis le 25 janvier 2012 en Côte d’Ivoire ;
• Sachant qu’en toute responsabilité, le FPI a rejeté et fait boycotter avec succès le RGPH-2014 ;

• Attendu que l’opération de révision et d’inscription sur la liste électorale en cours prolonge le cynisme du RGPH-2014 qui entérine le diktat de Linas-Marcoussis selon lequel trois millions (3.000.000) d’étrangers devraient être naturalisés pour avoir « longuement contribué à la richesse nationale et aidé à conférer à la Côte d’Ivoire une place et une responsabilité particulières dans la sous-région » ;

• Considérant que le lundi 1er juin 2015, lors de la cérémonie de lancement officiel de l’opération de révision et d’inscription sur la liste électorale de 2010, Monsieur Youssouf Bakayoko, le président controversé de la très partiale Commission électorale indépendante (CEI), a affirmé que « ce sont [effectivement] environ trois millions (3.000.000) de personnes qui sont concernées par cette opération qui prendra fin le 30 juin 2015 » ;

• Vu qu’aucune constitution au monde n’admet que des étrangers/apatrides (?) fraichement naturalisés deviennent automatiquement électeurs, sans le moindre délai de probation, là où la norme en exige une carence de 5 à 10 ans ;

• Considérant qu’à l’issue de son Congrès du 30 avril 2015 à Mama, le FPI a décidé de ne pas prendre part à des élections piégées, son pari sans équivoque étant celui de l’alternance au pouvoir d’Etat par la transition pacifique à la démocratie ;

• Considérant que cette décision a été renforcée, dans son esprit et dans sa lettre, par la Charte de la Coalition nationale pour le Changement (CNC) signée le 15 mai 2015 à Abidjan ;

• Sachant que les futurs processus électoraux engagés de manière unilatérale par le régime Ouattara sont déjà pipés par des pratiques antidémocratiques, à savoir :

– le verrouillage en amont et en aval des Institutions en charge des élections ;

– la recrudescence des dérives autoritaires avec pour conséquences la répression dans le sang des manifestations de l’opposition ;

– les centaines de milliers de Cartes nationales d’Identité en libre circulation dans le pays, les médias ayant fait état d’une quantité de 500.000 cartes frauduleuses saisies au corridor de Gagnoa sans provoquer la moindre réaction officielle qui rassure ;

– la poursuite des arrestations arbitraires des opposants qui s’ajoutent à la détention dans les goulags du régime de centaines de prisonniers politiques dont Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé ;

– la monopolisation des médias de service public par l’Etat-RDR ;

– l’établissement unilatéral de la liste électorale 2015, etc.,

1- Le Front populaire ivoirien (FPI) exprime sa très vive indignation et déclare que :

a- Les conditions d’élections libres, justes, transparentes, équitables et inclusives ne sont pas réunies en Côte d’Ivoire ;

b- Il n’y aura pas d’élections dans ce pays aussi longtemps que le régime Ouattara voudra gouverner par et dans la fraude, les raccourcis et la violence ;

c- Bien plus, M. Alassane Ouattara, qui s’est déclaré candidat à sa propre succession depuis 2013, n’est pas concerné par la présidentielle d’octobre 2015 ; M. Ouattara sait qu’au terme de la Constitution, il n’est pas éligible à la présidence ivoirienne et qu’il n’y a été candidat que conformément aux arrangements politiques consentis à Pretoria, uniquement à titre exceptionnel, par les présidents Laurent Gbagbo et Thabo Mbeki, arrangements traduits par « la décision N° 2005-01/PR du 5 mai 2005 portant autorisation à titre exceptionnel des candidats signataires des Accords de Linas Marcoussis, uniquement à l’élection présidentielle de 2005 », finalement organisée en 2010.

2- Le Front populaire ivoirien, tirant les conséquences de tout ce qui précède :

• Demande à ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants, aux Patriotes et Démocrates de tous bords, en un mot au peuple de Côte d’Ivoire, de boycotter toutes les activités initiées et entreprises par la CEI dans son format actuel, pour barrer la route à la dictature et à l’épuration ethnique mis en œuvre par le régime Ouattara ;

• Exige la mise en place d’une Commission électorale indépendante (CEI) consensuelle, équitable et impartiale, ainsi que l’établissement d’une nouvelle liste électorale consensuelle ;

• Entend utiliser tous les moyens démocratiques et légaux pour mener à bien l’exécution de son mot d’ordre de boycott du recensement électoral sur l’ensemble du territoire national ;

• Appelle ses militants (es), militants (es) et sympathisants (es), ainsi que les Patriotes et les Démocrates de tous bords à rester vigilants, mobilisés, déterminés et disciplinés dans l’exécution du présent mot d’ordre de boycott du recensement électoral frauduleux en cours ;

• Interpelle vivement la Communauté Internationale, témoin oculaire des violences électorales de 2010-2011, à prendre dès maintenant ses responsabilités pour favoriser le dialogue républicain entre le pouvoir et l’opposition, sachant qu’elle s’est engagée à garantir un processus électoral paisible et inclusif pour une Côte d’Ivoire démocratique et réconciliée en 2015.

Fait à Abidjan, le 15 juin 2015

Pour le Front Populaire Ivoirien
Le Secrétaire Général Adjoint,
Porte-parole par intérim
Koné Boubacar

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