Marche éclatée de l’opposition – La tension monte
Intimidations et coups bas au rendez-vous
Les jeunes de l’opposition tiendront-ils leur pari risqué ce mardi 9 juin ? Il ne reste plus que quelques heures pour en faire le bilan. Mais depuis l’annonce de cette manifestation de protestation pour réclamer les libertés démocratiques, il y a une réelle fièvre qui s’est emparée de certaines zones du pays, surtout le sud. La nouvelle s’est répandue dans de grandes villes comme Gagnoa, Daloa, Dabou, San Pedro… Les populations sont dans l’expectative, entre crainte et espoir. Si pour les plus optimistes, ce 9 juin va contraindre le pouvoir à desserrer l’étau sur l’opposition jusque-là ‘’brimée’’ et ‘’opprimée’’, pour les sceptiques, ce jour s’annonce comme un autre épisode tragique comme la Côte d’Ivoire en a vécu ces dernières années. Des risques de dérapages sont perceptibles. Les réseaux sociaux s’enflamment et s’alarment déjà. Quand les organisateurs appellent à une sortie massive de ceux qui en ont marre de « la dérive dictatoriale » du pouvoir, les partisans de ce pouvoir appellent de leur côté à une contre-manifestation. Une bataille de rue n’est donc pas à écarter. Parallèlement à ces appels croisés, l’on apprend d’une source confidentielle qu’un plan d’arrestation des organisateurs de la marche serait déjà bouclé. Arrestation suivie de leur transfèrement loin d’Abidjan comme l’ont déjà été Koua Justin et Dano Djédjé respectivement à Bouaké et à Toumodi. Les organisateurs que sont Dahi Nestor, Balou Sosthène, Gnahoré Achille et bien d’autres seraient ainsi suivis par les RG et des hommes dévoués au pouvoir. C’est clair. Pour le pouvoir, cette manifestation n’a pas été autorisée et ses initiateurs devraient en subir les conséquences. Certains au sein du pouvoir y voient même un mouvement d’insurrection qui devrait, selon eux, être traité comme tel.
En interne, au sein de la CNC elle-même, on n’est pas unanimes sur cette marche dite éclatée. Nathalie Yamb, proche de Mamadou Koulibaly s’est clairement prononcée contre cette action de la jeunesse sans préciser si elle le disait à titre personnel ou au nom du président de Lider, signataire de la charte. Pour elle, la manifestation n’a pas la caution du directoire de la CNC et les initiateurs devraient assumer leurs actes. Elle est soutenue dans cette position par Samba David de la coalition des Indignés, signataire de la charte. Samba nuance cependant ses propos : « En tant que membre de la Cnc je partage la position de Nathalie Yamb mais en tant que leader de la société civile, je suis pour une manifestation pacifique qui de plus est pour la démocratie et la liberté d’expression en Côte d’Ivoire ». C’est dire qu’au sein de la coalition, si on est d’accord, aux termes des protocoles de la charte, que les marches sont des moyens d’action, leur opportunité maintenant, divise le directoire.
À moins de cinq mois de la présidentielle, la lisibilité dans les actions de la Cnc tarde à se dessiner. C’est sans doute cela qui amène la jeunesse à prendre les devants pour ainsi sonner le tocsin et réveiller les leaders qui ont du mal à implémenter une stratégie d’ensemble.
SD à Abidjan
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