Côte d’Ivoire – Ce Maroc qui nous tend la main (éditorial de Venance Konan)

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Il y a quelques années, alors que je ne connaissais pas encore le Maroc, un ami qui en revenait me dit ceci : « Il y a vraiment plusieurs étages dans le sous-développement. » Et devant mon incompréhension, il m’expliqua le fond de sa pensée : « Le Maroc et nous sommes classés parmi les pays sous-développés.
Et pourtant, lorsque tu vois le Maroc, il est vraiment loin devant nous. Dans un immeuble, il y a les sous-sols qui peuvent s’étaler sur plusieurs étages. Visiblement, si le Maroc et nous sommes dans les sous-sols, nous ne sommes pas au même niveau. Il doit être au ‘’moins un’’, tandis que nous sommes peut-être au ‘’moins deux ou trois’’. » Depuis l’année dernière, l’occasion m’a été donnée d’aller au Maroc, de visiter des villes telles que Casablanca, Rabat, Marrakech, Essaouira, Tanger et quelques entreprises, de sillonner les routes du royaume, de pratiquer quelques aéroports. Lors de mes derniers séjours dans le royaume, j’ai eu l’occasion de visiter l’usine de construction de voitures de Tanger, le nouveau port à conteneurs de cette ville qui ambitionne d’être l’un des plus importants d’Afrique et qui rivalise avec le port espagnol d’Algésiras situé presque en face.

J’ai pu visiter à Casablanca une entreprise de fabrication de pièces d’avion, rencontrer des dirigeants de banques qui comptent parmi les plus importantes de notre continent. J’ai vu les aéroports de Casablanca, Marrakech, Agadir à côté desquels celui d’Abidjan fait bien pâle figure. J’ai circulé sur les autoroutes entre Casablanca et Marrakech, entre Casablanca et Tanger. J’ai vu les nombreux touristes dans les rues de Marrakech, Essaouira, Casablanca, Tanger, etc. J’ai vu ce qui est fait par les autorités pour les attirer et pour faire en sorte qu’ils reviennent. J’ai vu l’artisanat marocain. Non, le Maroc et nous ne sommes pas logés à la même enseigne du sous-développement.

Certes, il y a des bidonvilles dans les grandes villes, des mendiants dans les rues, de jeunes chômeurs qui rêvent d’aller en Europe ou d’aller faire le djihad, des villages arriérés, mais soyons honnêtes, le Maroc se trouve aux étages supérieurs du sous-sol, pendant que nous sommes encore plus bas. Bien sûr, la proximité du pays avec l’Europe est un atout dont nous ne disposons pas, mais il y a son histoire propre, le génie de ses habitants et la vision politique de ses dirigeants. Aujourd’hui, l’on peut dire de ce pays qu’il est en train d’émerger.

C’est ce Maroc-là qui est, en ce moment, avec nous, à travers son roi qui vient nous voir pour la troisième fois depuis l’avènement au pouvoir du Président Ouattara. à vrai dire, le Roi du Maroc est en quelque sorte chez lui dans ce pays. Son père, le roi Hassan II, était l’un des proches amis de notre premier président, Félix Houphouët-Boigny, et lui-même séjourna plusieurs fois dans notre pays dans sa jeunesse.

L’émergence de notre pays est aussi la vision de notre Président. Il est évident que pour atteindre cet objectif, il nous faut des partenaires dans plusieurs domaines. Il nous faut des financements, des investissements, du savoir-faire. Nous avons des alliés traditionnels, de nouveaux, sur tous les continents et… le Maroc qui vient nous tendre les bras. Sans être ce que l’on peut appeler un pays développé, le royaume chérifien a atteint un niveau d’industrialisation que nous n’avons pas encore. Il a un parcours qui peut nous inspirer. Il est situé sur notre continent.

Les Marocains ont l’habitude de dire qu’ils sont comme un arbre qui a ses racines en Afrique et ses branches en Europe. De par sa position géographique, sa culture, la composition de sa population, le Maroc est probablement le pays qui représente le plus le trait d’union entre l’Afrique dite noire et celle dite blanche. Il a un savoir-faire et une capacité de financement dont nous pourrions profiter pour réaliser notre ambition d’émergence. Les travaux d’aménagement de la baie de Cocody ont été lancés hier par le Président de la République et le Roi du Maroc.

Pour avoir vu la marina de Rabat et le bord de mer de Casablanca, nous pouvons être certains de disposer bientôt d’un ouvrage dont nous pourrons être fiers. Le Maroc nous tend la main, saisissons-la. Mais dans le même élan, instruisons-nous de son expérience et proposons-lui aussi ce que nous avons de meilleur, dans un échange gagnant-gagnant. Il appartient à notre milieu des affaires d’aller, à son tour, à la conquête du royaume chérifien, dans le cadre d’un vrai partenariat.

Venance Konan

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