« Une personne impénitente est une personne qui refuse de se repentir, qui est endurci dans le péché, qui refuse obstinément d’améliorer sa conduite. » « Frondeur, personne qui critique sans retenue ni déférence l’autorité établie, qui respecte pas les règlements, et qui s’oppose à une ligne majoritaire ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais le dictionnaire le Petit Robert. De ces deux définitions, on peut déduire qu’un frondeur impénitent, est une personne qui défend une opinion au sein d’un groupe et une fois qu’elle mise en minorité, refuse de s’aligner sur l’opinion dominante et persiste dans sa position.
De façon générale, dans un parti politique, les frondeurs sont toujours minoritaires par rapport à une position majoritaire établie. Depuis quelques mois, ceux que Pascal Affi N’Guessan, la presse nationale et internationale appellent de façon abusive « frondeurs » au sein du Front Populaire Ivoirien, (FPI) sont justement ceux-là même qui ont une position majoritaire et sont capables de proposer une alternative crédible aux ivoiriens, face à la dictature de Ouattara. Ils ont en leur faveur, l’application stricte des statuts et règlements intérieurs de leur parti.
Le professeur Aboudrahame Sangaré, 1er Vice-président du FPI et son bureau ont l’onction de Laurent Gbagbo. Ils ont aussi celle de la grande majorité des militants de base du FPI et des secrétaires généraux des fédérations de ce parti (2/3). Ils ont enfin avec eux, la légitimité du professeur Aboudrahame Sangaré, membre fondateur et président du congrès constitutif du FPI (19 et 20 novembre 1988 à Dabou). En face de celui qu’on appelle le « Gardien du Temple », il y a Pascal Affi N’Guessan, militant de dernière heure qui n’a aucune trace remarquable dans l’histoire du FPI qui retiendra qu’il a trahi Laurent Gbagbo et ses camarades de lutte. Entre ces deux personnalités politiques à savoir Aboudrame Sangaré et Affi N’Guessan, logiquement, qui doit-on appeler frondeur ? Le natif de Bongouanou, a été mis en minorité à plusieurs occasions au cours des réunions des instances dirigeantes statutaires du FPI.
Le respect du fait démocratique devait contraindre Pascal Affi N’Guessan à suivre la ligne majoritaire du Front Populaire Ivoirien, à savoir, resté ferme, sans compromission avec le régime dictatorial d’Abidjan. Exiger la libération de Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo et tous les prisonniers politiques (400). Exiger aussi, le retour de tous les exilés politiques et le dégel des comptes bancaires des partisans de Laurent Gbagbo. Exiger le respect des droits humains, la libre expression dans les médias d’Etat, la liberté de se réunir et une justice équitable. Ces exigences constituent la base des revendications légitimes de la ligne majoritaire du FPI, principal parti de l’opposition ivoirienne. En dehors de cette ligne, en harmonie avec l’histoire du FPI, l’autre, purement alimentaire, est défendue par ceux qu’on doit véritablement appeler les frondeurs impénitents, avec à leur tête Pascal Affi N’Guessan.
Si cet homme était démocrate, il aurait dû mettre au vote, comme dernièrement au parti socialiste français, la position qu’il défend et celle de ceux qu’il appelle « frondeurs » certainement par mauvaise foi puisse qu’il sait qu’il est minoritaire. Pour preuve, l’ex président du Front Populaire Ivoirien a été lamentablement mis en minorité, au cours d’un comité central sur les questions de la désignation de représentants du FPI au sein de la Commission Electorale Indépendante (CEI) et la participation des membres de ce parti au recensement général de la population. Ses deux échecs consommés, Pascal Affi N’Gessan est devenu minoritaire et par conséquent, frondeur au sein du FPI. Il aurait dû s’aligner en principe, sur la position majoritaire, mais l’homme, on ne sait, piqué par quel mouche, a commencé à traduire ses camarades devant les tribunaux des vainqueurs dont les donneurs d’ordre, se trouvent dans les instances du Rassemblement de Républicains (RDR) et au Ministère de l’Intérieur.
LE CONGRÈS DE PASCAL AFFI N’GUESSAN AURAIT COÛTÉ AUX CONTRIBUABLES IVOIRIENS 1,2 MILLIARDS FCFA
Devenu frondeur impénitent, et incohérent dans sa propre logique de se maintenir à la tête du FPI, il commencé à accumuler les fautes politiques et les humiliations. Comme il fallait s’y attendre, Pascal Affi N’Guessan a été exclu du Front Populaire Ivoirien par le congrès de Mama qui a d’ailleurs connu un grand succès. Aujourd’hui encore, il continue de parler comme si de rien n’était. Il parle sans gêne, dans une rhétorique surréaliste, de la libération de Laurent Gbagbo dont il a contesté hier, la candidature et la signature. C’est un très bon artiste comédien. Il parle sans vergogne, le visage serré, de la libération du Dr Assoa Adou, Lida Kouassi Moïse, Hubert Oulaye, Danon Djédjé et Koua Justin, la liste est longue, alors qu’il a créé lui-même, les conditions de leurs arrestations de leurs emprisonnements. Il n’y que sous les tropiques qu’on voit encore ce genre de pratique et de comportement, essentiellement guidée par les intérêts alimentaires et les ambitions personnels.
La position actuelle de Pascal Affi N’Guessan, est tellement inconfortable qu’il a été obligé de faire une parodie de congrès pour justifier les émoluments qu’il reçoit du palais présidentiel. Les participants à ce congrès de son nouveau parti qu’il appelle abusivement et par cupidité « FPI » pour semer la confusion, auraient reçu chacun cinquante mille francs CFA (50 000). Le palais des sports qui peut recevoir environ cinq mille (6 000) personnes, était bien rempli. D’après un rapport de police, il y aurait eu très peu de militants du FPI. Ceux-ci étaient perdus parmi leurs nombreux nouveaux amis du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et du Rassemblement des Républicains (RDR). Tout ce monde a été transporté au palais des sports par une centaine de bus. Le congrès de l’ancien président du FPI aurait coûté au bas mot aux contribuables, un milliard deux cents millions (1 200 000 000 F CFA). Nous n’en dirons pas plus sur ce congrès bizarre pour ne pas mettre en danger nos sources qui sont formelles.
Ce qui est sûr et certain, c’est que Alassane Dramane Ouattara est maintenant convaincu que Pascal Affi N’Guessan a échoué dans sa démarche de lui vendre le FPI. Celui-ci aurait pris beaucoup d’argent mais le résultat n’est pas probant. En principe, Ouattara qui a en ce moment les nerfs à fleur de peau et dont le jeu favori est de mettre ses opposants en prison, devrait normalement y renvoyer Pascal Affi N’Guessan, pour escroquerie et détournement de deniers publics. Mais le petit fils de Sékou Ouattara a besoin de lui pour l’accompagner à la présidentielle d’octobre prochain. La logique voudrait que Pascal Affi N’guessan crée son propre parti. Mais que pèsera-il sans le label FPI ? Et c’est à niveau que le natif de Bongouanou a des problèmes. Ouattara veut à tout prix qu’il y ait en face de lui, un candidat du parti de Laurent Gbagbo avec justement le label FPI, quel qu’il soit, pour enfin légitimer son pouvoir qui souffre de reconnaissance par une bonne partie des Ivoiriens, depuis qu’il a été installé par la force, au palais présidentiel par la communauté internationale.
De toutes les façons, en tout bon dictateur, il se dit déjà vainqueur de l’élection présidentielle. Notre dictateur est prêt à en découdre avec les membres de l’opposition qu’il ne contrôle pas, notamment ceux de la nouvelle Coalition Nationale pour le changement (CNC). Toutes les chancelleries étrangères en Côte d’Ivoire et observateurs politiques sont convaincus que le dictateur d’Abidjan ne pourra pas gagner l’élection présidentielle face à l’ambassadeur Essy Amara. Si la CNC trouve un consensus autour de son nom, Ouattara aura du pain sur la planche. Mais, avant d’en découdre avec l’ancien ministre des Affaires Etrangères du président Houphouët, Ouattara, le dictateur « indéboulonnable », devra régler son problème d’inéligibilité avec le peuple ivoirien souverain qui l’attend au tournant.
Pour rappel, ces dernières années, plusieurs dictatures d’origine nationale ou installées par intervention étrangère comme celle de Ouattara, se sont effondrées face à des populations déterminées et mobilisées. Souvent considérées comme solidement ancrées et invincibles ou « indéboulonnable » pour parler comme l’autre, certaines de ces dictatures se sont révélées incapables de résister à une défiance sociale, politique et économique, conduite par le peuple. Elles se sont effondrées comme des châteaux de cartes. Et les exemples sont nombreux à travers le monde.
Grâce à des soulèvements populaires non-violents, au moins depuis 1980 des effondrements de dictature se sont produits en Lituanie, en Pologne, en RDA, en Tchécoslovaquie, en Slovénie, en Tunisie, à Madagascar, au Mali, en Bolivie, aux Philippines et dernièrement au Burkina Faso. Après vingt-sept ans de règne sans partage, Blaise Compaoré a été chassé du pouvoir. Au Burundi, le peuple est en train de lutter contre Nkurunziza, pour le respect de l’accord d’Arusha et la constitution burundaise. La résistance et un soulèvement populaire auront forcément raison de Ouattara pour faire progresser la démocratie et le respect des droits humains en Côte d’Ivoire.
BEN ZAHOUI-DEGBOU
Géographe, Journaliste Spécialiste de Géopolitique et de
Médiation Institutionnelle. Ancien Directeur de TV2 / RTI
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