Impossible intégration à la fonction publique – Exténués et traités de miliciens pro-Gbagbo
Le QG du député KKB, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2015 a accueilli en fin de matinée ce mardi 26 mai 2015, une délégation des admis au concours des secrétaires et attachés de greffes et parquets, session 2009. Leurs différents responsables dont Adou Jean Claude, Kouassi Kouakou et Ange Augou Kouadio ont coanimé un point de presse avec le locataire des lieux, Kouadio Konan Bertin dit KKB. Ils ont, en une demi-heure, exposé la mésaventure qui est la leur depuis qu’ils ont été déclarés admis au concours de recrutement lancé par le gouvernement de Laurent Gbagbo pour répondre à un besoin pressant de l’époque. C’est que, entre 2009 et 2010, les greffiers de Côte d’Ivoire ont lancé une grève illimitée qui a eu pour conséquence directe le blocage du processus électoral vu que les audiences foraines étaient impossibles sans la contribution de cette corporation.
Le gouvernement décidait alors de lancer un concours exceptionnel de recrutement de greffiers ad hoc à l’effet de remplacer les grévistes. Les ministères de la Fonction publique et de la Justice avaient, chacun en ce qui le concerne œuvré à la réalisation de cette décision présidentielle s’appuyant sur l’article 48 de la constitution. 430 jeunes Ivoiriens dont l’âge est compris entre 30 et 35 ans sont alors déclarés définitivement admis en janvier 2010 à l’issue du concours. Ils entament dès lors leur formation et avant d’être affectés à des postes dans les greffes et parquets. Entre temps, les grévistes conduits par l’UNAGCI de Me Roger Dakoury, qui suspendent leur grève attaquent en justice la décision d’admission des greffiers ad hoc qui sont même reconnus comme greffiers pleins par une autre décision. Commence alors une période de disette et de misère faite de suicide et de déception en tout genre pour les néo-greffiers.
Une décision de la cour suprême froissée et jetée à la poubelle
Les élections de 2010 et leurs conséquences directes auront des répercussions graves sur le sort de nos jeunes gens. Dès l’installation des nouvelles autorités, Ils apprennent avec stupéfaction que leur concours est annulé et qu’ils ne seront jamais intégrés aux effectifs de la fonction publique. Pourtant, après onze mois d’investigation, la chambre administrative de la Cour suprême a rendu un arrêt le 6 août 2012 qui déboute l’Union nationale des greffiers de Côte d’Ivoire en leur requête en annulation du concours. Le concours est ainsi validé par la Cour Suprême qui transmet même le 17 septembre 2012 une copie dudit arrêt au ministre de la Fonction publique Gnamien Konan (courrier n° 467/CS/CA/SC/D).
Les admis qui escomptaient avec cette décision administrative la fin de leur cauchemar en seront pour leur frais, face au mépris des nouvelles autorités. Leur affectation ne viendra jamais alors qu’en cours de route 15 d’entre eux ont perdu la vie dont deux (2) par suicide. Ils entament alors leurs propres démarches qui les conduisent au ministère de la Justice, leur tutelle et à la présidence de la République, en y associant imams et évêques. Les portes de la Fonction publique leur resteront toujours closes.
‘’Vous êtes des miliciens et des sorbonnards’’
Kouassi Kouakou, le président du mouvement des greffiers pour la défense de leurs droits (MGDD) rapporte ainsi les confidences d’une rencontre avec le Garde des sceaux, ministre de la Justice : « Nous avons rencontré le Garde des sceaux à qui nous avons montré l’arrêt de la Cour suprême mais il est resté indifférent. Nous lui avons dit en guise de comparaison que monsieur le Garde des sceaux, vous avez recruté 2400 ex-combattants dans les rangs de la police pénitentiaire sans concours. Il a répondu : ‘’ceux-là ont servi la République en tant que Forces nouvelles (ex-rébellion) c’est pourquoi la République les a recrutés. Mais vous, qui avez-vous servi ? Vous n’avez servi personne donc nous ne reconnaissons pas votre concours’’. Certains collaborateurs du ministre nous ont même dit que celui qui nous a recrutés se trouve à La Haye et que nous sommes des miliciens et des sorbonnards ».
Ces jeunes Ivoiriens qui ne sont certainement pas les seuls dans ce cas de figure, se disent fatigués de cette situation dans laquelle le président de la République aurait donné des assurances et fait injonction au ministre à l’effet d’exécuter l’arrêt de la Cour suprême. Rien n’y fait et aucune sanction n’a été prise contre le ministre récalcitrant. Exténués et exaspérés par une affaire qui dure cinq ans, ils ont décidé de se confier au député KKB, qui, séance tenante a décidé de porter l’affaire devant l’Assemblée nationale après les avoir écoutés.
KKB : « c’est le vrai visage du régime Ouattara »
Comme du pain béni, l’homme politique s’en est servi pour voler dans les ailes de son adversaire juré Alassane Ouattara.
« Ne regrettez surtout pas de n’avoir pas été parmi ceux qui ont pris les armes contre la Côte d’Ivoire. Restez fidèles à l’éducation que vos parents vous ont donnée, c’est ça qui est ivoirien. Un jeune Ivoirien ne prend pas les armes pour avoir du travail. Un jeune Ivoirien ne braque pas de banques pour avoir de l’argent. Un jeune Ivoirien, son père le met à l’école, il réussit ses diplômes et passe des concours comme vous l’avez fait. Quand le pays est normal, il est admis et il travaille. Restez dignes et fiers de vous. Ce que vous vivez montre le vrai visage du régime d’Alassane Ouattara. Un régime laid, méchant et qui tue les Ivoiriens. Voilà ce que je ressens. Mais en même temps nous sommes à la fin des cinq ans et après ce que vous avez traversé, je ne suis pas sûr que quelqu’un puisse vous offrir du travail », a-t-il exprimé ses sentiments. Mais KKB qui se dit « sensible, meurtri » mais pas « surpris » des agissements de ses anciens partenaires a promis que tous ces problèmes seraient réglés avec la défaite électorale d’Alassane Ouattara. « Gardez espoir ! Restez debout et battez-vous sans jamais être tentés de prendre des armes ! Dans quelques mois seulement, Ouattara sera battu et vous aurez le sourire », a-t-il conseillé en terminant.
SD à Abidjan
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