Lorsque nous avions commencé notre programme, nous avions dans notre base de données 74000 ex-combattants. Une base de données est dynamique et évolutive car des gens tombent malades et meurent.
Peut-on dire aujourd’hui au terme de la formation que ces associés aux Frci sont-ils transformés ?
Je peux l’affirmer sans ambages. Ce qui m’a été donné de voir me laisse croire qu’ils ont tourné le dos à la violence.
Pensez-vous qu’un seul mois suffit ?
En 30 jours, c’est déjà beaucoup d’espoirs. Vous les avez entendus s’exprimer. Évidemment, il faut continuer de les encadrer. C’est pour cela qu’avec nos partenaires, nous avons des programmes pour les soutenir. Cette assistance se fera aussi bien dans le domaine de la formation. Ceux en qui nous avons décelé des troubles assez sérieux, il y aura des programmes spécifiques pour leur encadrement, notamment en ce qui concerne ceux qui ont des problèmes d’abus d’alcool, de drogue, de problèmes psychiques, etc. C’est le début d’un projet. Mais nous allons poursuivre. D‘ailleurs, c’est pour cela que dans notre mode opératoire, le temps de réintégration moyen d’un ex-combattant est de six mois. Cela veut dire qu’ils sont formés pendant un mois. Mais en réalité, après il y a quatre mois au cours desquels nous les suivons.
Ce moment était-il particulier pour vous dans la mesure où il y a un mois vous aviez vécu des moments chauds lors de leur déguerpissement à la Bae ?
Non, n’exagérez pas. Ce jour-là effectivement ces ex-combattants lorsque nous sommes allés leur annoncer cette opération, ils ont manifesté bruyamment. Cela n’a pas été facile. Aujourd’hui, ils se rendent compte avec beaucoup de joie et de bonheur. Ils sont transformés. Leurs propos sont devenus courtois. Ils sont ouverts sur l’avenir, ils gardent espoir. Tous affirment que ce mois passé à M’Bahiakro a été bénéfique en termes d’éducation, de civisme. Désormais, ils ont un regard particulier sur leur futur. Je suis très heureux et satisfait.
Ce sentiment est-il la preuve que votre mission est accomplie?
C’est émouvant de voir que ces stagiaires qui étaient agressifs, révoltés, expriment des mots de pardon à l’endroit du Chef de l’Etat et le nôtre. C’est sincère de leur part. Ils sont convaincus que le Président de la République veut leur bonheur. L’avenir n’est pas toujours dans l’armée. On peut se réaliser en dehors de celle-ci.
Malgré votre appel, de nombreux ex-combattants délogés des sites sont dans la nature. Avez-vous des informations les concernant?
Ils ne sont pas tous dans la nature comme vous le dites. On avait dans notre base de données les associés Frci dont le nombre s’élève à 5600. A mi-parcours, nous avons déjà pris 3000. Le programme continue et nos équipes continuent de les faire enregistrer. Nous avons espoir qu’ils le seront tous. Je voudrais préciser que lorsque les gens disent que 18000 ex-combattants sont dans la nature, ce n’est pas vrai. Il n’en est rien. Lorsque nous avions commencé notre programme, nous avions dans notre base de données 74000 ex-combattants. Une base de données est dynamique et évolutive car des gens tombent malades et meurent. A la fin de 2014, nous avons passé 27000 coups de fil à nos ex-combattants. Évidemment, pour les coups de fil qui ont abouti, nous avons quatre choses. Premièrement, on constate qu’un grand nombre d’ex-combattants sont décédés. Deuxièmement, certains sont en prison. Troisièmement, des ex-combattants se sont installés durablement à l’étranger. Ce ne sont pas les exilés. Ils sont en Europe et en Afrique. Pour finir, des gens se sont réintégrés eux-mêmes. Des personnes que nous avons jointes, veulent que nous ne les appelons plus jamais pour cette situation. Quand on a fait l’estimation de ces catégories, cela fait à peu près 10000 personnes qui ne sont plus intéressées par le processus Ddr pas parce qu’ils sont armés et se cachent, mais ils sont soit morts, soit en prison ou réintégrés eux-mêmes. Ce qui fait que l’effectif utile de l’Addr est de 64000 personnes. 55000 sont insérées. Il reste 9000 ex-combattants à prendre en compte dont 3000 Frci que nous traitons au quotidien. 3000 personnes qui étaient membres des groupes d’auto-défense à l’ouest et dans la ceinture d’Abidjan, seront prises en compte et les derniers qui sont les Fafn. Notre objectif est clair. Nous avons espoir de l’atteindre d’ici le 30 juin 2015.
Ce sera la fin de votre mandat ?
Sur ce sujet, je précise que le 30 juin 2015, il n’y aura plus de Ddr, c’est-à-dire on n’ira plus prendre quelqu’un. Des gens seront dans le processus car en formation. Donc ceux-là continueront d’être suivis jusqu’à leur insertion. Mais à partir du 30 juin, vous ne verrez plus nos hommes faire des enregistrements. Ce sera terminé.
Diomandé Mémoué
Correspondant communal
Fraternité Matin
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