Par Sylvie Kouamé | Connectionivoirienne.net
Les journalistes ivoiriens et la politique, un mal qui selon plusieurs analystes, empêche le 4e pouvoir de prendre véritablement ses distances vis à vis du monde politique, pouvoir et opposition. La Lettre du continent dans sa dernière édition du 20 mai, dresse une petite liste non exhaustive de journalistes ayant récemment bénéficié de promotion politique.
David Mobio, RTI, membre du bureau politique du PDCI-RDA
Thérèse Yobouet, RTI, membre du PDCI-RDA
Moussa Touré, directeur du développement des rédactions de Fraternité Matin, PDCI-RDA
Coulibaly Soungalo alias Charles Sanga, membre du secrétariat général du RDR
Venance Konan, membre du conseil économique et social pour le compte du PDCI-RDA
A côté de ce petit groupe nous pouvons ajouter Denis Kah Zion, membre du bureau politique du PDCI-RDA, ainsi que bien d’autres confrères qui, sans quitter leurs habits de journalistes, occupent des fonctions dans les différents appareils politiques. La Lettre du continent prend le soin d’indiquer que «cette rente politique dont bénéficie les professionnels des médias épouse tous les régimes». Comme exemples le canard parisien cite Guillaume Gbato et César Etou qui sous Gbagbo «continuaient d’exercer leurs métiers après avoir intégré les organes dirigeants du Front Populaire Ivoirien, ex parti de Laurent Gbagbo au pouvoir.
De quoi avons-nous vraiment accouché ? se demande Théophile Kouamouo
Je ne regrette pas de m’être engagé au service de la vérité sur la crise ivoirienne au cours de ces dernières années, qui courent tout de même sur plus d’une décennie. Cet engagement journalistique était forcément de nature politique, tant affirmer de simples évidences suffisait à vous « classer » et à vous isoler professionnellement de manière inouïe. Ce que je déplore est de n’avoir pas suffisamment combattu, en combattant, pour faire avancer l’idée de l’indépendance de la presse, y compris quand cette presse a des idées qui peuvent la rapprocher de certains camps politiques. De quoi avons-nous vraiment accouché ? C’est la question que je me pose depuis que j’ai reçu, il y a quelques semaines, un coup de fil d’un ami appartenant à une des deux tendances qui s’écharpent au FPI. Il m’indiquait qu’il venait de sortir d’un secrétariat général au cours duquel ses camarades et lui avaient décidé de dénoncer publiquement les journaux soutenant l’autre aile, ouvertement ou sournoisement, selon leur analyse. Et il m’appelait à me rapprocher de lui pour voir comment rectifier le tir, insulter l’autre bord et tutti quanti. Pendant qu’il parlait, je me posais une question : « Mais de quel droit !!! » Je regrette amèrement d’avoir pu laisser penser, consciemment ou pas, à des politiciens, qu’ils avaient le droit de s’ériger en commissaires politiques et en maîtres chanteurs au sein d’organes qui ne sont pas les leurs. Ce confusionnisme, le fait qu’il soit rendu possible, est de mon point de vue le grand échec de mon engagement journalistique de ces dernières années. Le combat de ma génération, c’est une presse africaine indépendante des vues de « l’ailleurs », mais c’est aussi une presse indépendante des politiques locaux de tous les bords. L’expérience montre qu’ils sont tous de potentiels prédateurs de la liberté d’expression.
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