A la fin, nous finirons tous, supporters et adversaires, par reconnaître que la candidature unique, au forceps, d’Alassane Dramane Ouattara à la présidentielle d’octobre 2015 pour le compte du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition du RDR, du PDCI-RDA, de l’UDPCI, de l’UPCI et de la tendance dissidente du MFA) n’aura pas été salutaire au libre exercice du jeu démocratique. Porteuse du germe de l’unanimisme paralysant, elle est nocive à la vie socio-politique ivoirienne qu’elle ne cesse de déstabiliser. Avec ses corollaires (le suivisme moutonnier et l’accompagnement), cette candidature unique est à l’origine de la fronde perlée en Côte d’Ivoire qui n’a plus de nom, ni de visage.
Cette fronde multidimensionnelle – comme le politique qu’elle soutient, pour reprendre l’expression de Bédié – emporte tout sur son passage. C’est ainsi qu’elle s’est emparée des partis politiques pour les ramollir comme l’Os de Mor Lame: ceux qui refusent de rentrer dans les rangs sont jetés en prison. Sans ménagement. Et ceux qui entonnent le chant des sirènes sont ou caressés dans le sens du poil ou promus, comme notre nouveau ministre de l’Artisanat. Sans état d’âme.
C’est ainsi que la fronde s’est également installée au sein de la première centrale syndicale ivoirienne, l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI). Depuis le 16 mai, François Adé Mensah, 82 ans et ancien secrétaire général, occupe, par la force, le siège de la centrale syndicale connu sous l’appellation de la Bourse du travail de Treichville.
La justice, en son audience du 24 avril 2015, a, en effet, annulé le 8ème congrès ordinaire de la centrale syndicale tenu le… 11 septembre 2012; il a donc plus de deux ans. Conséquences: le quinquennat de Joseph Ebagnérin est écourté. Élu secrétaire général de l’Union, à l’issue de cette instance, Ebagnérin est déchu, à la moitié de son mandat. François Adé Mensah, ancien secrétaire général suspendu à l’issue du 8ème congrès, est rétabli.
C’est Mme Vléi Suzanne, initiatrice officielle de la plainte, qui a donné les raisons de ce remue-ménage orchestré par la justice: l’intrusion de la politique politicienne. Car, a-t-elle affirmé, une fois installé, Adé Mensah va donner la position de la centrale, donc celle des travailleurs sur «L’Appel de Daoukro» et la situation sociale actuelle dans le pays.
C’est-à-dire que Adé, un fidèle de Félix Houphouët-Boigny et donc du «syndicalisme de participation responsable» et, par voie de conséquence, partisan indécrottable du RHDP, va dire «Oui» à la candidature unique et donner le quitus à la politique d’Alassane Dramane Ouattara. Ebagnérin a refusé de suivre cette voie? Il apprendra, à ses dépens, que de la «démocratie à l’ivoirienne» sous Houphouët-Boigny, nous avons atterri dans la démocratie selon Ouattara.
FB
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