Abidjan- L’usine Gonfreville, le leader de l’industrie textile en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest-africaine est menacée de fermeture pour défaut de trésorerie, a confié, mardi, dans un entretien à APA, le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs du textile inter-entreprise (Syntratexie), Moussa Ouattara.
Selon le syndicaliste, l’usine Gonfreville a subi en l’espace de 22 ans, deux crises majeures qui ont sérieusement affecté sa compétitivité sur le marché africain. Il s’agit de la récession économique qui s’est abattue sur la Côte d’Ivoire en 1993 et la crise militaro-politique de 2002.
Pour lui, les dommages collatéraux de ces différentes crises ont été « sans merci » pour l’évolution de cette entreprise qui a vu perdre en l’espace de ces vingt deux années, 2700 postes de salariés, soit 1000 postes après la récession économique de 1993 et 1700 à la suite de la crise militaro-politique de 2002.
« Nous ne sommes plus que 300 salariés sur les 3000 avant 1993, la situation est alarmante ici », lance avec désarroi M. Ouattara. Ce n’est pas tout, poursuit-il, « aujourd’hui on a plusieurs unités qui sont entièrement ou particulièrement fermées.
« L’usine tourne aujourd’hui qu’avec 40% de sa capacité de production » a-t-il ajouté.
Selon des chiffres fournis par une source qui a requis l’anonymat, avant la crise militaro-politique de 2002, Gonfreville avait une capacité de production de 10 tonnes de coton par jour pour environ 2000 employés qui travaillaient à plein temps.
Aujourd’hui, elle produit à peine 500 Kilogrammes par jour avec 300 employés qui se relaient, faute de matières premières suffisantes et de l’état de dégradation avancée des machines de production.
Toujours selon cette même source, l’entreprise qui connait d’énormes difficultés de trésorerie n’arrive même plus à s’approvisionner en matière première, encore moins à assurer la maintenance des machines existantes.
Des propos également partagés par le Secrétaire général du Syntratexie, Moussa Ouattara. « Aujourd’hui c’est le client qui paye les matières premières pour que nous les transformons. On perçoit un pourcentage sur la marge de transformation », a-t-il expliqué.
« C’est ce qui permet à l’entreprise de payer les maigres salaires des employés, de régler l’électricité, et de songer de temps à autre à payer quelques pièces de rechange pour les machines, dont plusieurs sont en panne et attendent d’être remises en état de fonctionnement », a ajouté M. Ouattara selon qui « nous vivons une situation sociale catastrophique ».
« On a aucune lisibilité par rapport à l’avenir de cette entreprise », a-t-il poursuivi, estimant que que « Gonfreville n’est plus à la hauteur, sur le plan compétitif car, n’ayant connu aucun investissement depuis des dizaines d’années ».
Pour lui, Bouaké attend la réalisation effective de la promesse faite par le Président Alassane Ouattara, lors de sa visite d’Etat effectuée dans la région de Gbêkê en novembre 2013, concernant la relance des activités de l’usine textile Gonfreville.
Les attentes des « 300 employés rescapés » de cette entreprise sont entre autres, la réorganisation des trois composantes actuelles de l’usine, que sont Global coton, FTG et UTEX-CI en une unité industrielle commune comme par le passé.
Il s’agit aussi de garantir l’approvisionnement régulier de l’usine en matières premières (coton graine) et faire un nouvel investissement pour la réparation et l’acquisition de nouvelles machines de pointe afin de pouvoir faire face à la concurrence actuelle du marché.
La mise en place d’une politique de lutte contre la contrefaçon des produits textiles est également sur la liste des recommandations de ces employés.
« C’est à ce prix que l’usine Robert Gonfreville atteindra sa vitesse de croisière qui lui permettra sans doute, de reprendre sa place de locomotive industrielle dans la sous-région ouest-africaine avec la création de milliers d’emplois pour les jeunes », a conclu Moussa Ouattara.
APA/AIP
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