Le fossé s’élargit entre populations et forces de l’ordre à l’approche des élections
A-t-on vite fait de se réjouir des efforts menés, après la crise postélectorale (2010-2011) par les forces de l’ordre ivoiriennes pour faire sauter le mur de méfiance entre elles et les populations ? Au nombre de ces actions, des journées portes ouvertes dans les casernes, des activités sportives, des réhabilitations de voiries, des dons en vivre et non vivre, etc.Des actions,gagesd’une meilleure cohabitation et collaboration entre les deux parties ont pris depuis un certain temps un plomb dans l’aile.
Retour à la méfiance
Ce qui replonge le pays dans les mêmes travers qui avaient érigé cette barrière de méfiance.La violence policière a refait surface. En témoigne la dispersion, parfois par des méthodes très énergiques, de marches et sit-in organisées par des organisations sociales ou souvent politiques. La répression répétée des marches et rassemblements du collectif des indignés de Côte d’Ivoire(CICI)dirigée pas Samba David est une illustration parmi tant d’autres. Sans ignorer un retour en force du racket sur les routes. Des faits intervenant dans un contexte pré-électoral sensible, et qui devraient interpeller le Conseil national de sécurité, administration en charge de la coordination des actions de mise en œuvre de la Réforme du secteur de la sécurité (RSS).
Impérative appropriation de la RSS
Il appartient donc au CNS de s’appuyer sur tous les instruments et moyens à sa disposition pour intensifier la sensibilisation non seulement auprès des forces de défense et de sécurité, mais aussi les populations, sur l’impérative appropriation par celles-ci de l’esprit et de la lettre de la RSS. Les dernières agitations du front social dans les mois de mars et avril, notamment des grèves émaillées de violence dans le secteur de l’éducation, ne font pas bons signes à l’approche des élections qui démarrent en octobre 2015 avec la présidentielle.
Apaisement du front social et politique
Ainsi, il apparait judicieux de tirer sur la sonnette d’alarme, afin que les gouvernants prennent toutes les dispositions nécessaires pour un apaisement durable du front social et politique, dans des perspectives d’élections apaisées, comme le propose d’ailleurs les évêques ivoiriens. Il faut donc veiller à une répartition saine et équitable des droits de passage sur les antennes de la télévision nationale, l’application effectif de la loi sur le code électoral, une justice impartiale, la libération des leaders politiques de l’opposition incarcéré. Il faut également que « le rattrapage ethnique » soit un vieux souvenir, et la mise en place d’une efficace politiquede l’emploi.
Izoudine YoussefLadiplomatiquedabidjan.com
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