PRAO YAO SERAPHIN, Président du MNSEA
En Afrique, les élections ont toujours été des périodes de grande peur. La raison est simple : le manque de transparence et le désir de se maintenir au pouvoir provoquent le désordre social. En Côte d’Ivoire, les dernières élections présidentielles n’ont pas échappé à cette logique. Les contestations récurrentes après presque toutes les élections en Afrique ont conduit à trouver une sorte d’institution « arbitre » pour règlementer et conduire le jeu électoral. La mise en place d’institutions électorales indépendantes des gouvernements apparaît donc comme une réponse appropriée à la méfiance manifestée à l’égard des administrations électorales formatées dans la culture du système du parti unique, de fait ou de droit, et des régimes militaires d’exception. Pour rester dans cette logique de pacification des élections, l’actuel président de la commission électorale indépendante (CEI) n’est pas qualifié pour conduire les prochaines élections en Côte d’Ivoire. Le Mouvement National de Soutien à Essy Amara (MNSEA) demande simplement sa démission et ce, pour au moins trois raisons.
La première raison : le manque de consensus autour de la CEI
En effet, il est démontré que l’acceptation des résultats dépend du consensus qui entoure la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Or sa composition actuelle fait la part belle au Président Ouattara. La simple présentation de la nouvelle CEI indique qu’elle est une commission électorale inféodée. Si tous les éléments d’un processus ne sont pas connus et acceptés par tous, alors le risque est grand pour qu’il échoue. Le président Bakayoko a été imposé par le candidat Ouattara et les membres de la CEI ont été désignés sur une base purement fantaisiste et électoraliste.
La deuxième raison : son mandat est achevé
Dans l’esprit des commissions électorales indépendantes, celle ou celui qui préside a un seul mandat qui est d’ailleurs non renouvelable. Le président Bakayoko doit accepter de démissionner pour son honneur car il a été nommé à la tête de la CEI pour un mandat non renouvelable. La médecine nous enseigne qu’il n’est pas bon de se soigner avec un médicament périmé. L’article 53 nouveau de la décision n° 2005-06/Pr du 15 juillet 2005 relative à la commission électorale indépendante précise que son mandat s’arrête à la fin des élections générales passées (présidentielles et législatives). Son maintien à la tête de la CEI est un bras d’honneur que le Président Ouattara fait aux Ivoiriens.
La troisième raison : son manque de crédibilité
Le président actuel de la CEI a perdu toute sa crédibilité lorsqu’il a annoncé les résultats des élections de 2010 dans le quartier général d’un candidat. Il s’agissait du candidat Alassane Ouattara. Cette attitude étrange et peu connue des démocraties le disqualifie pour être l’arbitre des prochaines élections. Son manque de courage et ses hésitations ont entraîné une crise postélectorale dont les Ivoiriens continuent de vivre les séquelles. Pour ne plus vivre une autre crise postélectorale, le MNSEA demande à la communauté nationale et internationale d’accepter l’idée d’un rude combat qui sera mené dans les prochains jours pour régulariser des points nécessaires à la tenue d’élections apaisées. Si le Président Youssouf Bakayo pense compter sur la frêle béquille du Président Ouattara, il dégagera face à l’impétueuse tempête qui grondera contre lui.
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