Côte d’Ivoire – Alassane Ouattara, le 24 mai 2011 et la Chasse à l’homme en mai 2015

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L’opération «décapitation et affaiblissement» du FPI-canal historique – c’est ainsi qu’un internaute a baptisé la tendance «Gbagbo ou Rien»- se poursuit. Et la chasse à l’homme bat son plein. Hubert Oulaye, président du Comité de contrôle, Sébastien Dano Djédjé, président du Comité d’organisation du 3è Congrès extraordinaire, et Koua Justin, 3ème Secrétaire général adjoint chargé des relations avec les syndicats et les organisations de masse, ont perdu leur liberté ce matin du lundi 4 mai. Des éléments du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO, police spéciale) ont procédé à leur arrestation et sont partis avec eux pour une destination inconnue.

Ils paient pour deux faits : le premier, le succès populaire de la manifestation politique organisée, à Mama (village de Laurent Gbagbo, dans la sous-préfecture de Ouragahio) le 30 avril. Alors que les forces de l’ordre avaient été déployées en grand nombre pour tuer dans l’œuf ce rassemblement, le 3è Congrès extraordinaire a rassemblé un tel monde que policiers et gendarmes casqués ont été débordés, laissant se tenir ces assises qui se sont conclues par l’investiture de Laurent Gbagbo à la tête de cette fraction du FPI. La deuxième raison, la désobéissance civile.

«Nos compatriotes ont découvert qu’il était possible de s’opposer à une décision de justice même rendue en dernier ressort lorsqu’on l’estime inique et injuste,» se réjouissait Alassane Dramane Ouattara, le 24 mai 2011, à la prestation de serment du président de la Cour suprême. En tant que chef de l’État, il était heureux que l’arrêt du Conseil constitutionnel, pourtant insusceptible de recours, qui le donnait perdant de la présidentielle du 28 novembre 2010 ait été violé, laissant ainsi croire qu’au lieu de dura lex, sed lex (la loi est dure mais c’est la loi), on pouvait prendre ses libertés avec des décisions de justice.

Les animateurs du FPI-canal historique ont choisi de s’engouffrer dans cette brèche. Dans la crise interne au parti, la justice a pris fait et cause pour Pascal Affi N’Guessan, considéré comme le président légal, en interdisant aux dissidents d’utiliser sigle, logo et nom du FPI. Ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille. Après avoir d’abord suspendu Affi de ses fonctions le 5 mars 2015, ils l’ont radié à vie, à l’issue du 3è Congrès extraordinaire en subordonnant leur participation à la vie politique, y compris la présidentielle, à la libération préalable de leur leader historique.

C’est le bras de fer. Alors, ces dirigeants – qui se recrutent parmi ceux qui tardent à reconnaître le pouvoir Ouattara – vont être mis sous mandat de dépôt et rejoindre, à la Maca (prison civile de la commune abidjanaise de Yopougon), leurs partisans dont Moïse Lida Kouassi et Assoa Adou; grossissant ainsi le rang des détenus, jugés ou pas, de la crise post-électorale.
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