Steve Orji est analyste pour africanexecutive.com
article publié en collaboration avec Libre Afrique
Le projet de loi sur l’information publique (PIB), devrait contraindre l’administration de Buhari à instaurer la transparence dans les institutions et dans les dépenses budgétaires à tous les niveaux du gouvernement, avec l’espoir que le parlement traite rapidement ce projet de loi. L’adoption de cette loi devrait donner une impulsion morale à toutes les branches du gouvernement, y compris au pouvoir judiciaire pour qu’il juge les affaires avec circonspection, et qu’il soit juste et honnête, en particulier lorsqu’il s’agit de rendre justice aux personnes sans défense.
Étendre cette initiative à d’autres institutions sociales comme les écoles et les collèges, permettrait d’améliorer la qualité des services publics et du capital humain du Nigeria, de restaurer la culture de l’excellence, et servirait de socle pour améliorer la confiance sociale et sûrement impacterait positivement la réputation du pays.
Les investissements offshores et les partenariats d’affaires au Nigeria ont ralenti ces derniers temps, car les hommes d’affaires nigérians ont une réputation contestée, de même que les agents du gouvernement. Le scandale de corruption Halliburton, impliquant quelques hauts fonctionnaires du gouvernement est toujours resté un secret d’Etat. L’incapacité du gouvernement à rendre public le résultat de la commission d’enquête Oputa, reste un cas typique du manque de la transparence institutionnelle.
Qu’est-il arrivé à la commission d’enquête de Pius Okigbo et à la manne des recettes pétrolières? La nation est restée silencieuse pendant longtemps sur des meurtres très médiatisés, impliquant des personnalités bien placées. Peut-on dire que justice a été faite lorsque le pouvoir judiciaire est sous la coupe du parti au pouvoir?
Aucune nation ne peut se développer sur une injustice qui altère les capacités morales de ses citoyens. Les Nigérians considérés subversifs par le pouvoir sont morts ou contraints au silence et leurs exigences sociales et personnelles légitimes fortement reniées.
Buhari peut-il modifier la donne, rendre les institutions robustes et stables indépendantes, professionnelles et éthiques comme il le faut, pour répondre aux aspirations sociales des Nigérians? Les retombées de cette loi améliorant la transparence sociale et l’éthique permettraient finalement de modifier la structure des classes sociales de la Nation. Les super-riches Nigérians révèleront-ils la source de leur richesse? L’écart entre les très riches et les très pauvres est en partie à l’origine des vices sociaux de premier plan comme le vol, la prostitution, l’extrémisme, les enlèvements, etc.
Beaucoup de Nigérians peuvent trouver difficile de soutenir la culture de l’honnêteté, quand ils savent que les voleurs connus autour d’eux n’ont jamais été traduits en justice et les multimillionnaires émergent chaque seconde juste parce qu’ils fréquentent des politiciens « bien connectés ».
Il devrait y avoir une réhabilitation systématique de la classe moyenne en incitant les masses de Nigérians à la participation économique active. Les activités de microfinance, ont besoin d’être soutenues et promues. Le régime des PME doit être réformé et soutenu pour avoir un impact économique plus profond parmi les démunis de la société.
Les politiciens animés du syndrome de l’argent facile, ont-ils fait du tort irréparable à la structure sociale et aux valeurs du Nigeria? « La quête d’appartenance » telle qu’elle est définie par les politiciens et leurs acolytes, a entraîné une insatisfaction chronique des citoyens, des ambitions démesurées, et une structure sociale « tordue » qui est malheureusement ancrée au Nigéria. En acceptant de déclarer ses biens, en début et en fin de mandat, Buhari fournit une boussole morale aux réajustements sociaux du Nigeria.
Les lourdes dépenses investies dans le secteur de l’électricité et d’autres secteurs industriels comme le complexe d’acier d’Ajaokuta, et le projet de station d’électricité à Aba, incitent à revoir la logique d’exploitation des ressources nationales qui devrait être dissociée de la politique politicienne.
Pour réduire son déficit budgétaire, le Nigeria a besoin de booster son industrie pour limiter le volume de ses importations et développer l’emploi. À ce titre, qu’ont produit les institutions de la technologie (Futo par exemple)? Normalement, les institutions technologiques devraient conduire le Nigeria vers le progrès technique et l’innovation.
Le crédo moral de Buhari et celui de son vice-président, Osibajo, semblent être un formidable moyen de s’attaquer à la corruption. Mais au delà, ils ont besoin d’une politique forte et opérationnelle leur permettant d ‘atteindre les objectifs de leur leadership. Les Nigérians ne sont pas «difficiles» à gérer. Ce qui a manqué à la nation est le déficit de leadership. Les citoyens sont toujours prêts à suivre. Le Nigéria a besoin de dirigeants avec une feuille de route, et qui gouverne en donnant l’exemple, avec un sens clair de l’ordre et une vision claire.
Steve Orji, analyste pour www.africanexecutive.com
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