Le Conseil de sécurité « déboute Ouattara » et proroge les sanctions contre la Côte d’Ivoire

Malgré les plaidoyers récents du chef de l’État ivoirien, le Conseil de sécurité maintient les sanctions contre la Côte d’Ivoire jusqu’au 30 avril 2016.

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Le Conseil de sécurité de l’ONU. Photo : ONU / Loey Felipe


Dépêches Paix et sécurité ONU

28 avril 2015 – Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mardi une résolution dans laquelle il décide de maintenir les sanctions imposées à la Côte d’Ivoire jusqu’au 30 avril 2016 et de proroger pour la même période l’embargo sur les armes létales [transferts d’armes lourdes] ainsi que le gel des avoirs financiers et l’interdiction de voyager dont sont frappés certains individus dans le pays.

L’embargo sur les armes à la Côte d’Ivoire ne s’applique pas à la fourniture aux forces de sécurité ivoiriennes d’armes exclusivement destinées à appuyer le processus ivoirien de réforme de l’appareil de sécurité, à l’exception de neuf catégories d’armes dont les missiles surface-air et des aéronefs armés.

Dans cette présente résolution, le Conseil de sécurité, qui a mis fin l’an dernier aux mesures interdisant l’importation par tout État de tous diamants bruts provenant de la Côte d’Ivoire, se dit préoccupé par la poursuite de la contrebande de diamants bruts ivoiriens.

Il exhorte ainsi les autorités du pays à continuer de mettre en œuvre rapidement et intégralement « une chaîne d’approvisionnement légitime en vue de l’exportation de diamants bruts ».

Le Conseil engage vivement le gouvernement ivoirien à autoriser le Groupe d’experts et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) à avoir accès aux équipements faisant l’objet de dérogations au moment de leur importation et avant qu’ils ne soient livrés aux utilisateurs finals. À cette fin, il proroge jusqu’au 30 mai 2016 le mandat du Groupe d’experts qui est chargé de recueillir et d’analyser toutes informations pertinentes sur les sources de financement consacrées à l’acquisition d’armes.

Enfin, le Conseil décide de reconduire jusqu’au 30 avril 2016 les mesures concernant les opérations financières et les voyages qui ont été imposées et souligne son intention d’examiner l’utilité de maintenir sur la liste des personnes soumises à ces mesures le nom de celles qui s’emploient concrètement à promouvoir l’objectif de réconciliation nationale.

Lire également: Côte-d’Ivoire à l’ONU un haut fonctionnaire ivoirien épinglé – Le scandale des emplois vendus

Ci-dessous le video:
http://webtv.un.org/meetings-events/security-council/watch/côte-d’ivoire-security-council-7436th-meeting/4201899278001

Security Council Meeting on The situation in in Cote d'Ivoire.
L’Ambassadeur ivoirien Bafétigué Ouattara

 

Monsieur le Président du Conseil de Sécurité,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

Tout au long de ces négociations, ma délégation a pu constater la posture empreinte de prudence des membres du Conseil de Sécurité sur la nécessité d’apporter davantage de souplesse au régime de sanctions concernant la Côte d’Ivoire au moment où le pays entame la dernière ligne droite menant vers l’organisation des élections générales de 2015.

Ma délégation voudrais rassurer le Conseil de Sécurité et dire que le Gouvernement ivoirien mettra tout en œuvre pour que les prochaines élections qui seront ouvertes, transparentes et inclusives se tiennent dans un climat apaisé.
– La CEI siège au complet avec tous les partis politiques et poursuit son implantation au niveau locale y compris ici même à New York ;
– La CEI poursuivra la mise à jour des listes électorales ;
– Les partis politiques recevrons un appui financier dans le cadre des campagnes électorales;
– Les FRCI, en étroite collaboration avec l’ONUCI, travaillent à la sécurisation de tout le processus électoral, y compris le volet transfert des procès verbaux ;

Tout en prenant acte de l’adoption de la Résolution 2219 (2015), ma délégation voudrait faire observer qu’elle demeure en de nombreux points, identique à celle adoptée par le même Conseil en 2014 alors qu’il est unanimement admis que des progrès indéniables ont été accomplis sur le terrain par le gouvernement ivoirien.

Monsieur le Président

Ma délégation éprouve donc un sentiment mitigé mais dans une approche constructive, garde l’espoir que ce Conseil puisse, à sa prochaine réunion consacrée aux sanctions concernant la Côte d’Ivoire, parvenir à une évaluation et une décision qui soient réellement à la mesure des efforts des autorités ivoiriennes.

Malgré ce sentiment, ma délégation voudrait se féliciter des progrès notables relevés dans le préambule de la résolution en matière de paix et de sécurité, notamment dans la mise en œuvre de la RSS, du DDR ainsi que les efforts du gouvernement en matière de justice et de réconciliation nationale. S’agissant des processus Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) et Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS), Il importe de relever qu’ils ont toujours bénéficié d’une volonté politique affirmée de la part des autorités ivoiriennes et, présentent à ce jour, un taux de mise en œuvre bien supérieur à ce qu’on a pu observer sur le continent jusqu’à présent (78% pour le DDR et 90% pour ce qui concerne les réformes urgentes de la RSS).

Bien entendu, mon Gouvernement conscient que de nombreux défis restent à relever notamment, dans les domaines de la paix, de la sécurité et de la stabilisation, ne ménagera pas ses efforts afin que cette dynamique qui est porteuse d’espérance se ressente dans le quotidien des populations ivoiriennes.

Monsieur le Président

La paix et la sécurité sont une réalité bien visible en Côte d’ Ivoire et les autorités ivoiriennes entendent tout mettre en œuvre afin de pérenniser, dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, les acquis de ce climat de paix si indispensable au développement de tout pays.

Je saisis cette opportunité pour réitérer l’engagement du Gouvernement ivoirien à une coopération sincère avec le conseil de sécurité et ses différents mécanismes afin de permettre à la Côte d’Ivoire de relever tous les défis qui se présentent à elle, notamment la protection des populations et le renforcement de la sécurité à nos frontières. Ainsi elle pourra apporter sa contribution aux efforts de sécurisation de la sous région face à la multiplication des menaces terroristes (les mouvements djihadistes au Mali et Boko Haram au Nigéria).

Dans cette optique, il nous faudra continuer le traçage et le marquage de toutes nos armes et autres munitions et surtout insister sans relâche sur la formation et le renforcement des capacités dans le domaine de la gestion et la sécurisation des stocks d’armes et de munitions.

Monsieur le Président

Au regard des remarquables progrès relevés dans le rapport du Groupe d’Experts dans les domaines de la stabilité, de la sécurité, du désarmement, de la collecte et du marquage des armes, il nous faut maintenant envisager sérieusement la levée totale des sanctions.

Je voudrais donc inviter les membres du Conseil à s’inscrire dans cette perspective étant entendu que pour le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, « La Côte d’Ivoire n’a pas vocation à demeurer sous embargo plus longtemps ».

J’exhorte également le Conseil à poursuivre la « réduction des effectifs de l’ONUCI déjà entamée en vue d’un retrait total au début de l’année 2017». Ces questions ne peuvent pas ne pas être posées et débattues au lendemain de l’élection présidentielle d’octobre 2015.

Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs,

La Côte d’Ivoire est au travail. Elle entend renouer avec sa prospérité d’antan et, surtout avec cette vocation naturelle de pôle de stabilité et de croissance économiques de la sous région ouest Africaine.

Je vous remercie.

Ci-dessous le video:

http://webtv.un.org/meetings-events/security-council/watch/côte-d’ivoire-security-council-7436th-meeting/4201899278001

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