Billets d’avion en Côte d’Ivoire: « Trop » de taxes « mal fondées » doivent être « recadrées »

blank
http://www.alerte-info.net/Imgs/actus/highpic/pic1430047651.jpg

 

Par Patrice Allégbé

Le président de la Fédération nationale de l’industrie touristique en Côte d’Ivoire, Mamadou Diomandé, dénonce « trop » de taxes « mal fondées » sur les billets d’avion et souhaite qu’elles soient « recadrées », dans un entretien à ALERTE INFO.

Comment se porte le secteur touristique en Côte d’Ivoire et notamment celui des agences de voyages ?

Je dirai aujourd’hui que ce secteur se porte bien par rapport aux précédentes années de crise. Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Alassane Ouattara les choses se sont améliorées sur le plan sécuritaire parce que notre secteur aujourd’hui est très sensible. Quand il y a des bruits de bottes, on est complètement anéanti.

Les choses, dis-je, avancent mieux aujourd’hui. En 2012, le secteur représentait 2% du PIB (Produit intérieur brut) contre 3,6% en 2013 et 4,2% en 2014. Ceci dit, il y a une nette progression.

Les agences de voyages sont beaucoup focalisées sur les émissions de billets. Moins de 10% des acteurs font réellement du tourisme leur activité principale, que-est-ce qui explique cela ?

Le tourisme est un secteur purement transversal, qui dépend de plusieurs facteurs, tels que les infrastructures, la sécurité, les routes, l’accès aux sites, la qualité des hommes et des établissements d’hébergement. Donc, c’est toute une chaîne. Quand on parle aujourd’hui de développement du tourisme en Côte d’Ivoire, il faut se dire d’abord, c’est quel type de tourisme qu’il faut ?

Si c’est le tourisme d’affaires, je dis oui ! En février, Aeria a fêté son record historique qui est passé à 1,379 million de passagers (fin 2014) et d’autres vont plus loin pour arrondir les chiffres à 1,5 million. Mais, quand on parle de tourisme culturel, religieux et autre, de masse (…) là, il y a un problème.

Nos routes ne sont pas aussi praticables. Concernant nos établissements d’hébergement, à l’intérieur (du pays), quand on met un circuit qui part par exemple d’Abidjan à Abengourou (Est) pour sortir à Korhogo (Nord), quand nous proposons des établissements dans les salons internationaux, nos clients veulent dormir dans des hôtels de trois, quatre ou cinq étoiles, il y en a combien à l’intérieur à part Abidjan ?

On rejette souvent les responsabilités sur les agences de voyages, mais elles ne peuvent vendre un circuit ou une destination que quand les conditions sont réunies. 80 à 90% des agences de voyages font plus la billetterie parce qu’il n’y a pas d’autres produits à commercialiser.

Combien d’agences de voyages compte votre secteur ?

Je ne saurai vous le dire aujourd’hui parce que depuis 2011-2012, avec l’environnement des affaires, avec la stabilité, et la sécurité, il y a beaucoup d’hommes d’Affaires qui se sont jetés dans ce secteur d’activité. Mais en ma connaissance, nous avions plus de 200 agences de voyages en Côte d’Ivoire dans les années 2012-2013, je ne sais pas quel est le chiffre réel aujourd’hui.

II y avait 40 agences de voyages émettrices de billets d’avion, affiliées à IATA (Association internationale du transport aérien, organisation qui régule les émissions de billets), dont 16 sont membres du fonds de garanti et le reste opère avec des cautions auprès des banques.

Combien de voyageurs ont été transportés à travers vos agences en 2014 et au cours du 1er trimestre 2015 ?

Ce sera un peu difficile, mais si on veut se référer aux chiffres d’Aeria, on peut dire qu’aujourd’hui, on a plus d’un million de passagers qui sont partis d’Abidjan.

Quels sont les problèmes que votre secteur rencontre au niveau fiscal, organisationnel, et quelles sont les perspectives pour une meilleure performance ?

On a essayé de répertorier tout ce qui est entrave au développement du tourisme en Côte d’Ivoire, que ce soit l’environnement des affaires, la fiscalité, la parafiscalité, les problèmes de formation, de recherche de financements.

Aujourd’hui, le gouvernement a mis en place une plate-forme de concertation Etat/secteur privé et dans ce cadre de rencontre, il nous est permis de poser nos problèmes de fiscalité, la cherté de la destination, c’est-à-dite toutes les taxes qui viennent d’ailleurs et d’autres ministères. Nous avons posé ces problèmes sur la table.

Par exemple, il y a la taxe sur les locaux loués en garnis (taxe municipale) sur les établissements, la taxe de la solidarité sur les billets d’avion (2.000 Fcfa en classe Eco, 5.000 en classe Business, 10.000 en 1ère classe), la taxe du Burida (taxe municipale).

Je ne voudrais pas m’éventrer dans les chiffres, je veux parler de la régularité même de ces taxes et pourquoi elles sont mal fondées : Elles sont trop malheureusement et il faut essayer de recadrer ces taxes-là.

La taxe de nuit, la taxe de développement touristique et celle du Burida (Bureau ivoirien des droits d’auteurs) sont entre autres quelques impositions. Malheureusement, aujourd’hui dans nos établissements, vous allez voir le Burida venir prendre les tables ou les ustensiles de cuisine, les télévisions de certains membres, mais sur quel critère ?

Il n’y a pas de taux et cela se fait à la tête du client. Ensuite, nous avons la TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Au niveau de l’Uemoa, il y a par exemple une directive qui stipule la diminution de la TVA sur les produits touristiques. L’Uemoa a recommandé que les taux soient revus entre 5 et 10% (contre 18% en Côte d’Ivoire). D’autres pays de la sous-région ont déjà appliqué la baisse de ces taux, mais en Côte d’Ivoire cela n’a pas été fait.

PAL
Alerte Info

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.