Côte d’Ivoire – Pénurie de ciment à San Pedro, 2e ville portuaire

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A San Pedro, dans le sud-ouest ivoirien, le ciment devient une denrée rare (MAGAZINE)

Par Manuella Yapi

Après des négociations infructueuses dans le magasin d’un revendeur de ciment près du grand marché de San-Pedro, dans le Sud-ouest de la Côte d’Ivoire, Roger Dion, la mine défaite, cache à peine son agacement: « non seulement il n’y a pas assez de sacs disponibles, mais en plus le prix est trop élevé » à son goût.

« Un sac de ciment de 50 Kg dont le prix était de 4.500 Fcfa est aujourd’hui vendu à 6.000 Fcfa. C’est trop! », se plaint Roger qui réalise après des recherches dans trois magasins, qu’il doit s’armer de patience ou même « passer une commande » et revoir son budget à la hausse.

« J’avais prévu tout au plus 5.000 Fcfa par sac. Celui que j’ai vu auparavant m’a proposé 5.500 Fcfa. Il n’en n’avait pas dix à me vendre mais j’aurais du accepter », regrette-t-il avant de s’en aller à moto.

Charles, communicateur, juge « inacceptable » une surenchère pour un produit dont le coût n’a subi aucune modification à la base: « le prix est resté à 4.250 Fcfa à l’usine. C’est vrai qu’il y a une pénurie mais quand même, c’est excessif », dénonce-t-il.

« Moi je ne comprends pas pourquoi les gens s’étonnent puisque tout le monde sait qu’il y a pénurie de ciment dans toute la Côte d’Ivoire. Quand un produit manque, son coût augmente forcément », déduit Lanciné, un revendeur qui explique cette surenchère par le fait que les camionneurs attendent « parfois plusieurs jours devant l’usine avant d’avoir la marchandise ».

Cette situation amène donc les distributeurs à répercuter les dépenses liées à la restauration des chauffeurs pendant l’attente, sur le coût du ciment.

La Société de ciment croule sous le poids des commandes

« La demande a explosé » depuis l’an dernier, explique un responsable de la Société de ciment (SOCIM), entreprise chargée du ravitaillement dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire.

Selon lui, la Socim qui utilisait « 60% » de sa capacité de production (60.000 Tonnes/an) depuis sa création, est obligée depuis 2014 de produire « trois fois plus que par le passé » mais « cela ne suffit toujours pas ».

« Nous sommes obligés de mettre les grands projets en priorité », ajoute ce responsable, en allusion aux travaux de construction du barrage de Soubré dont les travaux ont démarré en 2013 et pour lequel la société a obtenu un contrat.

La directrice régionale du ministère du Commerce à San-Pedro, Bernadette Gbayara, indique avoir donné des « codes d’import-export à certaines entreprises qui en ont demandé pour pouvoir faire venir du ciment à partir du port » de la ville, afin de « compenser le déficit en matière de distribution ».

Elle propose en premier lieu aux responsables de la Socim d’interdire les stationnements prolongés des camions, pour éviter que les dépenses supplémentaires soient répercutées sur les prix auprès des commerçants qui revendent la tonne à « 115 voire 130.000 Fcfa », alors qu’elle coûte « 85.000 Fcfa » à l’usine.

Depuis plusieurs mois, une pénurie de ciment a été constatée dans le pays, causée par la fermeture d’une usine chinoise implantée à Abidjan d’une part et l’exportation d’une partie de la production d’autre part; le tout accentué par l’intensité des « grands travaux d’infrastructures » entrepris par le gouvernement, selon le ministre du Plan et du développement, Albert Mabri Toikeusse.

MYA

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