Côte d’Ivoire débat entreprenariat privé – Bictogo et ses pairs étalent les faiblesses de l’Etat sur RFI

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Par Connectionivoirienne.net

Promotion des hommes d’affaires ivoiriens ‘’Les forums économiques ne doivent pas se limiter à des échanges de cartes de visite’’

La Côte d’Ivoire qui aspire à l’émergence à l’horizon 2020 investit-elle réellement dans l’émergence d’une classe d’hommes d’affaires ivoiriens, ceux qu’on pourrait qualifier de « champions nationaux » ? Ce sujet a fait l’objet du « débat africain » de ce dimanche 12 avril sur Rfi. Entre autres invités Alain Foka avait à ses côtés Adama Bictogo, ancien ministre et PDG de Snedai, Stéphane Eholié, transitaire, Jean Marie Aka qui tient le bon bout dans l’agroalimentaire avec Coq Ivoire. Tous ont d’abord analysé la problématique de l’essor des hommes d’affaires ivoiriens. De façon unanime, ils ont estimé qu’à l’origine, les cadres ivoiriens ont opté pour la bureaucratie et la fonction publique qui leur offraient plus d’opportunités que l’initiative privée. Mais mieux, la préférence de Félix Houphouët-Boigny pour les capitaux étrangers notamment français n’a pas stimulé véritablement l’entrepreneuriat ivoirien. Toutefois, conviennent-ils, la donne a changé et les Ivoiriens depuis la fin des années 80 se sont lancés dans le privé. Ils conviennent également qu’une volonté politique existe depuis ce temps mais que celle-ci n’est pas soutenue comme il se doit. Puis Adama Bictogo de donner l’exemple du Brésil où l’Etat a accompagné les nationaux avec des textes de loi clairs qui favorisent les brésiliens. Il fait remarquer que dans ce pays, tout étranger, pour faire des affaires, est obligé de composer avec des nationaux dans la constitution du capital.

Un autre problème largement évoqué est celui de la fiscalité en Côte d’Ivoire. Pour ces patrons ivoiriens, la fiscalité demeure un frein à l’investissement. Sur ce problème clé, Jean Marie Aka propose : « On peut prendre des dispositions sur les revenus des entrepreneurs nationaux. L’Etat peut également jouer sur le mécanisme des marchés publics. Il s’agit de la réglementation d’une manière générale. C’est tout une batterie de mesures. Il faut analyser les caractéristiques de notre économie pour choisir les mécanismes les mieux appropriés à notre situation. » Ce que cet entrepreneur stigmatise, c’est le peu d’égard de l’Etat aux entrepreneurs nationaux qui sont obligés de faire face à leur corps défendant à la concurrence étrangère rude. Stéphane Eholié pour sa part, se dit favorable aux partenariats économiques. Mais il déplore qu’en la matière aucune faveur n’est accordée aux Ivoiriens comme cela se fait dans les pays qui nous entourent. « On peut recourir aux investissements directs étrangers, dire que le pays est libéral. Je suis entièrement d’accord. Mais quand un investisseur vient en Côte d’Ivoire, il vient dans l’optique de créer de la valeur ajoutée et faire des bénéfices. Mais pourquoi ne pas lui dire de prendre un partenaire ivoirien qui peut être technique ou capitalistique ? Cela est possible ! (…) Le champion a besoin d’être soutenu par son pays », analyse-t-il.

Sur un autre ton, Adama Bictogo propose que soient identifiés les secteurs stratégiques et que dans chacun des secteurs, les profils des nationaux à soutenir soient établis. A propos des partenariats, il fait observer : « Les forums économiques ne doivent pas s’arrêter à des échanges de cartes de visite. Il faut aller au-delà. Quand on revient quelle est la plateforme qu’on met en place pour accompagner tout cela ? »

Poursuivant son argumentaire, le PDG de Snedai qui a obtenu le contrat de souscription à la Couverture maladie universelle (Cmu), projet de sécurité sociale d’Alassane Ouattara, souligne que la banque centrale doit être un acteur du développement. « Les banques sont aujourd’hui liquides. Mais pour qu’elles accompagnent les entreprises, il faut que le ratio de la banque centrale soit revu à la baisse. Par exemple, pour qu’une banque vous prête 10 milliards, il faut qu’elle soit capable de provisionner au moment du prêt les 50 % de cette somme. C’est un problème ! Au Maroc, ils sont à 14 ou 20 %. La Banque centrale doit revoir sa politique. Comment peut-on demander à une société qui vient d’être créée de rembourser ses emprunts en cinq ans alors que le temps de maturité des prêts bancaires est de 3 ans ? On ne peut pas aussi développer des PME tant que le taux d‘emprunt reste à 12 ou 14 %. »

Fiscalité prohibitive, banques commerciales peu disposées à accompagner l’initiative privée, législation peu protectrice, formation non adaptée aux besoins du marché, ainsi se résument les facteurs qui freinent l’entrepreneuriat purement ivoirien, selon ces patrons qui ont participé au débat de Rfi.

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