11 avril 2011 – 11 avril 2015. Il y a 4 ans jour pour jour Laurent Gbagbo était évincé du pouvoir au profit d’Alassane Ouattara, son rival du 2e tour controversé de la présidentielle de 2010. Quatre ans ont passé et les meurtrissures sont loin de s’effacer. La crise dite postélectorale a laissé derrière elle 3 mille morts selon l’Onu et des milliers de réfugiés et d’exilés. Aujourd’hui, la belligérance armée n’est plus visible. Mais celle politique fait des vagues. Le pays est profondément divisé sur des bases sociopolitiques et géographiques (division Nord Sud). A moins de 7 mois d’une nouvelle élection présidentielle, ce 11 avril 2015 est commémoré différemment selon les camps politiques en face.
Dans le camp Ouattara, le chef de l’Etat a choisi ce jour pour inaugurer la voie de 4,5 km, reliant la commune d’Abobo à celle d’Anyama, réhabilitée à hauteur de 9 milliards de FCFA et portant le nom de Mohamed VI, roi du Maroc. C’est la finalisation d’un projet qui date de 2007 sous la gouvernance Gbagbo. Une façon pour le chef de l’Etat de dire que le pays dont il a hérité le 11 avril avance et est engagé sur la voie de l’émergence, nouveau vocable qui sous-tend sa politique économique. Cette cérémonie est même doublée de l’inauguration d’un château d’eau et du premier coup de pioche des travaux de la voie centrale de la ville d’Anyama.
Et Joël N’guessan, le porte-parole du parti présidentiel peut se réjouir de ce que des progrès aient été accomplis en l’espace de quatre ans. Dans une déclaration à l’occasion de la commémoration du 11 avril, Joël N’guessan affirme : « Le monde paysan a retrouvé le sourire grâce à une meilleure rémunération des produits agricoles – Le niveau de vie des populations s’est sensiblement amélioré grâce au doublement du SMIG – Les villes sont de plus en plus belles et les ordures qui jonchaient les rues et les carrefours ont disparu – Les années scolaires et universitaires ont retrouvé leurs rythmes normaux avec des examens à bonne date. (…) Tout cela, on le doit au Président Alassane Ouattara qui a su, en 4 ans, relever tous ces défis. » S’il y a à redire sur ce qu’avance ce cadre du Rdr (la paix n’est toujours pas revenue à l’université), Joël N’guessan occulte cependant la question du respect des droits de l’Homme, l’une des plaies du régime, maintes fois dénoncées par des organisations et Ong internationales.
Il est établi qu’à quelques mois d’une nouvelle présidentielle, M. Ouattara n’a pas encore tenu la promesse de juger les auteurs de crimes de son camp. Et comme preuve de sa volonté à ne point les inquiéter, le chef de l’Etat qui rencontrait des victimes ce samedi à Abobo s’est fendu d’un discours contre la justice internationale dont il ne veut plus entendre parler dans le dossier judiciaire ivoirien.
Dans le camp Gbagbo, c’est la désolation. Privé de son champion incarcéré à la Cpi, il prospère dans la division. En panne de stratégie face à Alassane Ouattara, il excelle dans les palabres internes. Le Fpi, le principal parti d’opposition vit un bicéphalisme et les deux camps en présence commémorent chacun son 11 avril. Affi N’guessan a choisi ce jour pour investir Marcel Gossio comme vice-président chargé de la coordination des actions pour la libération de Gbagbo. Le camp Sangaré s’est donné rendez-vous à Mama, village natal du leader commun Laurent Gbagbo.
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