Côte d’Ivoire 3e pont d’Abidjan: des chauffeurs de taxis répercutent le coût du péage sur les clients (reportage)

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Par Manuella YAPI

Il est 7h31min GMT à la gare de Cocody (Abidjan-est) près du “carrefour de la vie”, où des travailleurs pour la plupart, censés être à Koumassi (Abidjan-sud) à 8h00, forment une longue file d’attente lorsqu’un taxi stationne:”montez, on passe par le troisième pont”, qui réduit de plus d’une heure le trajet, lance le chauffeur.

“Au moins on est sûr de ne pas arriver en retard, c’est déjà quelque chose”, murmure Mme Konan, la quarantaine, cherchant une pièce de 100 Fcfa dans la poche externe de son sac à main, qu’elle compte rajouter aux 600 Fcfa du tarif habituel.

Une fois à l’intérieur du véhicule de cinq places, le chauffeur réclame le prix du transport :”j’espère que chacun a exactement les 700 F parce que je n’ai pas de monnaie”, prévient-il, avant d’insérer la clé de contact du taxi.

“Cette histoire de troisième pont vous arrange bien on dirait”, fait remarquer un passager à Francis, le chauffeur, en lui tendant ce qu’il lui doit :”à partir d’une certaine heure dans cette gare, autour de 7h20min, les chauffeurs veulent tous emprunter le troisième pont sans demander notre avis, alors que c’est nous qui payons pratiquement le passage (500F)”.

Le pont Henri Konan Bédié (HKB), un gain de temps…

Francis, le chauffeur, se dit surpris face aux plaintes de son client, estimant que l’objectif visé par ce nouveau trajet est de permettre aux passagers de gagner du temps, ce qui pour sa part est avantageux pour tous.

“Les clients ne sont jamais satisfaits, je ne comprend pas. Vous savez bien que lorsque vous restez à la gare jusqu’à 7h30, la seule chance pour vous d’être à l’heure au travail, c’est de passer par ce pont. Vous vous plaignez alors qu’on veut vous aider”, s’exclame-t-il, déçu.

Selon lui, “la plupart des gens sont contents parce qu’en 15min on rallie Marcory grâce au pont. 100F supplémentaires, ce n’est pas cher payé par rapport au temps gagné. On (les chauffeurs) ne peut pas payer seul les 500 F de passage alors que c’est à vous qu’on rend service”.

Madame Konan acquiesce pour montrer son accord avec Francis sur ce point:”franchement je préfère dépenser 100F pour arriver à temps au travail plutôt que perdre plus d’une heure dans les embouteillages sur l’ancien trajet. De toute façon, on n’a pas le choix, il faut payer pour passer”, se résigne-t-elle.

…et surtout d’argent, pour les chauffeurs de taxis

L’air scandalisé, Bernard, un autre passager, réplique:”depuis quand les chauffeurs de taxis d’Abidjan travaillent pour aider les clients? Non seulement vous économisez 10 km de carburant, mais en plus vous nous faites payer 100 FCFA chacun (soit un total de 400 Fcfa). C’est vous qui gagnez à tous les niveaux”.

Un sourire en coin, Francis, parle de “mauvaise foi” des passagers, estimant qu’en “affaires”, tout le monde doit avoir un bénéfice :”si on paie tout, on perd. Si vous payez tout, vous direz que c’est trop cher donc on a préféré cotiser tous ensemble”, dit-il, ajoutant qu’il est plus aisé pour le client de dépenser 100 F plutôt que 125 F.

“En plus on facilite la monnaie de cette manière”, lance-t-il en riant, comme pour dédramatiser une situation qui, pour beaucoup, est devenue anodine, plus de trois mois après l’inauguration du pont.

Inauguré le 16 décembre 2014, le pont Henri Konan Bédié, du nom du deuxième président ivoirien (1993-1999), comprend deux fois trois voies de péage et relie l’échangeur de Marcory à l’ouest de la Riviera, dans la commune de Cocody, avec des possibilités de redirections, permettant ainsi aux usagers d’économiser 10 km de trajet.

Face à la presse en décembre, le ministre ivoirien des Transports, Gaoussou Touré, avait assuré que “le prix du péage ne (serait) pas répercuté sur le transport”.

MYA

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