Côte d’Ivoire – Le Mont Péko demeure une jungle où le plus fort impose sa loi au plus faible

La question du déguerpissement des occupants du parc du Mont Péko, sujet dʼactualité majeur en Côte dʼIvoire, qui avait, en 2013, défrayé la chronique après lʼarrestation dʼun certain Amadé Ouérémi, et qui était au cœur du dernier Traité dʼamitié et de coopération (TAC) ivoiro-burkinabé en fin juillet 2014, nʼa pas connu dʼavancée notable. Ecartelés entre la perspective dʼun départ annoncé et la survie quʼimpose lʼattente du moment fatidique, les clandestins de fait et les autorités locales nʼont pas de meilleurs rapports. La pomme de discorde: la commercialisation des produits agricoles issus du parc.

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Une habitation à l’ intérieur du parc détruite…

Le projet de déguerpissement des occupants du parc national du Mont Peko avait fait couler beaucoup dʼencre et de salive en 2014. Alors que le gouvernement ivoirien avait décidé du départ de ses occupants, ceux-ci sʼétaient organisés en créant le Conseil représentatif des populations du Mont Péko (Cromp). Lequel conseil, composé des résidents et non-résidents du parc, considérés comme des leaders dʼopinion de la communauté burkinabé, ont mené des démarches auprès des autorités burkinabè et
ivoiriennes pour un délai de grâce au terme duquel les occupants du parc se retireraient progressivement. Plaidant donc pour un « déguerpissement à visage humain
», lʼexpression est de Kaboré Boukary, lʼun des résidents, le Cromp avait alors pu obtenir lʼinscription du dossier du Mont Péko au 4e sommet du Traité dʼAmitié et de Coopération Burkina Faso – Côte d’Ivoire (TAC), à Ouaga. Ainsi le 31 juillet 2014, dans le communiqué final de cette rencontre à laquelle ont pris part le président ivoirien, Alassane Ouattara, et lʼex- président burkinabé, Blaise Compaoré, il a été décidé de la création dʼune commission mixte pour gérer la question. La commission mixte était nécessaire dʼautant plus que la population concernée par le déguerpissement est estimée à 30.000 âmes, majoritairement des Burkinabè. On ne déguerpit pas
autant de monde, quoique illégalement installé, sans créer des cas sociaux et sans se mettre à dos les défenseurs des droits de lʼhomme.

Il fallait donc éviter quʼune telle situation se produise entre la Côte dʼIvoire et le Burkina Faso. Seulement si les dirigeants des deux Etats se sont accordés sur la création de cette commission dite mixte, force est de contacter que huit mois après le communiqué final de Ouagadougou, les choses nʼont pas véritablement évolué. Ce qui nʼa mis fin ni à lʼoccupation du parc national par les clandestins ni au racket de ceux-ci par des agents de lʼOffice ivoirien des parcs et réserves, comme le témoigne notre reportage. Le Mont Péko demeure toujours une jungle où le plus fort impose sa loi au plus faible. Rien nʼa donc changé. Et pourtant cette situation nʼaurait pas été si la commission mixte avait été mise en place de manière diligente et que le départ des occupants avait été défini. Une chose est dʼavoir décidé de la création dʼune commission mixte et une autre est de faire ce qui a été convenu. A seulement quatre mois du prochain sommet du Traité dʼAmitié et de coopération ivoiroburkinabé qui aura lieu à Yamoussoukro, quel bilan ferait-on sur ce point précis.

Le patriote
GLODÉ FRANCELIN

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