En démocratie, un parti politique même au pouvoir n’a pas le droit de choisir le responsable du parti d’opposition. Après les élections de 2010 en Côte d’Ivoire dont le contentieux n’est toujours pas purgé, de nouvelles échéances présidentielles sont prévues pour le mois d’octobre prochain. Dans ce contexte, souffrant d’une illégitimité manifeste depuis son installation, le pouvoir d’Abidjan a des boutons parce qu’il n’arrive pas à profiter d’une légalité que la Communauté internationale lui a servie dans les conditions que nous connaissons. L’imposture, habit du pouvoir d’Abidjan, la violence et le non-respect du droit et des règles républicaines, réflexes ancrés pour accéder au pouvoir, veulent abuser des Ivoiriens en orchestrant une escroquerie publique avec tous les moyens de l’Etat.
Alassane Ouattara et ses partisans sont manifestement de réels problèmes pour la Côte d’Ivoire parce que le rattrapage ethnique qu’ils ont créé et qui est leur fil de gouvernance ne cesse de creuser de réelles fissures entre les populations. Par ailleurs, parce que les organisations de défense des Droits de l’Homme et des partis politiques qui ont encore une fibre humaniste, demandent de cesser la justice des vainqueurs, Alassane Ouattara veut gagner du temps dans son organisation d’un passage en force aux futures élections présidentielles. Le divertissement qu’il crée en faisant jouer un rôle éhonté à Affi N’guessan dans son dispositif de triche intrinsèque, ne saurait abuser des Ivoiriens et des forces progressistes. Utiliser sans cesse une justice qui n’est pas juste parce qu’elle ne dit pas au moins le droit, est un artifice qui atteindra à terme ses limites. Mais quel est ce terme ? C’est à la société civile ivoirienne, très déçue du comportement politicien de forces politiques ivoiriennes d’y répondre, en travaillant à coaguler les nombreux mécontentements que suscite le pouvoir liberticide d’Abidjan. Il apparaît bien qu’au lieu de travailler à résoudre les problèmes quotidiens des Ivoiriens, Ouattara est engagé dans une politique de paupérisation inédite.
Contrairement à ce que leurs supports publicitaires veulent intégrer dans la conscience de l’opinion, Affi N’guessan et le pouvoir d’Abidjan sont en réalité des coquilles sans assises réelles. En effet, de la même façon que Ouattara parle au nom d’une Côte d’Ivoire qu’il a du mal à diriger, son « instrument » Affi veut abuser des biens du FPI sans en avoir le réel contrôle et la confiance des militants. Parler au nom de gens ou vouloir représenter ceux dont on n’a pas la confiance, cela s’appelle l’imposture. Si le pouvoir d’Abidjan vit avec ce statut parce que cela lui est inné, Affi N’guessan vient de terminer la démonstration qu’il est, depuis de la même école que Ouattara.
Certains donneurs de leçons et des décideurs de ce monde ont installé un dictateur qu’ils ont habillé en démocrate. La difficulté que cette indélicatesse impose, fait que les mêmes – pour ne par se dédire – encensent encore Alassane Ouattara. Mais ce déni, qui consiste à encenser une justice aux ordres tant en Côte d’Ivoire qu’à La Haye, n’est-il pas un poison qui infeste le vécu de populations ivoiriennes innocentes ?
En réalité, Alassane Ouattara qui manipule la justice suivant la tête du suspect ; qui prive les opposants de liberté pour leurs opinions ; qui ne respecte donc pas la liberté d’expression si chère au monde ; qui a tenté de transformer un pays qui abrite plus d’une soixante d’ethnies en une terre où une seule peut avoir des droits ;qui exerce un pouvoir clanique extrêmement corrompu ; … est tout sauf celui que les Ivoiriens doivent avoir à la tête de leur pays.
Les aspirations d’un peuple sont généralement motivées par les facteurs de son bien-être. Le peuple ivoirien n’est certainement pas masochiste au point de porter en estime les faiseurs de leurs souffrances surtout que les difficultés croissent de jour en jour. Ouattara, Bédié etAffi, – un triptyque sombre – sont en train de distraire le monde pour que le divertissement meuble le temps qui nous sépare des élections.
C’est ce qui ne doit pas échapper à ceux qui luttent pour la démocratie et le bonheur des Ivoiriens.
Dr Claude Koudou
Enseignant-Ecrivain, Directeur de la Collection « Afrique Liberté » chez les Editions L’Harmattan
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