La face accidentée de la réalité du pouvoir Ouattara est son patriotisme périphérique
PRAO Yao Séraphin
« Le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres »
(Charles de gaule)
Commençons dans ce texte par définir le patriotisme. On pourrait définir le patriotisme naturel ainsi : c’est un attachement instinctif, machinal et complètement dénué de critique pour des habitudes d’existence collectivement prises et héréditaires ou traditionnelles, et une hostilité tout aussi instinctive et machinale contre toute autre manière de vivre. C’est l’amour des siens et du sien et la haine de tout ce qui porte un caractère étranger. Le patriotisme, c’est donc un égoïsme collectif d’un côté et la guerre de l’autre. Ce n’est point une solidarité assez puissante pour qu’au besoin, les individus membres d’une collectivité animale ne s’entre-dévorent pas mutuellement ; mais elle est assez forte pourtant pour que tous ces individus, oubliant leurs discordes civiles, s’unissent contre chaque intrus qui leur arriverait d’une collectivité étrangère. Il y a plusieurs sortes de patriotisme. On peut parler de patriotisme économique, culturel, juridique et même géographique. Par exemple, l’expression patriotisme économique désigne un comportement des pouvoirs publics, des entreprises et des consommateurs visant à favoriser les entreprises nationales et leurs produits, cela au détriment des firmes étrangères. L’objectif de cette démarche, qui s’inscrit dans le contexte d’une politique d’intelligence économique, est de stimuler l’économie nationale. Dans cette réflexion, nous présentons le patriotisme périphérique du Président Ouattara.
L’embargo sur les médicaments en Côte d’Ivoire
Lorsqu’on aime son pays, on ne tue pas ses compatriotes. L’embargo sur la livraison de médicaments en Côte d’Ivoire faisait partie d’une série de décisions de l’Union Européenne visant à asphyxier la Côte d’Ivoire à tous les niveaux, notamment économique, sanitaire et de la diplomatie. Par ces mesures, l’UE voulait obtenir le départ du président Laurent Gbagbo du pouvoir au profit du Président actuel, Alassane Ouattara. A la suite de l’interdiction des navires battant pavillon européen dans les ports de la Côte d’Ivoire décidée par l’Union européenne, les cargaisons de médicaments payés et destinées à la Côte d’Ivoire ont été détournées vers le port de Dakar. Ces mesures de représailles ont mis en danger de la vie de millions de malades en Côte d’Ivoire. Rappelons que sur une population de 21 millions, seules 5millions ont pris part à l’élection présidentielle de novembre 2010 avec un taux de participation de 70% au second tour. Parce qu’une partie des 5 millions d’Ivoiriens ont voté Laurent Gbagbo cela a conduit à priver les Ivoiriens de médicaments. Et dire que le Président actuel se réjouissait de cette décision !
Le bombardement du palais présidentiel
Encore une humiliation faite à notre pays : le bombardement du palais présidentiel ivoirien. Avec la bénédiction du Président actuel, des hélicoptères français et de la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci) ont bombardé le palais et la résidence de Laurent Gbagbo, ainsi que les camps militaires d’Agban et d’Akouédo. Patriote et ivoirien, je me pose la question de savoir quel serait le ressentiment, par exemple, d’un français, si les États Unis d’Amérique venaient bombarder le palais de l’Élysée, à la demande prétendue de L’ONU, et ce quelles qu’en soient les raisons ? En tout cas, il ne m’arrivera jamais à l’idée de saper la dignité de pays, pour le pouvoir.
Le refus d’accompagner le capitalisme ivoirien
Le Président Ouattara ne développe pas le patriotisme économique depuis qu’il est au pouvoir. Actuellement, le régime Ouattara est en train d’appauvrir les hommes d’affaires ivoiriens en refusant de payer leurs créances et beaucoup d’entre eux ont fermé leurs entreprises parce qu’ils sont en faillite. On ne peut pas développer un pays en appauvrissant ceux qui ont les moyens et qui investissent. Refuser de payer la dette publique, c’est refuser le développement des activités des entrepreneurs nationaux. Selon les responsables de la Synafeci, la dette intérieure, à en croire au gouvernement ivoirien, est de 3031,9 milliards FCFA (janvier 2015). La part du Synafeci représente 80% de ce montant. Il a ajouté qu’aucun montant n’a été payé sur les 88 milliards FCFA retenus par l’audit des factures validées sur un montant total de plus de 300 milliards FCFA sur la période 2000-2010. Selon la Synafeci, les factures auditées ne sont pas encore payées parce que les fournisseurs de l’Etat concernés par la réduction de leurs montants de 50%, 30%, et 20% refusent les propositions indécentes. Non seulement l’Etat ne paie pas les factures, il ne respecte pas non plus le délai de 90 jours pour le paiement des factures. En outre, il y a des prélèvements illicites de 15% à 40% sur les factures et parfois même, des menaces de morts à l’égard des fournisseurs.
En endettant le pays, le Président Ouattara entretient la dépendance de notre pays
Dans notre pays, la probabilité d’un surendettement est très élevée. Rappelons qu’au 30 juin 2013, le stock de la dette s’établissait à 3.843,92 milliards FCFA, c’est-à-dire quelques mois après l’annulation d’une part importante du stock de la dette. En moins d’une année, le régime Ouattara a emprunté plus de 1500 milliards soit juste un peu moins que le différentiel du PIB (12000 milliards en 2012 et 14000 milliards en 2013). Et en 2014, le stock est 7804 milliards de FCFA soit un montant supérieur à celui de 2011 (6264 milliards).
Les Ivoiriens ne sont pas amnésiques, ils se souviendront de l’humiliation faite aux Ivoiriens. Ceux qui ont envoyé la guerre dans ce pays seront sanctionnés dans les futures élections. Ceux qui ont cautionné la forfaiture dans notre pays n’aiment pas les Ivoiriens. Il revient à ces derniers de punir les ennemis du pays. Entre les gouvernants hostiles à la Côte d’Ivoire et les opposants périphériques, les Ivoiriens doivent faire le bon choix. Pour nous, les années à venir seront celles de la réconciliation. Le Président Ouattara étant disqualifié, les forces vives de la nation doivent faire le choix d’un homme de consensus, celui qui, sociologiquement, politiquement et culturellement, pourra apaiser les haines.
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