Crise postélectorale – 43 femmes victimes d’abus sexuels à Abobo et Yopougon accèdent à la Justice

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Nos organisations ont déposé ce jour, auprès de la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction, une note de constitution de partie civile pour 43 femmes victimes de violences sexuelles au cours de la crise post électorale, et qu’elles assisteront dans cette procédure.

« Nos organisations ont pu établir que de très nombreux crimes sexuels ont été commis pendant la crise post-électorale, tant à Abidjan que dans l’Ouest du pays où ont eu lieu les affrontements les plus violents. Quatre ans après la crise, les enquêtes de la justice ivoirienne sur ces crimes sont demeurées largement insuffisantes et n’avaient pas permis de mettre en cause leurs auteurs directs ou ceux qui les ont laissé commettre. Accompagner ces femmes devant la justice, c’est donc leur permettre enfin d’accéder à la justice, pour faire entendre leur voix dans la procédure, mais c’est aussi contribuer au travail mené par le magistrat en charge de l’instruction », a déclaré Me Yacouba Doumbia, avocat et président du MIDH.

A Abidjan, les quartiers de Yopougon et d’Abobo, où les affrontements ont été très intenses, ont connu un grand nombre de cas de violences sexuelles, souvent commis au plus fort des tensions et en représailles à des événements militaires ou politiques.

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« Les femmes ont été particulièrement touchées pendant la crise. Souvent, les hommes, qui se savaient menacés par les groupes armés en présence, fuyaient leur domicile en pensant qu’aucun mal ne serait fait aux femmes ni aux enfants. Les mois de mars et d’avril 2011 ont malheureusement démontré le contraire, puisqu’au plus fort des affrontements, les groupes armés ont porté la violence jusque dans les habitations de celles et ceux qu’ils avaient désignés comme leurs adversaires, où ils entraient, violaient et pillaient » a déclaré Aimée Zebeyoux, présidente de l’AFJCI.

Deux instructions judiciaires sont ouvertes au sein de la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction concernant les crimes les plus graves commis pendant la crise. Si le travail de CSEI a été retardé par l’annonce de sa fermeture en 2013 puis par sa difficile opérationnalisation en 2014, elle dispose aujourd’hui des moyens nécessaires à la conduite des enquêtes. Nos organisations, qui ont soutenu sa reconduite, s’en félicitent, mais soulignent qu’il reste un important travail d’enquête à accomplir avant d’envisager des procès satisfaisants.

« Les derniers développements judiciaires concernant la crise post-électorale, devant les assises ou devant le Tribunal militaire d’Abidjan, ont montré la nécessité de mener des instructions judiciaires satisfaisantes, où les charges sont étayées et les responsabilités clairement établies. Nous demandons aujourd’hui à la justice ivoirienne de poursuivre et d’amplifier son travail d’enquête, notamment pour ces femmes victimes de viol, afin que la justice puisse être rendue dans les meilleures conditions, indépendamment de tout agenda politique ou électoral, ainsi que s’y est engagé le gouvernement ivoirien. Il en va de la crédibilité de la justice nationale » a déclaré Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH.

Pour plus d’informations, voir le rapport FIDH-LIDHO-MIDH « Côte d’Ivoire : choisir entre la justice et l’impunité » de décembre 2014.

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