Le Non d’Anaky Kobena à l’appel de Daoukro [Déclaration]
Camarades élus du MFA
Nous apprenons ce jour, que vous organisez pour le jeudi 5 mars 2015, une grande rencontre avec des militants du MFA, dans un hôtel ou autre lieu public de la place, pour adopter une résolution de soutien du MFA à l’appel de Daoukro et à la candidature unique du chef de l’Etat à l’élection présidentielle à venir, au titre de l’alliance politique du RHDP.
Vous accéderiez, ainsi, à la demande formelle exprimée par le Président de la République au Président du MFA et à sa délégation de cadres du parti lors de la rencontre du 11 février 2015 au palais présidentiel, le chef de l’Etat ayant relevé que de tous les partis membres du RHDP (PDCI, RDR, UDPCI, UPCI, et le MFA), notre parti restait le dernier à n’avoir pas encore publiquement déclaré son soutien à sa candidature unique.
De toute évidence, alors que les échanges ont présentement cours entre des proches du Chef de l’Etat et la Direction de votre parti, pour que les « réglages » particuliers attendus par le MFA au regard de ce qu’il est le seul parti de l’alliance à n’avoir été en rien associé au pouvoir Ouattara depuis quatre ans – ce qui a été ouvertement exprimé par le SG du MFA dans son allocution lors de cette rencontre et dont le Président Ouattara a publiquement convenu – vous les élus du MFA, estimez plus avisé et judicieux de brûler les étapes en faisant immédiatement allégeance au chef de l’Etat, comme pour vous démarquer de la position du Président de votre parti qui appelle à la prudence, à la patience, et au discernement par rapport à l’expérience d’hier.
Nous ne vous ferons pas l’injure de nous laisser effleurer par l’idée que votre initiative est commanditée par ceux qui en sont les bénéficiaires évidents, peut être contre promesses vous concernant ; Nous préférerons donc retenir que vous agissez de toute bonne foi, soucieux de ménager ou assurer les intérêts de votre parti, le MFA.
A ce niveau, étant donné que nos soucis de motivation se rejoignent, nous allons ensemble communiquer et partager avec les autres cadres du parti et nos militants, en faisant ressortir un petit nombre d’évidences :
le MFA a été l’un des membres fondateurs du RHDP dont il a signé la charte constitutive le 18 mars 2005 à Paris. Il a été présent et actif dans la longue lutte de l’opposition du RHDP entre 2005 et 2010, et les militants et cadres ont eu à endurer leur part de la répression qui sévissait impitoyablement à l’époque.
Le MFA a été présent à l’hôtel du golf lors de la crise post électorale et il était en droit d’attendre à l’installation du nouveau pouvoir RHDP, d’être associé au pouvoir d’Etat à tous les niveaux.
Aujourd’hui vous savez bien qu’il n’en a rien été, de 2011 à 2015, sans aucune explication. Il y a donc entre le pouvoir Ouattara et le MFA un problème qui ne relève pas de la sphère politique, mais de celle, toute simple, de l’éthique, de la correction et du respect minimal des engagements pris. Si le PDCI a parlé de «réglages» par rapport à ses frustrations quant au degré d’association de ses cadres à la gouvernance, en ce qui concerne le MFA, c’est le terme de «réparation» qui s’impose, car ses partenaires n’ont pas tenu leurs engagements vis à vis de lui ; et cela dure depuis quatre ans en dépit des multiples assurances gênées de Ouattara et Bédié lors des rencontres auxquelles vous-mêmes, vous avez souvent assisté. Le MFA n’est donc pas en tort et n’a pas à culpabiliser, jusqu’à ce qu’il lui soit prouvé qu’il a failli à ses obligations au plus fort de la lutte ! Vous, les élus et cadres, devez en être conscients, bien avant et bien plus que les militants de base !
De manière claire, le Président Ouattara doit d’abord mettre les pendules à l’heure, ce qui aurait dû être fait début 2011. C’est le prélude à un retour à l’esprit de la coopération de 2005 à 2010. Par ailleurs, si cela est bien compris et « réparé », il convient de se rappeler que nous sommes en politique, et que le MFA est un parti politique.
Pour un parti politique, s’engager à s’aligner derrière le candidat d’un autre parti à la présidentielle, moment le plus fort de la vie des partis et des nations tous les cinq ans, est une décision lourde, qui ne saurait relever de considérations affectives ou émotionnelles, ou être liée à la recherche de nominations pour les cadres ou d’autres avantages matériels.
Le MFA se doit donc d’abord de se référer au programme commun de gouvernement, adopté par l’alliance RHDP, en 2010, et faire le bilan de son exécution par le gouvernement. Il y trouvera des points positifs et d’autres négatifs, et il est évident qu’un parti ne peut s’engager vers quelqu’un, quel que soit son potentiel et quelles que soient ses réalisations, qu’au terme d’une négociation où il doit faire connaître ses positions et exprimer ses attentes quand à ce qu’il a proposé lui-même pour le pays et ses populations.
Ceci ne saurait être engagé que si les comités de base et les sections, consultés, acceptaient que leur parti renonce à avoir son propre candidat, ce pour quoi il travaille à longueur d’année car un parti ne va pas à une présidentielle uniquement parce qu’il est sûr de l’emporter, mais d’abord et avant tout pour faire entendre sa voix sur la conduite des affaires du pays, et surtout à ses propositions pour un mieux être général de la nation.
Vous voyez donc, chers élus, qu’il y a encore du travail à faire ! Mais nous allons vous suivre dans votre démarche de bonne volonté en envoyant dès ce jour des missions sur toute l’étendue du territoire national pour expliquer tout ce qui précède et qui vient de vous être dit, et pour que tous les militants du MFA soient dûment informés de la ligne suivie par le Président, le Secrétariat Général et le Bureau politique par rapport aux élections de 2015. Ces missions, après avoir exposé, auront surtout à cœur de recueillir les avis des militants et des délégations sur les élections de 2015 et le rôle qu’ils entendent y jouer suite aux résolutions du 2è congrès ordinaire du MFA qui les a mis en mission d’implanter sans relâche sur le terrain pour avoir un MFA fort pour les élections de 2015. Tâche à laquelle ils se sont à ce jour adonnés avec conviction et abnégation.
Nous avons déjà une rentrée politique prévue le 15 mars 2015, avant notre convention prévue en avril 2015.
Au final, camarades élus du MFA, il n’y a pour l’heure aucunement péril en la demeure ! Si notre parti le MFA, a pu résister aux turbulences de 2010 à 2015, continuons d’avoir foi en lui et de nous mobiliser pour les élections générales à venir, le plus important pour nous étant de bien réussir les élections générales pour obtenir un groupe parlementaire, le maximum de maires et de présidents de région.
Vive le MFA
Salutations militantes
KOBENA I. ANAKY
Président du MFA
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