Pascal Affi N’guessan : le cynisme exultant d’un «fils» irrévérencieux qui veut maintenant voir son « père » après l’avoir humilié.
Par Ben Zahui-Degbou
Le quotidien Notre Voie du 2 février 2015 titrait à sa Une : « Après la levée des sanctions par l’ONU, Affi N’Guessan : Bientôt je vais voir Gbagbo à la Haye ». Ce journal dont on connait parfaitement l’histoire de création, est devenu aujourd’hui, injustement, le défenseur d’Affi N’Guessan contre Laurent Gbagbo. Sa Une du 2 février dernier, montre bien, le cynisme du président en sursis du Front Populaire Ivoirien (FPI). Un cynisme exultant dans lequel il s’épanouit en ce moment avec une perfidie anciennement secrète. Selon le dictionnaire Larousse, « le cynique est une personne qui avoue avec insolence, et en la considérant comme naturelle, une conduite contraire aux conventions sociales, aux règles morales ». Pascal Affi N’Guessan est devenu le cynisme personnifié.
En déclarant sans vergogne qu’il va aller voir Laurent Gbagbo en prison à la Haye, il oublie expressément que ces derniers temps, il a posé des actes répétés et incompréhensibles de défiance vis-à-vis du célèbre prisonnier de la Haye. Le président en sursis du FPI s’est tout permis avec la complicité de la justice ivoirienne. Il a fait suspendre le congrès du Front Populaire Ivoirien. Contre toute attente, il a fait invalider la candidature du Woody de Mama à la présidence de son propre parti. Affi a même osé mettre en cause la sincérité et l’honnêteté de Laurent Gbagbo. D’après lui, il a dépensé trois millions de F. CFA (3 000 000) pour expertiser sa signature sur sa lettre de candidature à la présidence du FPI. Un simple coup de fil téléphonique à la Haye, aurait certainement réglé le problème. Il ne pouvait faire cette démarche.
Affi avait « enterré » son ancien mentor dans des envolées oratoires dignes d’oraison funèbre, pendant ses tournées à l’intérieur du pays. Il avait coupé tout lien avec Laurent Gbagbo en claire, il avait tourné la page Gbagbo. Le président en sursis du Front Populaire Ivoirien a surestimé sa force et son pouvoir appuyé financièrement par Ouattara. C’est la nature humaine. On se permet tout contre celui qu’on considère comme faible. Laurent Gbagbo dans sa situation actuelle, a été considéré comme tel. Affi N’Guessan, Alassane Dramane Ouattara et leurs soutiens occidentaux ont oublié que le Woody de Mama, a encore des compagnons de luttes incorruptibles, des amis politiques loyaux, des partisans irréductibles et des Ivoiriens patriotes déterminés.
Pour que Pascal Affi N’Guessan aille voir Laurent Gbagbo à la Haye, il y a deux conditions. Première condition : il faut que le célèbre prisonnier de la Haye accepte de le recevoir. Deuxième condition : il faut que tous ses partisans et patriotes qui battent le pavé tous les weekends à Paris, à la Haye et dans plusieurs capitales européennes, acceptent que leur leader reçoive son « fils » irrévérencieux. Admettons même que Laurent Gbagbo, homme politique averti, homme politique de premier rang, accepte de recevoir Affi. Avec tout le respect et la considération qu’ils doivent à leur leader, Il se murmure ici à Paris, dans les milieux des militants du FPI et des patriotes ivoiriens, que ces derniers, utiliseront tous les moyens à leur disposition, pour empêcher la venue d’Affi à la prison de la CPI. Ils déclarent en cœur que les choses ne peuvent plus être comme avant. Et ils ont parfaitement raison. Pascal Affi N’Guessan Affi a poussé trop loin le bouchon.
Il continue encore, d’ailleurs, de défier maladroitement les organes dirigeants du parti qu’il prétend diriger en nommant en l’emporte-pièce des membres du secrétariat national en remplacement de ceux qui soutiennent la candidature de Laurent Gbagbo. Conformément aux dispositions des statuts et règlement intérieur du FPI, Affi devait convoquer et présider, certainement pour la dernière fois, un comité central extraordinaire le 7 mars prochain. Ceci à la demande des 2/3 des membres du comité central de son parti qui, de toutes les façons ont décidé de le destituer dans les règles de l’art. Il a lui-même créé les conditions de sa propre chute et c’est dommage. Le natif de Bongouanou, a fait son choix, celui de travailler contre les intérêts de son pays.
Pascal Affi N’Guessan est rentré dans le cercle vieillissant des dirigeants africains comme les Ouattara, Bédié et consort qui perpétuent encore le système colonial en Côte D’Ivoire et en Afrique. Il faut dire que depuis la fin de la colonisation en 1960, presque tous les pays africains francophones, sont encore dirigés par une élite affairiste, sans vision politique réelle, en dehors de la défense des intérêts de leurs maitres occidentaux des anciennes puissances coloniales. Cette élite, qui s’est substituée aux anciens colonisateurs, est incapable d’ambition souverainiste de développement. Elle s’enrichie davantage chaque jour, au détriment du peuple dont elle prétend défendre les intérêts. Laurent Gbagbo a voulu sortir son pays du système colonial. C’est justement ça qui lui vaut d’être en prison aujourd’hui. Cet objectif noble et légitime est un passage obligé pour arriver à un développement réel de l’Afrique. Il est largement partagé par une nouvelle classe d’Ivoiriens et d’Africains qui, de toutes les façons, auront la victoire finale. C’est une question de temps.
BEN ZAHOUI-DEGBOU
Géographe, Journaliste Spécialiste de Géopolitique et de
Médiation Institutionnelle. Ancien Directeur de TV2 / RTI
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