Côte d’Ivoire – La FIDHOP prévient contre un coup-d’état constitutionnel un hold-up électoral de Ouattara en 2015
1/ DES FAITS CONFIRMANT LE COMPLOT CONTRE LE PEUPLE :
C’est au mois d’avril 2013, dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique », (hebdomadaire dans lequel il serait d’ailleurs un des actionnaires majoritaires), que M. Alassane Dramane OUATTARA, nouvellement investi Chef de l’Etat de la République de Côte d’Ivoire, annonça qu’il serait candidat à sa propre succession à la tête de ce pays, en 2015.
Aussitôt après cette annonce, la Fondation Ivoirienne pour l’observation et la surveillance des Droits de l’Homme et de la vie Politique (FIDHOP), adressa une Lettre ouverte au Conseil Constitutionnel, fraichement recomposé, avec comme président, le Prof. Francis Wangah WODIE, qui a été nommé au mépris de la Constitution de la Côte d’Ivoire, puisque le mandat de son prédécesseur, le Prof. Paul YAO-N’DRE, n’était pas encore venu à son terme, comme le prévoit la loi fondamentale.
Dans cette Lettre ouverte, la FIDHOP demandait aux nouveaux membres de ce Conseil, quoique presqu’entièrement proche de l’actuel Chef de l’Etat, de se conformer très strictement à l’Article 35 de la Constitution du 1er août 2000, en ce qui concerne la validation de toutes les candidatures à la présidence de la République.
Toutefois, dans un souci de paix et de réconciliation nationale, indispensables à une Côte d’Ivoire qui se veut émergente en 2020, la FIDHOP avait également proposé au Conseil Constitutionnel de soumettre au plus vite la modification de l’Article 35 au référendum, telle que le prévoit la Constitution, afin de permettre la candidature de M. OUATTARA ; de sorte à ne plus avoir recours à l’Article 48, comme le fit le Président Laurent GBAGBO en 2010. Ou alors, d’organiser une Table-ronde nationale, au niveau de la classe politique et de la société civile, une sorte d’Accord de Marcoussis à l’ivoirienne, devant permettre le règlement de cette question par consensus. En retour, le régime Ouattara devait libérer tous les prisonniers politiques, arrêter les poursuites et la chasse aux « pro-Gbagbo » et faciliter le retour sécurisé de tous les exilés de la crise postélectorale de 2010.
Quelques semaines après cette adresse, plutôt que de suivre les justes propositions de la FIDHOP, le Chef de l’Etat OUATTARA préféra le passage en force, comme à son habitude, chaque fois qu’il se trouve confronté à des blocages constitutionnels. Il saisit alors le Conseil Constitutionnel par écrit, en lui demandant l’autorisation de faire modifier l’Article 35 devant le Parlement, plutôt que devant le Peuple souverain. A cette requête, le président de cette institution lui répondit que seul le référendum peut modifier l’Article 35 de la Constitution ivoirienne.
Cependant, se moquant de cet avis du Conseil, le régime Ouattara persistera dans son aventure suicidaire, en se préparant à réviser cet article gênant, devant le parlement, qui est totalement acquis à sa cause, en motivant un amendement qui devrait être introduit par un certain M. Zadi DOMENE, se disant Député de Fresco.
Ainsi, dans cette logique de violation de la loi fondamentale ivoirienne, nous apprenons la démission du Prof. Francis WODIE de son poste de président du Conseil Constitutionnel, le 2 février 2015, et son remplacement par M. Koné MAMADOU, le lendemain.
Pour la FIDHOP, ce changement brusque à la tête de cette institution hautement stratégique, à quelques mois de la présidentielle annoncée en cette année 2015, appelle les conclusions ci-après.
2/ LES CONCLUSIONS A TIRER DU CHANGEMENT A LA TETE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL :
• La démission du Prof. Francis WODIE, qui a été sans doute gagné par un ultime sursaut patriotique, témoigne de ce que M. Alassane D. OUATTARA et son régime, soutenu par ses alliés du RHDP, préparent, bien méthodiquement, un grand complot juridico-politique contre le peuple de Côte ‘Ivoire.
• Le remplacement du démissionnaire par M. Koné MAMADOU, ce haut magistrat, membre du RDR de M. OUATTARA et ex-ministre de la Justice et des Droits de l’Homme pour le compte des ex-Forces nouvelles, dans les précédents gouvernements-Soro, est un message clair de la non-transparence et du manque d’équité qui caractériseront les prochaines élections en Côte d’Ivoire.
Ce nouveau président du Conseil Constitutionnel vient ainsi rejoindre celui de la Commission électorale indépendante, M. Youssouf BAKAYOKO, pour offrir ensemble la victoire à la prochaine présidentielle au Chef de l’Etat actuel.
Ceci constitue un acte juridico-politique grave, qui mérite l’appel suivant.
3/ L’APPEL DE LA FIDHOP :
• Aux Chef de l’Etat Alassane D. OUATTARA et à ses alliés du RHDP :
La FIDHOP vous somme de ne point toucher à la Constitution ivoirienne !
Toutefois, si vous teniez tant à modifier l’Article 35, preuve irréfutable que M. OUATTARA est effectivement inéligible, la FIDHOP exige que cette modification soit absolument soumise au référendum, comme l’exige la Constitution.
Et en cas d’organisation de ce référendum, la FIDHOP exigerait en outre que toutes les conditions en soient préalablement réunies ; ce qui est très loin d’être le cas présentement.
• Aux différents candidats déclarés à la future présidentielle en CI :
La FIDHOP vous invite, Mmes et Mrs les candidats, à exiger du Conseil Constitutionnel, la non-modification de l’Article 35 de la Constitution devant le Parlement, mais plutôt, son application stricte s’agissant de l’analyse équitable des candidatures de chacune et de chacun de vous.
• Au Peuple souverain de Côte d’Ivoire :
La FIDHOP invite le Peuple souverain de Côte d’Ivoire à revendiquer et à reprendre en main son pouvoir, son droit démocratique, et à assumer la souveraineté de sa Nation.
Face à ce coup d’Etat constitutionnel et à cet autre hold-up électoral, après ceux de 2010, Toi Peuple souverain de Côte d’Ivoire, tu dois te lever pour dire NON ! et défendre ta Partie : c’est un devoir patriotique qui s’impose à chacune et à chacun de nous, devant l’Histoire !
• A la Communauté internationale :
Devant les précieux efforts de l’Afrique dans son processus de démocratisation, au prix du sang des Africaines et des Africains, il vous revient, à vous, membres de la Communauté internationale, notamment des nations modernes, dites de civilisation achevée et se ventant de défendre la Démocratie ou de protéger les Droits de l’Homme, de soutenir les Peuples africains.
Ainsi, devant l’exemplarité démontrée du peuple burkinabé, en fin d’année 2014 et avec la récente et magnifique résistance du peuple de la RDC, le peuple de Côte d’Ivoire vous observe à son tour ; et après lui, plusieurs autres peuples du continent noir s’apprêtent aussi à arracher leur liberté face à leurs bourreaux et dictateurs de présidents.
Car, avec ou sans vous, l’Afrique et les Africains ont décidé d’assumer leur destin devant l’Histoire !
Fait à Paris, le 5 février 2015
Dr BOGA S. GERVAIS
Président-Fondateur de la FIDHOP
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