Le début de procès en cascade
9 ans après le scandale des déchets toxiques en Côte d’Ivoire, l’ombre des victimes réclame indemnisation. Pour elles, « la Côte d’Ivoire ne doit pas servir de poubelle aux hommes d’affaires sans foi, ni loi, » comme l’a de tout temps soutenu l’expert des affaires maritime le Colonel Tibé Bi Balo.
D’ailleurs en juin 2014, l’ex-Directeur général des Affaires maritimes et portuaires (Dgamp), l’une des grosses victimes du scandale des déchets toxiques, adressait un courriel au Dg de Trafigura, Claude Dauphin, l’informant de ce qu’il engagerait une action en justice contre sa société « pour dommage et intérêt« .
En effet, le Colonel Tibé Bi Balo occupait jusqu’au 4 août 2006, les fonctions de DG des Affaires Maritimes et Portuaires au sein du ministère des Transports en Côte d’Ivoire. Et son limogeage s’est opéré dans des conditions bizarres avec utilisation excessive et déraisonnée des forces de l’ordre sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt, même pour l’écouter.
C’est dans ces conditions floues que, deux semaines après, soit le 19 aout 2006, le Probo Koala accostait au Port autonome d’Abidjan pour déverser son contenu toxique. Il fallait dégager l’expert des Affaires maritimes, le Colonel Tibé Bi Balo par tous les moyens avant l’arrivée de ce navire pollueur. « Toute autre raison n’est que pur divertissement, » soutient son entourage.
Comment le colonel Tibé Bi Balou a assigné Trafigura devant les tribunaux ivoiriens
Pour avoir séjourné à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca) suite à cette sombre affaire, lui et Claude Dauphin, ainsi que d’autres personnes, bien entendu, par souci de solidarité, il a laissé une marge de temps de réflexion au DG de Trafigura mais, jusque-là, aucun compromis n’a été trouvé.
Pis, Claude Dauphin transformera son rêve en des souvenirs douloureux et humiliants. Conséquence, le Colonel Tibé Bi Balo n’a pas eu la même chance que le Dg de Trafigura. Comme il fallait s’y attendre, la procédure judiciaire de ce dernier a continué pour aboutir à un procès en Cour d’Assises en 2009, à Abidjan.
TIBE BI
Laquelle Cour a prononcé son acquittement, pour absence de preuves de son implication dans ce drame. Mais, il perdra son poste et n’aura aucun point de chute. Le 18 décembre 2014, le colonel Tibé Bi Balo assigne effectivement la société Trafigura devant les tribunaux ivoiriens et réclament 300 milliards Fcfa de « dommage et intérêt » soit 457.351.932 Euros, environ 460 millions d’Euros.
A la première comparution, l’affaire est renvoyée au 28 janvier 2015, « pour communication des pièces et conclusion« . Le conseil de la société Trafigura, l’avocat à la Cour, ancien avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire Me Karim Fadiga n’ayant rien rédigé, selon des sources proches du tribunal. Le président du tribunal, Hamed Coulibaly (Ndlr : fils de feu Lanzeni Namogo Poto Coulibaly magistrat hors hiérarchie, ancien ambassadeur, ancien ministre d’Etat, ancien ministre de la Santé, ancien ministre de la Justice, ancien président de la Cour Suprême) a rejeté l’audience au 26 février 2015.
La justice joue sa crédibilité
Tous les regards restent braqués sur la justice ivoirienne critiquée à tort ou à raison dans le scandale des déchets toxiques. C’est l’occasion pour elle (justice) de jouer sa crédibilité d’autant que selon le confrère panafricain, « Jeune Afrique » en date du 21 février 2015, un groupe de 100 mille victimes dont la plainte avait été jugée irrecevable en son temps par la justice hollandaise vient d’avoir gain de cause.
« L’assignation a d’ores et déjà été envoyée à Trafigura, qui l’a reçu le 16 février, et la plainte sera envoyée au tribunal d’Amsterdam le 2 mars, » a assuré à l’Afp Mathieu Cencig, un des avocats des plaignants. Outre l’achèvement des travaux de dépollution, les 110.937 plaignants réclament selon le confrère des indemnisations de 2.500 euros par victime, soit une somme totale de près de 280 millions d’euros (165 milliards FCFA).
Sans le savoir, l’expert des affaires maritimes, le colonel Tibé Bi Balo aurait-il ouvert la boîte aux pandores en assignant Trafigura en justice en Côte d’Ivoire ? En tout état de cause, son courage et sa ténacité à aller jusqu’au bout du scandale des déchets toxiques donnent raison aux victimes.
Trafigura, dans de sales draps
Tous les jours pour le voleur, seulement un seul jour suffit pour le propriétaire dit l’adage. On peut l’affirmer tout net. La société Trafigura est en train de passer des moments sombres de son histoire. L’on se rend compte qu’il y a eu du faux sur toute la chaine depuis, les conditions d’arrivée du navire Probo-Koala en Côte d’Ivoire. Son accostage au quai pétrolier, les différentes déclarations des autorités portuaires et des responsables de Trafigura dont Kablan N’ZI représentant Puma Energie.
Tous ont fait du faux jusqu’au départ précipité du bateau pollueur dans des conditions encore non élucidées par les responsables du Port autonome d’Abidjan (PAA). En réalité Tranfigura s’est livrée à une véritable arnaque. Par ailleurs, que s’est-il passé pour qu’un problème de vie ou de morts des compatriotes du Président Alassane Ouattara ne fasse pas une priorité pour lui ? Quand on sait qu’il avait promis aux victimes des déchets toxiques au cours de sa campagne de tout mettre en œuvre afin qu’elles soient indemnisées.
DECHETS TOXIQUES
Est-ce parce qu’Alassane Ouattara en sa qualité d’économiste bien introduit dans les milieux financiers attend-il le moment opportun pour frapper ? On attend de voir dans la mesure où la Banque Accès Finances par laquelle les fonds destinés aux victimes des déchets toxiques transitaient a subitement changé de nom, pour devenir Afriland First Bank.
Le président du Renavidet-ci (Réseau national des victimes des déchets toxiques de Côte d’Ivoire) Charles Koffi Hannon qui n’est trempé dans aucune magouille pourra-t-il avoir gain de cause et avoir l’argent des victimes pour leurs indemnisations de façon claire, juste et transparente ? C’est ici que la justice ivoirienne au regard de tout ce qui précède doit jouer sa crédibilité en faisant mentir ceux qui affirment qu’elle ne donne pas raison à ceux qui doivent avoir raison.
Sériba Koné
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