Le Burkina de l’après Compaoré secoué par l’affaire du Régiment de sécurité présidentiel (papier d’angle)

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Par Jacob Djossou

Encore sous le coup de la crise née de la démission de Blaise Compaoré, le Burkina est à nouveau secoué par l’affaire du régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d’élite de l’armée créée par l’ex-président et dont des organisations de la société civile et des partis politiques exigent sa dissolution.
Une manif contre le RSP, à Ouaga

Tout commence à l’origine (fin décembre 2014) comme un simple mouvement d’humeur de ce corps d’élite créé en 1996 par Blaise Compaoré, pour réclamer des primes, soit 20.000 FCFA/personne. Un montant que les soldats du RSP, près de 2.000 éléments, percevaient chaque fin d’année sous l’ère Compaoré.

Deux mois après, le vent de la contestation s’est transformé en une affaire politique et sociale, au point où des organisations de la société civile ont organisé samedi à Ouaga, à la place de la Nation, au centre-ville, un grand rassemblement pour demander la “dissolution pure et simple“ de cette garde présidentielle.

“Le RSP est une menace pour notre pays. Nous exigeons la dissolution pure et simple du RSP”, sont entre autres phrases que l’on pouvait lire sur des pancartes et banderoles des manifestants.

Pour le Dr Seydou Ouédraogo, membre de l’institut de recherche en économie Free-Afrik, l’attitude des officiers du RSP constitue “un chantage fait” au peuple. “On veut nous prendre en otage et nous imposer une démocratie surveillée par quelques militaires. Ce régiment devrait être dissout“, a-t-il martelé.

Des partis politiques s’en mêlent…

Vendredi, des formations de l’ex-opposition burkinabè dont l’Union pour la renaissance des partis Sankaristes (UNIR-PS), le Parti pour la démocratie et le socialisme/Parti des Bâtisseurs (PDS/Metba), l’Union pour le progrès et le changement (UPC), ont affiché leur soutien à la coalition des 19 organisations de la société civile ayant manifesté contre le RSP.

Zephirin Diabré, ex-leader de l’opposition burkinabè et président de l’UPC, a prévenu que le peuple ne laissera pas “les acquis obtenus les 30 et 31 octobre 2014 (insurrection populaire) être pris en otage par qui que ce soit”.

M. Diabré estime que “l’armée est une composante importante pour notre pays et pour qu’(elle) soit opérationnelle, il faut qu’il y ait consensus”.

Lundi, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti de l’ex-président Blaise Compaoré) a démenti toute implication dans les remous au sein du RSP, suite à des accusations portées à l’encontre de l’ex-majorité, qui manipulerait des officiers de la garde présidentielle.

Le parti de l’ex-président déplore le fait que “la récente crise (…) a servi de prétexte aux partisans divers de réclamer la dissolution du CDP et l’inéligibilité des dirigeants de l’ancienne majorité politique pour les prochaines élections présidentielles, législatives et municipales”.

Bras de fer entre le RSP et le Premier-ministre Zida

Les militaires du RSP exigent que le Premier ministre de la transition, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, numéro deux du même corps d’élite, traite avec diligence toutes leurs préoccupations liées aux “questions de redéploiement, d’affectation et autres revendications”.

Le 23 novembre 2014, dès la formation de son gouvernement, le Premier ministre Zida avait affirmé que la garde présidentielle allait être démantelée.

Dix jours après, le traditionnel conseil des ministres a été empêché par des éléments du RSP qui exigeaient la démission du Premier ministre et de tous les autres militaires du gouvernement de transition.

Vers un consensus…

Vendredi, des officiers du RSP ont rassuré les populations qu’ils n’étaient pas “en marge de la transition” à l’issue d’une rencontre des chefs militaires dont le général Diendéré, numéro un du RSP avec le président Michel Kafando.

Le Régiment de sécurité présidentiel dit être engagé pour une issue “heureuse du processus et du calendrier de la transition qui permettra de mettre en place un pouvoir légitime” issu des élections couplées présidentielles/législatives le 11 octobre 2015.

Le président Kafando a annoncé la création d’une commission chargée de réfléchir sur la question du RSP.

JAD

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