Les opposants ivoiriens ont-ils compris le message de Gbagbo ?
PRAO Yao Séraphin
«Comment pouvons-nous nous attendre à voir les hommes accepter des conseils, alors qu’ils n’acceptent même pas les avertissements?»
(Jonathan Swift)
Le passé est le meilleur conseiller, on le dit souvent mais on s’en souvient très peu. Les élections de 2010 ont constitué pour le pays, un cauchemar sans précédent. Les causes, tout le monde les connait : l’absence de désarmement, un fichier électoral peu consensuel, une commission électorale indépendante partisane. Pour les élections futures, les Ivoiriens n’ont pas droit à l’erreur. Dans ce sens, le Président Gbagbo a adressé un message clair à la classe politique. Mais cette dernière ne semble rien comprendre. A travers ces lignes, nous rappelons les points saillants du message du Président Gbagbo.
Le message de Laurent Gbagbo aux démocrates ivoiriens
On dit souvent que l’erreur est humaine mais admettre ses erreurs est surhumain. Le Président Laurent Gbagbo est un homme politique courageux. Il a reconnu ses erreurs lors de la gestion de la crise orchestrée par Soro Guillaume. Dans son dernier livre (pour la vérité et la justice) il dit ceci : « J’ai commis deux erreurs: aller aux élections sans que le désarmement promis par les rebelles ait été effectué, et avoir cédé la majorité à l’opposition dans la composition de la CEI. Mes partisans me l’ont reproché ». C’est un message fort que le Président Gbagbo donne aux Ivoiriens surtout aux opposants actuels pour qu’ils exigent les conditions de transparence pour les futures élections.
Le comportement passif des opposants ivoiriens
Les opposants ivoiriens donnent l’impression d’accompagner le Président Ouattara dans sa dictature. D’abord, ils n’ont rien dit sur la composition de la Commission Electorale Indépendante. En effet, la loi donc sur la nouvelle CEI adoptée par le parlement monocolore a été promulguée par le Président Ouattara. Le conseil constitutionnel a rendu sa décision sur la constitutionalité de la loi qui a été prise. Sans surprise, dans une phraséologie qu’on reconnait aux juristes, le Professeur Wodié n’a pas suivi les quelques 29 députés qui s’opposaient à cette loi. Cette CEI essentiellement composée des proches du Président Ouattara n’a pas été fortement combattu.
Ensuite, la question du désarmement n’est pas encore réglée. Les rebelles d’hier ont gardé les armes dans leurs maisons dans l’attente de les utiliser certainement lors des prochaines élections. La problématique des ex-combattants « Dozo » continue de capter l’attention en Côte d’Ivoire où des mesures visant ces chasseurs traditionnels et anciens combattants de la crise armée ne sont pas bien prises. Plus d’une fois, ces ex-combattants ont été au centre de critiques parfois virulentes, les accusant de violences. Ces critiques ont été exacerbées par des accrochages parfois meurtriers enregistrés entre Dozo et forces de sécurité ivoiriennes. Déjà en 1998, 44.000 Dozos étaient recensés en Côte d’Ivoire. Plus de 10 ans après, on imagine que leur nombre est de plus en plus important.
Ensuite le cas des nouveaux naturalisés doit être réglé avant les élections. Si l’on respecte la constitution alors ils ne pourront pas voter avant les cinq années à venir. Mais comme dans ce pays, les choses ne sont plus normales, les Ivoiriens ont au moins le droit à l’information. Si ces nouveaux naturalisés doivent voter alors pourquoi empêcher les nouveaux majeurs de voter également ? Il y a d’énormes questions à régler avant d’aller aux prochaines élections si tant est que les autorités ivoiriennes ont le souci d’éviter le pire à notre pays. Dans cette sorte d’immobilisme, ce sont les opposants qui sont fautifs à cause de leur passivité et de leur connivence avec le pouvoir actuel.
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