88 Mds Fcfa ont été « validés » par l’Etat sur 300 Mds selon le Syndicat des fournisseurs.
Par Alain Tra Bi
Le gouvernement ivoirien a « validé » 88 milliards Fcfa de dettes intérieures sur 300 milliards de créances publiques de 2000 à 2010, selon le président du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat de Côte d’Ivoire (SYNAFECI), Faustin Gré, qui demande une publication de la liste des bénéficiaires en vue d’éventuelles réclamations, dans un entretien à Alerte info.
Pourquoi l’Etat ivoirien reconnait-il 88 milliards de FCFA sur l’ensemble de vos créances ?
C’était plus de 300 milliards de dettes qui concernent les factures de 2000 à 2010 auditées par l’inspection des finances depuis 2012 et au sortir de cet audit nous avons appris que 88 milliards ont été validés.
Il y a 212 milliards qui ont été rejetés, nous avons donc demandé que les listes soient affichées ou qu’on écrive officiellement à ceux dont les factures ont été validées et à ceux dont les factures ont été invalidées pour d’éventuelles réclamations, ce qui n’a pas encore été fait.
Mais, ce que nous demandons, c’est le paiement immédiat des 88 milliards vue la situation catastrophique des fournisseurs.
Qu’est-ce qui explique réellement le non-paiement de vos factures ?
Ce que le SYNAFECI peut dire, c’est qu’il y a des choses qui dépassent l’entendement humain. Certains agents du trésor nous poussent à bout, c’est-à-dire qu’ils nous poussent à leur donner 40% du montant de la facture avant d’être payés.
A cause de la situation difficile que vivent les fournisseurs, certains sont obligés de l’accepter mais pas de bon gré, sinon la majorité refuse.
Vous parlez des abus de certains agents qui réclament 40% sur des factures des fournisseurs de l’Etat, ne sont-ils pas identifiés et pourquoi ne les dénoncez-vous pas ?
Nous les connaissons et nous sommes prêts à les dénoncer auprès des services du président de la République ou du Premier ministre, surtout à cause des menaces de mort à l’endroit des fournisseurs de l’Etat et même des membres du syndicat qui s’opposent à ces pratiques.
C’est aux autorités de sanctionner ces agents du trésor parce qu’ils font du tort aux fournisseurs et aux dirigeants qu’ils sont.
Envisagez-vous des mouvements afin d’entrer en possession de vos dus ?
Nous, nous interpellons toujours le gouvernement afin qu’il fasse en sorte que les agents en charge du paiement le fasse. C’est-à-dire qu’ils respectent les 90 jours de délai. Le 13 janvier 2015, nous avions envoyé un courrier au Premier ministre pour une audience mais nous n’avons pas encore de retour.
Nous ne doutons pas que le Premier ministre nous reçoive avant la fin de ce mois, ou dans un bref délai, ce qui n’est pas un ultimatum.
La lutte n’est-elle pas perdue, vu que vous avez été expulsés de votre siège ?
Les fournisseurs n’ont pas de moyens aujourd’hui car les agents payeurs les ont mis dans une pauvreté extrême. Nous avons vu l’acte désespéré de celle qui s’est immolée.
C’est pour cela que nous lançons un appel à tous les fournisseurs, de faire des efforts supplémentaires et à toutes les personnes de bonne volonté pour retrouver notre siège et continuer la lutte et soutenir l’économie ivoirienne, ce que nous faisons à 60%, toutefois le syndicat ne faiblit pas.
C’est cela la situation des fournisseurs, celle des gens acculés, qui ne peuvent plus manger, qui ne peuvent plus scolariser leurs enfants, qui ont été chassés des maisons, qui ont eu leurs biens vendus, qui n’ont plu rien.
Quelle a été la réaction de votre syndicat quand Mandjara Ouattara, une femme d’Affaires et membre de votre organisation, s’est immolée pour factures impayées ?
Le geste en lui-même nous a attristé et interpellé et a interpellé tout le monde. Nous avons demandé aux fournisseurs d’éviter ces genres d’actes car la lutte débutée en 2008 paiera un jour.
ATB
Alerte info
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