ÉCOUTEZ, ARRÊTEZ SVP les vidéos d’injures entre ivoiriennes et guinéennes car ça commence à aller trop loin. Ce n’est pas un beau spectacle à voir et l’Afrique n’a pas besoin de ça. Si ça continue, ça risque de dégénérer et il faut éviter d’en arriver là. Africains, nous sommes TOUS des frères et dans le même bateau. Je vous raconte une petite histoire que j’ai vécue.
Une fois à la veille d’un voyage en Décembre 97 ou 98, je me préparais à aller faire les fêtes de fin d’année à Abidjan. Pendant que je faisais mes dernières courses à San Francisco, j’ai été abordé dans la rue, juste devant le consulat de France, par un couple africain avec un bébé. Ils n’avaient plus d’argent et on devait les vider de leur chambre d’hôtel le même jour. Monsieur était burkinabé et madame métisse franco-togolaise.
Les deux n’ont jamais vécu en CI, ils en avaient juste entendu parler comme tous les africains et ils y avaient des amis. Quand ils ont su que j’étais ivoirien, ils ne m’ont plus lâché d’un pouce. Le monsieur me dit « Burkina-Côte d’Ivoire, c’est la même chose, nous sommes des frères, alors je dois l’aider, je ne peux pas le laisser dans le froid avec sa femme et sa fille ». Alors monsieur m’a accompagné faire toutes mes courses, puis nous sommes allés chercher leurs affaires à l’hôtel.
Moi je devais aller à Abidjan 2 ou 3 jours après, j’ai dû donc faire beaucoup de courses rapidement, des stocks de nourriture pour eux, j’ai rempli frigo et congélateur. Nous sommes même allés à la ferme en dehors de la ville, j’ai acheté un mouton qu’ils ont tué et découpé en morceaux pour nous, on est revenu mettre ça au congélateur pour eux, etc. Enfin bref. Je leur ai laissé ma maison et avant de partir j’ai donné de l’argent à monsieur pour les imprévus et l’argent à madame pour les couches, le lait et les besoins du bébé. Et je suis parti. Je crois que je suis resté à Abidjan pendant presque trois mois lors de ce voyage car j’avais des choses à y régler. Ils sont restés et ont vécu presqu’un an chez moi.
Je suis heureux et fier d’avoir été là et d’avoir pu aider un couple africain dans le besoin et dans la détresse. En effet, ils ont eu ÉNORMÉMENT de chance car on ne rencontre pas un africain facilement à San Francisco comme à New York ou Maryland. Les africains habitent presque tous de l’autre côté de la ville après le pont. Moi-même j’étais venu au magasin de Alden qui est juste à proximité du consulat français pour acheter des chaussures et aller « faroter » au bled. Et ils sont tombés sur moi.
Mais je vous dis tout de suite, si j’avais croisé ce couple pendant la crise ivoirienne où des rebelles sont venus du Burkina pour attaquer la CI, il n’y a absolument AUCUN DOUTE dans ma tête que j’aurais envoyé ce jeune burkinabé balader avec sa femme et sa fille … dans le froid. Je lui aurais répondu : « Nous étions des frères. Mais vous êtes venus nous attaquer. Donc c’est FINI vous n’êtes plus nos frères ». Et j’aurais eu la conscience tranquille.
Voici comment des évènements lointains, apparemment anodins, affectent les relations humaines entre des citoyens ordinaires. Arrêtez donc de vous envoyer des flèches par messages-vidéos interposés entre guinéens et ivoiriens. Sinon bientôt à Paris, Londres, New York, partout dans la diaspora et même en Afrique, ivoiriens et guinéens vont commencer à se regarder en ennemis. Et nous n’avons vraiment pas besoin de cela. Nous voulons que les africains se considèrent tous des frères partout où ils se voient et qu’ils vivent en parfaite harmonie.
Après tout, la CAN n’est qu’un jeu, et que le meilleur gagne ‼
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