Procès des Déchets toxiques: Koné Cheick et Gouhourou écopent de 20 ans de prison
Le verdict du procès relatif au détournement de l’indemnisation des victimes des déchets toxiques est tombé, hier matin. Le tribunal a reconnu coupables Koné Cheick Oumar, Claude Gouhourou et Access Bank pour blanchiment de capitaux portant la somme de 4,658 milliards de FCFA. Quant à Afriland First Bank, elle a été blanchie pour la simple raison que le juge a affirmé qu’elle est une entité juridiquement différente d’Access Bank. En ce qui concerne, la constitution de partie civile par Charles Koffi Hanon, président du Réseau National pour la Défense des Droits des Victimes des Déchets Toxiques de Côte d’Ivoire (Renadvidet-ci), le tribunal a reconnu sa requête recevable, mais a signifié qu’il ne peut être mandataire de toutes les victimes. Il ne peut le faire que pour ses proches au troisième degré. Dès lors, les victimes doivent se réorganiser pour ester en justice de la meilleure des façons pour faire aboutir le dossier de leurs indemnisations. Telle a été la décision rendue par le juge Koné Bernard de la chambre des délits économiques du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau. En effet, le tribunal a estimé qu’il y a eu effectivement blanchiment d’argent. Et cela, non pas sur l’origine frauduleuse de l’argent mais plutôt sur le mécanisme par lequel ces fonds ont été transférés des comptes de la Société Générale des Banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) à Access Bank. Et surtout la manière dont cet argent destiné en principe, à l’indemnisation des victimes a été viré sur les comptes de sociétés écrans appartenant à Koné Cheick Oumar par l’entremise de sa collaboratrice Awa N’Diaye épouse M’Baye en complicité avec Claude Gouhourou. Après ce verdict, Charles koffi a exprimé sa volonté de faire appel de cette décision et obtenir de la cour d’appel que les coupables soient effectivement écroués. Pour, les victimes c’est une bataille qui a été gagnée, mais la victoire finale pour que justice leur soit rendue n’est plus loin.
Jean Levry Le Belier Intrépide
4 personnes condamnées pour détournement des indemnités des victimes du Probo Koala
Quatre personnes accusées d’avoir détourné des millions d’euros destinés à indemniser des victimes du Probo Koala ont été condamnées mardi à vingt ans de prison… tout en restant libres. Explications.
En Côte d’Ivoire, on peut écoper d’une lourde peine de prison sans y mettre les pieds. Comme en septembre 2013 dans un autre procès (celui de la corruption dans la filière café/cacao), ce fut le cas mardi 13 janvier pour quatre personnes, formellement accusées d’avoir détourné des millions d’euros destinés aux victimes des déchets toxiques du cargo Probo Koala, déversés dans la lagune d’Abidjan en 2006. Verdict: une condamnation à vingt ans de prison, mais sans mandat de dépôt.
« C’est une peine symbolique. (…) L’impunité est encore consacrée, a déploré Me Pierre Tanoh, l’avocat d’un plaignant. La décision n’est pas juridiquement fondée, c’est une décision politique ». « Les juges ont subi des pressions. Les magistrats qui voulaient dire le droit ont eu des problèmes », a pour sa part affirmé Charles Koffi, un plaignant, qui s’est dit « très déçu ». « Nous n’avons plus confiance en la justice », a-t-il regretté, ajoutant que « les pouvoirs se succèdent mais leurs comportements demeurent les mêmes. »
4,65 milliards de francs CFA
Les quatre accusés, qui faisaient partie d’une association de défense de victimes des déchets toxiques, ont été condamnés pour avoir détourné 4,65 milliards de francs CFA (plus de 7 millions d’euros). Cette somme, prélevée sur les indemnités versées par la multinationale Trafigura, affréteur du navire chargé de déchets, était destinée à indemniser 6 000 victimes. La banque nigériane Access Bank, par où l’argent a transité, a de son côté été condamnée à payer une amende de 21 milliards de FCFA (environ 32 millions d’euros).
Les quatre condamnés « ont été déclarés non coupables de faux et usage de faux mais coupables d’abus de confiance et de blanchiment », a expliqué Me Zika Tapé, qui défend l’un d’entre eux. « Vingt ans ferme mais pas de mandat de dépôt: c’est une décision infamante. Elle ne peut pas être symbolique », a-t-il vitupéré, regrettant que l' »honorabilité » de son client soit entachée. Les avocats des deux camps ont décidé de faire appel.
L’ombre d’Adama Bictogo
« Aujourd’hui, on a condamné des personnes qui ne représentent rien dans le dispositif », a critiqué Me Tanoh, qui soupçonne trois banques et un politicien d’avoir subtilisé la plupart des fonds. La justice ivoirienne avait renoncé en juillet 2012 à poursuivre dans ce dossier l’ancien ministre Adama Bictogo, figure du parti du président Alassane Ouattara. Bictogo reste toutefois susceptible d’être poursuivi au civil pour avoir perçu une avance « indue » de 600 millions F CFA (900 000 euros), alors qu’il ne devait être rémunéré pour sa médiation qu’après l’indemnisation de toutes les victimes, soulignait alors le parquet d’Abidjan.
Le déversement de résidus toxiques à Abidjan en août 2006 avait causé la mort de 17 personnes et des milliers d’intoxications. Trafigura a toujours nié qu’il ait provoqué décès et maladies graves.
(Jeune-Afrique avec AFP)
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