LIDER News | 13 janvier 2015
Le franc cfa ne peut satisfaire la définition historique d’une monnaie et il amplifie par ailleurs des déséquilibres économiques insoutenables : il ne peut donc être considéré comme une construction viable. Il est imposé par une puissance et ne peut faire face à la compétition mondiale des monnaies. Il est donc impératif pour les pays de la zone franc de l’abandonner rapidement. Mais il faut le faire avec méthode.
La première étape consiste à dénoncer devant la Cour internationale de justice (Cij) les violations des accords de coopération signés entre les pays africains et la France. Le monde change et la globalisation n’autorise plus ce type d’arrangements politiques inefficaces. Pour cela, il y a un certains nombres de leçons à retenir de l’histoire monétaire du continent africain :
D’abord, la monnaie est une convention sociale dont l’Etat doit assurer la gestion de façon décentralisée et indépendante du pouvoir politique. Tout comme la justice, la défense et la diplomatie, la monnaie n’appartient pas à l’Etat, mais ce dernier a la responsabilité de son bon fonctionnement. Cela suppose donc que nous ayons en Afrique des Etats capables de bien gérer la monnaie. Il s’agit d’Etat de droit. Non pas de gouvernements issus des urnes, mais d’un Etat qui respecte le Droit. Il ne s’agit pas d’un Etat démocratique, mais d’un Etat dont le domaine d’action est circonscrit, qui ne peut tout faire et dont les limites sont bien définies par les Constitutions. Le plus grand défi pour les Africains est de construire ce type d’Etat limité.
Ensuite, nous devons admettre qu’une nation ne peut exister sans monnaie et une monnaie ne peut exister sans nation. Les projets de construction de la monnaie africaine, soit au niveau de la Cedeao, ou même de l’Ua et des autres unions régionales, sont présentés comme des solutions pour résoudre les conflits et les crises économiques et construire l’intégration régionale ou continentale. Mais cela signifie que les Africains concernés acceptent d’aller vers une Nation africaine. Le franc cfa, par exemple, existe mais il n’a pas, politiquement parlant, de nation. Les accords monétaires n’ont fait l’objet d’aucun choix des peuples africains concernés, qui sont très divisés, n’ayant ni parlement commun, ni gouvernement commun, ni déficits budgétaires communs et qui vivent repliés sur eux-mêmes sous le contrôle d’Etats qui limitent leur libre circulation et se réfèrent à la France comme la nation commune capable de décider pour chacun comme pour tous. C’est n’est pas acceptable.
Aucune construction humaine n’est éternelle. Le franc cfa, dans la dynamique de la globalisation géostratégique, disparaîtra parce qu’il n’est pas du tout adapté en enjeux et défis du monde contemporain. Et comme toutes les monnaies similaires dans l’Histoire, il n’y aura pas d’exception. Ce sera certes un défi technique pour les Africains, qui seront enfin obligés de s’assumer et de devenir responsables, mais la question essentielle est de savoir comment cette disparition s’organisera. En la matière, nous avons deux choix. Soit elle se fait dans la coordination et la coopération, ou bien elle se fait dans le désordre, parce que forcée par les marchés internationaux ou des initiatives nationales unilatérales.
Pour le moment, plusieurs projets semblent s’affronter : celui promu par le gouvernement français, consigné dans le rapport Vedrine et qui consiste à vouloir élargir le franc cfa à l’ensemble des pays africains de l’Union africaine en commençant par ceux de la Cedeao et qui est activement encouragé par des laboratoires proche du pouvoir Ouattara comme le Ferdi de Clermont-Ferrand, et celui promu par la commission de la Cedeao ou de l’Union africaine, mais dont les contours restent encore flous.
Pour permettre un développement économique qui bénéficie aux populations de Côte d’Ivoire et non au Trésor public français, LIDER et le Pr. Mamadou Koulibaly, le plus éminent économiste africain opposé aux mécanismes du franc cfa depuis des décennies, rompront avec le franc cfa en cas de victoire à la présidentielle de 2015 et s’attelleront à insuffler la même dynamique aux pays amis, pour une sortie concertée de la zone franc.
Les commentaires sont fermés.