La justice ivoirienne a convoqué, le mercredi 24 décembre 2014, les anciens combattants proches du régime pour dit-on, les entendre dans le cadre de la procédure judiciaire relative à la crise postélectorale.
Quel message la justice ivoirienne veut-elle faire passer en convoquant dans la plus grande discrétion, les ex-chefs de guerre ? Poser la question, ce n’est nullement
rappeler à l’appareil judiciaire ivoirien le sacerdoce qui accompagne sa mission. Toutefois, l’objet qui justifie la convocation est d’une importance telle que vouloir
faire passer sous silence un tel acte signifierait qu’on s’en rend complice. Et c’est pourquoi il faut, pour une fois, saluer la promptitude, mais surtout le courage avec lequel la Radio France-Inter (RFI) a mis au grand jour, le mercredi 24 décembre l’acte de convocation des anciens chefs de guerre proOuattara. Dans sa livraison de ce
24 décembre dernier, le confrère insiste sur le courage de la justice ivoirienne en franchissant selon lui, le pas à travers l’acte de convocation des ex-com’zone pour les
entendre dans le cadre de la procédure judiciaire relative à la crise postélectorale. Pour RFI, ce sont des juges en charge du dossier de la crise postélectorale qui ont convoqué les anciens rebelles sans pour autant préciser lesquels de ces ex-chefs de guerre sont désormais, dans le collimateur de la justice. Toutefois, ajoute RFI, aucun de ces come’zone n’a daigné répondre favorablement à la convocation. En un mot, ils ont envoyé paître les juges. Deuxièmement, le pouvoir, en laissant filtrer une telle information, à quelques jours du procès en assises de Simone Gbagbo et plusieurs autres partisans de Laurent Gbagbo, veut-il de fait, montrer que la justice, longtemps qualifiée de vainqueur, est désormais impartiale ? Est-ce une façon pour le pouvoir de faire mentir les accusations de justice sélective portées contre lui ?
La question mérite d’être posée, même si, à l’évidence, rien de concret ne peut sortir de cette procédure judicaire engagée par la justice ivoirienne contre les proOuattara. Le dire n’est pas faire de la simple ratiocination littéraire. Ouattara ne peut jamais laisser son couteau se retourner contre lui. En sus, convoquer des chefs de guerre, quelques heures avant l’ouverture du procès en assises des pro-Gbagbo, est un message clair que la justice, celle qu’on accuse de ne juger seulement que les pro-Gbagbo est une justice impartiale, capable de juger tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Ce qui n’est pas correct. En témoigne la comédie de ces deux jours au Palais de justice par les juges au mépris des déclarations interpellatives des ONG. La dernière Ong à charger les autorités ivoiriennes sur cette question n’est autre que la Fédération internationale des droits de l’homme (Fidh. Dans une interview accordée à Rfi et le mardi 23 décembre 2014, cette Ong s’est insurgée contre le fait que la plupart des personnes poursuivies à ce jour soient des partisans de l’ancien régime Gbagbo. « On est dans le deux poids deux mesures, c’est-à-dire que les actes d’instruction qui sont accomplis visent aujourd’hui quasi exclusivement les pro-Gbagbo alors que des actes aussi graves peuvent avoir été commis par des pro-Ouattara », a dénoncé Me Patrick Baudouin,président d’honneur de la Fidh.Et de citer l’exemple de l’arrestation d’Amadé Ouéremi, l’exchef milicien, dont le nom a été souvent mêlé aux événements qui ont défiguré l’ouest du pays, mais jamais appelé à la barre.
Le Quotidien
Simplice Zahui
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