Par Serge Alain KOFFI
Le procès en assises de 83 personnalités proches de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, s’est ouvert vendredi matin à Abidjan avec comme seul point d’attraction, l’apparition en public pour la première fois depuis trois ans de Simone Gbagbo, l’ex-Première Dame.
Vêtue d’une robe jaune avec des parements dessinés en fleurs, d’une écharpe d’un blanc immaculé, Simone Gbagbo arbore des tresses.
L’air décontracté et visiblement en bonne santé, elle s’est dirigée vers la salle d’audience encadrée par une escorte de policiers armés, encagoulés pour certains.
On l’avait aperçu pour la dernière fois le 11 avril 2011, aux côtés de son mari, lors de leur arrestation à l’issue de la crise armée post-électorale, par les forces combattants pour l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara.
Le regard perdu, les yeux hagards, la voix tremblotante, prostrée et visiblement apeurée, Simone Gbagbo, dont les cheveux arrachées traduisaient le traitement de choc infligé par les hommes en armes, présentait l’image d’une femme fragile. Une image qui tranchait avec le surnom de “Dame de fer’’ avec lequel aimaient bien la désigner ses partisans et admirateurs.
Trois ans plus tard, vendredi 26 décembre, elle réapparait dans un box du palais de justice d’Abidjan, en compagnie de 82 autres personnalités de l’ancien pouvoir dont l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’guessan, président du Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo et Michel Gbagbo, le fils de l’ex-chef de l’Etat.
Tous sont poursuivis pour « atteinte à la défense nationale », « attentat ou complot contre l’autorité de l’Etat », « constitution de bandes armées », « direction ou participation à un mouvement insurrectionnel », « trouble à l’ordre public » ou encore « rébellion » en rapport avec la crise post-électorale qui a fait officiellement près de 3.000 morts.
Vendredi, massés devant la porte d’entrée de la salle d’audience, journalistes (photographes et cameramen) et partisans de l’ex-Première Dame, jouent des coudes pour avoir la meilleure place, soit pour la voir de près ou soit pour la prendre en photo.
Les policiers de la Brigade anti-emeute (BAE) et de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) déployés en grand nombre, jusqu’aux alentours du palais de justice et à l’intérieur, tentent de contenir ce beau monde en leur intimant constamment l’ordre de reculer pour ne pas obstruer l’entrée.
Si le dispositif sécuritaire n’est pas vraiment impressionnant pour ce procès civil, le premier de la crise post-électorale, il n’en demeure pas moins dissuasif.
A l’arrivée de Simone Gbagbo dans le hall du palais de justice vers 10H53 GMT, les bousculades s’intensifient. Certains de ses partisans dans la foule lui lancent des mots de soutien et d’encouragement: « Tiens bon maman ! » ; « Tiens bon maman ! »…
Simone Gbagbo y répond par un large sourire et un salut de la main avant de s’engouffrer dans la salle, où elle s’installe dans le box au premier rang aux côtés de Pascal Affi N’guessan, Sangaré Aboudramane, ancien ministre des Affaires étrangères et Gilbert Marie Ake N’Gbo, le dernier Premier ministre de Laurent Gbagbo.
Une trentaine de minutes plus tard, la cour, présidée par Tairou Dembélé, fait son apparition. Il procède à l’appel nominal des jurés du procès. Quatre parmi eux sont absents. Le juge propose de les remplacer séance tenante.
Me Rodrigue Dadje, l’avocat de Simone Gbagbo, s’y oppose arguant qu’en plus du fait que le mandat des jurés soit “périmé’’, “la défense a un droit de récusation pour la formation du jury’’.
Malgré les réserves de la défense, de nouveaux jurés sont désignés.
Mais l’audience de ce jour n’ira pas plus loin que cette ouverture solennelle. A peine l’a-t-il déclarée ouverte que le juge Tairou Dembélé annonce son report pour Le 29 décembre à 09H00 GMT.
SKO
Alerte-info.net
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