En certaines matières, les questions sont parfois plus importantes que les réponses. Apparemment mon post d’hier a beaucoup attiré l’attention des internautes et les défenseurs de notre président n’y ont vu que la partie qui concerne l’accidenté-payeur. Mais dans un pays où les autorités, pour éviter de répondre à certaines questions embarrassantes ne communiquent jamais sur le fondement des choses, il appartient à des mauvais coucheurs comme nous, de susciter le débat avec un brin d’ironie, de satire et de jets de pavés dans la marre. Alors, les défenseurs inlassables de notre président, oubliant que c’est aussi mon président, se sont déchaînés, me traitant d’ignorant parce que je ne saurais pas ce que c’est que la responsabilité civile. Certains m’ont même rappelé les dispositions de l’article 1383 du code civile. En disant que c’est normal que celui qui cause des dégâts au pont dans un accident doit payer les frais de réparation. Les autres aspects de mon post (garantie de trafic et coût de passage et autres) ne les ont pas intéressés.
Bien, posons-nous en effet, quelques questions sur cette affaire d’accidenté-payeur sur un pont qui traverse la lagune.
On nous dit que si vous êtes victimes d’un accident et que vous cassez par exemple les glissières pour vous retrouver dans la lagune, Bouygues évaluera les dégâts causés, saisira son assureur, lequel saisira l’assureur du mort pour payer la facture. Mais si la voiture du mort n’a pas d’assurance ou si, ayant une assurance, elle n’avait pas de visite technique? On fait comment? On laisse le pont sans réparation?
Pour rappel, l’assurance n’est valable que si la voiture a une visite technique en cours de validité. Dans le cas contraire, Bouygues enverra-t-il la facture au mort ou à ses ayants droits? Et en attendant tout cela, les dégâts causés au pont resteront-ils en l’état, au risque de mettre en danger la vie des autres usagers? Ou Bouygues réparera immédiatement en attendant de se faire rembourser?
Peut-on imaginer un seul instant que Bouygues qui n’est pas né de la dernière pluie et qui connait l’esprit des africains, n’a pas pris en compte le paramètre selon lequel sous nos tropiques, la plupart des véhicules, surtout au niveau de ceux utilisés pour le transport, n’ont pas soit de visites techniques soit d’assurance? Et si Bouygues sait cela, quand on sait que c’est lui seul qui a fait le montage financier de ce pont, n’a-t-il pas intégré ce paramètre dans le calcul du prix du passage, même si on veut nous faire croire que c’est le gouvernement ivoirien qui, souverainement, décidera de ce coût du passage alors que cela est bien inscrit dans la convention? Va-t-on nous donner les éléments qui ont été pris en compte dans la fixation de ce prix? Quelle est sa composition, au point de faire supporter les réparations causées par un accident au responsable de l’accident? Voici le débat que j’ai voulu soulever en relevant cet aspect. Parce que dans cette affaire, on se rend compte que finalement, l’opérateur ne supporte aucun risque. C’est l’Etat de Côte d’Ivoire et l’usager qui supportent tout.
Si avant 15 ans, une situation de crise fait qu’il ne peut pas exploiter ce pont, la Banque Mondiale lui rembourse tout ce qu’il a investi et les bénéfices prévus sur cette période. Si avant 15 ans, un chef d’Etat ivoirien, choqué par les termes de la convention, décide de supprimer le péage, la Banque Mondiale rembourse à Bouygues, via son assureur MIGA, sa mise et celle des prêteurs. Mais si un jour, avant ces 15 ans et après ces 15 ans, Bouygues n’a pas ses 65000 voitures minimum, c’est le contribuable ivoirien qui paie la facture. S’il y a un accident, c’est l’assureur de l’accidenté qui paie la facture pour les réparations. Et si cet assureur est défaillant? Bref, un pont de moins de deux KM va coûter probablement au moins 700F le passage et on va nous dire (alors que selon les calculs, le trafic pourrait augmenter chaque année), que pendant 30 ans, l’usager va payer 700F sans que le coût des réparations des éventuels accidents ne soit pris en compte dans la composition des 700F? Eh bien dans ce cas, le prix du passage devra être de 200FCFA. On attend le communiqué du gouvernement.
Voici le débat que j’ai voulu soulever. On peut se déchaîner maintenant pour la compréhension des uns et des autres?
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