Affaire tentative d’assassinat : Et le directeur de l’Eléphant déchainé voulait masquer des problèmes de trésorerie ?
L’information selon laquelle le directeur de l’Eléphant déchainé aurait échappé à un assassinat me permet de faire un témoignage. M’étant rapproché de certaines personnes dans l’entourage de sa rédaction, je me suis rendu compte qu’Assalé Antoine raconte des histoires.
Il a affirmé à RFI qu’il se rendait à sa rédaction à pied à 6h30 quand un véhicule aux vitres teintées a manqué de le renverser, puis est revenu sur ses pas, pour foncer encore vers lui.
Cette version des faits ne résiste pas à la réalité quotidienne dans son journal. Selon mes informations recueillies auprès de certains de ses collaborateurs, le vendredi matin, personne ne travaillait au journal. Le journal ne paraissant pas le samedi, les employés sont en congé à partir de vendredi. Selon toujours mes informations, Assalé possède une voiture et ne va jamais au travail à pied. Au pire des cas, il emprunte un taxi. Et c’est curieux que ce soit ce jour précisément qu’il se rende au travail à pied. Par ailleurs, toujours selon mes sources, aucun employé du journal n’arrive au travail à 6h30, comme d’ailleurs il semble être une coutume dans les rédactions ivoiriennes. Les premiers travailleurs arrivent vers 9h et généralement, Assalé arrive entre 10h et 11h.
Celui-ci m’a dit que les motivations de cette affaire sont à rechercher dans les fêtes de fin d’année.
«Le monsieur ne paye pas ses employés et il leur doit plusieurs mois d’arriérés, étant donné que la fin d’année approche, il cherche à créer une histoire pour les amadouer. Je vous dis que ce monsieur est le champion de la manipulation. Sinon quand il parle d’un journal qui dérange en faisant allusion à ces derniers articles dur la crise au FPI, tous les journaux en Côte d’Ivoire dérangent parce qu’ils critiquent les adversaires politiques ».
(Par Doudou Georges)
Oui, pourquoi pas une arme à feu ?
Par Assalé Tiémoko
Je lis beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux depuis que RFI, ce matin (on l’avait déjà fait nous-mêmes depuis le vendredi 12 décembre), a donné l’information sur ce que je considère et je l’affirme, comme une tentative d’assassinat qu’on a voulu maquiller en un banal accident de la circulation. Certains disent que c’est une histoire cousue de fil blanc pour se faire de la publicité. D’autres disent qu’il est le seul témoin de ce qu’il raconte et que si les gens avaient voulu me tuer, il y avait moyen de faire plus simple en utilisant une arme à feu. Et moi je dis que les uns et les autres ont raison selon leur point de vue. Et moi qui ai vécu les faits, j’attends que la justice que j’ai saisie le même jour, et à qui j’ai fourni un détail important, fasse son travail et retrouvent les deux hommes qui étaient à bord de ce véhicule afin qu’ils me disent à quoi ils jouaient ce vendredi aux environs de 6h30 non loin de mon domicile, car les faits se sont passés non loin de mon domicile et je n’étais pas en train de traverser une voie comme certains le racontent. C’est moi qui ai vécu les faits et il appartiendra à la justice, une fois qu’elle aura retrouvé les occupants de ce véhicule, de confronter nos versions. Parce que, quand on conduit un véhicule et qu’on manque d’écraser une personne, qu’il y a même un contact entre le véhicule et une partie du corps de cette personne, si on n’a pas fait exprès, on s’arrête, on descend de la voiture et on s’enquiert de l’état de santé de cette personne. On n’accélère pas pour quitter les lieux pour revenir sur la même personne quelques minutes plus tard alors qu’ayant vu le véhicule revenir, il s’était mis à l’abris derrière un véhicule garé devant l’agence d’une banque de la place, rentrer dans le quartier, tomber sur une barrière, faire marche arrière et disparaître par une voie en faisant une manœuvre dangereuse.
Alors on dit mais au lieu de faire tout ça, ils n’avaient qu’à utiliser une arme à feu? Mais raisonner ainsi, c’est ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Sans vantardise, ne suis quand même pas un inconnu dans ce pays. Je suis journaliste et patron d’un journal d’investigations dont chacun sait qu’il ne fait aucun cadeau à aucun bord politique dans ce pays et qu’il publie des dossiers parfois extrêmement sensibles comme cette fraude sur l’impôt qui a coûté plus de 10 milliards aux caisses de l’Etat au port d’Abidjan et bien d’autres comme le dossier sur l’industrie du faux dans les documents administratifs en Côte d’Ivoire, une enquête de 11 mois avec infiltration du réseau de faussaires.
Abattre à bout portant un tel journaliste à 6heures du matin non loin de son domicile soulèverait des interrogations autrement plus graves que s’il avait été mortellement fauché par un véhicule. Dans le deuxième cas, il n’y aurait même pas matière à demander une enquête, il suffirait de dire que ce genre d’accidents malheureux arrivent toujours à Abidjan et l’affaires serait classée. Mais l’abattre avec une arme à feu, c’est une autre histoire.
Alors, laissons la justice faire l’enquête. Je n’ai pas besoin de raconter des histoires pour me faire une publicité ou pour faire la publicité de mon journal. « L’Eléphant Déchaîné », malgré la pauvreté généralisée qui frappe les Ivoiriens, est l’un des journaux les plus lus de Côte d’Ivoire et l’un des rares qui n’est pas endetté vis à vis de son imprimeur, cela peut être vérifié.
Je dis qu’on a tenté de me tuer et je maintiens cette affirmation. J’ai porté plainte en choisissant bien les mots pour parler de « tentative d’assassinat » et j’attends que l’enquête me situe. En attendant, en de pareilles circonstances, la seule protection dont je peux bénéficier, c’est que des confrères en parlent, comme Rfi l’a fait, comme l’AFP vient de le faire, comme d’autres médias comme BBC vont le faire demain et au cours de la semaine.
En mars dernier, lorsque des informations précises nous avaient été fournies par des sources sécuritaires sur un projet d’atteinte à mon intégrité physique, j’ai demandé secours en écrivant à toutes les autorités en charge de la sécurité dans ce pays. En dehors de l’ex patron d’un service de renseignements qui m’avait reçu, je n’ai eu aucune réaction d’aucune autorité à qui j’avais adressé un courrier pour demander protection.
Dans la même période lorsque des voisins du sièges de « L’Eléphant Déchaîné » nous avaient informés de ce que trois individus circulant à bord d’un véhicule de type 4X4 noire (voir texte ci-bas) demandaient des renseignements sur l’emplacement exact du siège du journal, nous avons publié deux articles sur cette affaire et informé encore les autorités.
Quelques temps plus tard, un individu, utilisant un numéro non masqué, avait menacé de mort le directeur de publication du journal, avant de s’en prendre à moi de la même manière. Le même individu a menacé un ministre de la République soupçonnée d’être un financier du journal. La DITT (direction de l’informatique et des traces technologiques), une branche spéciale de la police chargée de la lutte contre la Cybercriminalité, a mené l’enquête. Ses responsables avec qui j’ai collaboré sur cette enquête m’ont assuré que l’arrestation de cet individu n’était qu’une question de jours, on m’a même parlé de 72heures. Mais l’individu n’a jamais pu être appréhendé et nous n’avons plus eu d’informations sur la suite de l’enquête. Tout ceci peut être vérifié.
Cela fait combien de temps que nous disons que nous sommes menacés de mort par e-mails, par téléphone, par « SMS »? Nous avons déposé chaque fois une plainte. Quelle est l’autorité en charge de la sécurité dans ce pays qui peut dire qu’il n’a jamais reçu une lettre de ma part au sujet de ces menaces?
Ce 12 décembre, la plainte que nous avons déposée est la cinquième et cette fois-ci, vu que les gens sont passés à l’acte, on va être extrêmement vigilants. Je ne m’engagerai dans aucune polémique, j’attends les résultats de l’enquête. Alors, chacun peut écrire ce qu’il veut et ce qu’il pense, c’est ce qu’on appelle la liberté d’expression, un droit qu’on semble me refuser parce que mon journal ne dîne pas à toutes les tables.
Antoine Assalé Tiémoko
………………………………………………………………………………………………………………
LE 28 MARS 2014, je publiais ce qui suit:
Dans notre édition du mardi 25 Mars et de ce vendredi 28 mars, nous avons écrit que trois individus suspects recherchaient le siège de « L’Éléphant Déchaîné » en utilisant des méthodes plutôt inhabituelles pour des gens qui ont des intentions pacifiques ou qui veulent donner des informations ou un dossier au journal.
Je sors il y a moins d’une heure au moment où j’écris ces lignes (01H 08) d’une rencontre(22H15-23H58) , avec trois contacts proches d’un certain réseau qui viennent de m’apprendre qu' »un projet d’assassinat contre le DG du journal l’éléphant déchaîné » a été arrêté et que le processus est en cours ».
J’ai fait le tour avec eux, pendant près de deux heures, des dossiers traités par le journal entre juin 2013 et mars 2014 qui pourraient être la cause de ce projet d’assassinat ou des affaires sur lesquelles le journal enquête en ce moment et qui pourraient être à la base de ce projet d’assassinat avéré ou supposé.
En attendant d’en savoir plus, j’ai été conseillé de partager l’information avec le maximum de personnes et de demander de l’aide…je ne parle pas d’argent…
Je sais que certains vont dire que c’est juste pour me faire de la publicité que je publie ce genre de choses. Mais je sais ce que je vis, depuis le 28 octobre 2011, date de création de « L’Éléphant Déchaîné » et j’ai toujours intégré l’éventualité d’une atteinte à mon intégré physique. C’est même un miracle que cela ne soit pas encore arrivée depuis deux ans.
Certains des lecteurs de ce journal et des confrères étrangers m’ont souvent demandé si je n’étais pas un peu suicidaire.
J’ai reçu de nombreuses menaces de mort après l’affaire de tentative de corruption. La Direction de l’informatique et des traces technologiques (DITT), travaille sur ce dossier et est à la recherche d’un individu qui s’en est pris aussi, après moi, à deux personnes que je fréquente…c’est une information vérifiable à la direction de cette structure…je ne rentre donc pas dans les détails ici.
J’ai reçu de nombreuses menaces de mort après la publication du dossier (11 mois d’investigation) sur les fausses pièces d’identité format carte de crédit, les faux permis de conduire format carte de crédit, les faux timbres fiscaux, les faux certificats de visite technique format carte de crédit…)
Une fraude qui coûte près de 4 milliards FCFA à l’Etat, chaque année.
Les Renseignements Généraux, je le dis parce qu’on peut le vérifier aussi, sont rentrés en contact avec moi…après eux, c’est la police criminelle qui a désigné un commissaire et un officier qui se sont rendus à mon bureau…
Mais cette fraude qui met en péril la sécurité même de l’Etat est traitée par les autorités, d’une façon qui me désole totalement et qui a fini par me faire comprendre que j’ai risqué ma vie pour rien. On ne fait même pas semblant d’enquêter.
Aujourd’hui, avec la mort de la jeune mannequin pour faute de soins au CHU de Cocody, le ministère de la santé tente de réagir sans que personne ne l’entende. Et sur les réseaux sociaux, tout le monde est choqué. Mais qui se souvient des six articles que « L’Eléphant Déchaîné » a déjà publié sur le fonctionnement de ce CHU de COCODY? Qui se souvient de ce dossier publié par moi il y a moins d’un mois et ayant pour titre: « Hôpitaux Publics: Ivoiriens, ne tombez pas malades! » Dossier publié à partir de l’histoire d’une jeune fille prise d’un malaise, conduite au CHU de Yopougon, restée sans soins aucun faute d’argent et qui ne serait plus de ce monde si un « Blanc », connaissance de la famille n’était pas intervenu pour la sortir du CHU pour une clinique où elle a été sauvée in extremis. Quelles autorités ce genre d’articles émeut dans ce pays? Et on s’étonne à présent de ce qui est arrivé à cette malheureuse jeune fille victime des légèretés coupables qui règnent au sommet de l’Etat?
Bref, revenons au sujet principal…
Des individus, dont la plupart ne sont même pas des Ivoiriens, s’attaquent aux fondements même de la République en inondant l’administration de faux documents, en soutirant, sur la base de fausses pièces d’identités, des centaines de millions chaque semaine dans des banques (cas de cet ivoirien vivant aux Etats Unis et dont l’argent transféré dans une banque à Abidjan pour la réalisation d’un projet, environ 200 millions a été volé par des faussaires avec des complicités internes à la banque). Un journaliste ivoirien utilise ses maigres ressources (près de 600 mille francs CFA) pour infiltrer ce réseau de faussaires en risquant à chaque minute sa vie et l’avenir de ses enfants.
En trompant la vigilance de ces criminels et avec le seul souci d’aider son pays, il arrive après 11 mois d’infiltration et de ruses, à obtenir les preuves indiscutables de l’installation de cette industrie du faux dans notre pays. Le dossier est publié dans « L’Eléphant Déchaîné » le 28 janvier 2014 et même commenté par moi-même sur les antennes de RFI. Mais silence radio du côté des autorités ivoiriennes pendant plusieurs semaines, alors que les criminels sont à mes trousses…
Le seul homme qui m’a appelé le jour même de la publication de ce dossier, c’est Mamadou Koulibaly, le président de Lider, ancien président de l’Assemblé Nationale et il m’a dit exactement: « Félicitation jeune frère pour ce travail. Mais tu as pris des risques énormes, tu as risqué ta vie pour pas grand’chose parce que je te promets que ce gouvernement ne réagira pas, ils ne feront rien du tout et tu devrais faire attention à ta sécurité… » Cela peut-être vérifié auprès de lui.
Mamadou Koulibaly eu raison et je suis dans mon tort mais j’avoue que je n’avais vraiment pas d’illusions.
Depuis la création de ce journal, ma vie a toujours été engagée entre deux risques.
ça a d’abord commencé par les intimidations. ça n’a pas marché puisque je n’ai pas changé la ligne éditoriale du journal (dénoncer tous les mauvais actes d’où qu’ils viennent). Ils sont passés à la deuxième phase, le pouvoir de l’argent. Mais l’argent, avant même l’histoire de tentative de corruption qui a fait récemment du bruit, avait déjà échoué. Après, on a utilisé les menaces de procès sortis officiellement de la bouche de deux ministres de la République, lesquels se sont ravisés par la suite, sans doute ayant compris que je connais la musique de la prison pour y avoir déjà séjourné pendant 12 longs mois et que, de ce fait, on ne pouvait plus m’émouvoir avec une menace d’emprisonnement…
Alors, ils ont enclenché le processus de l’élimination physique. J’ai toujours expliqué à mes collaborateurs (ils pourront en témoigner demain), et à ceux qui me sont proches et à certains de mes visiteurs, que je sais qu’un matin ou une nuit, ils vont m’abattre pour ce que je fais avec mon journal, parce que ce pays n’aime pas la vérité, parce que ceux qui veulent défendre les vraies valeurs dans ce pays sont des gens à abattre, des gens à éliminer, socialement ou physiquement.
Je le sais et c’est en toute connaissance de cause que j’ai décidé de prendre le risque de créer un tel journal dans ce pays. Et si c’est pour cela, si c’est pour avoir décidé de mettre le journalisme au service de la vérité, de la transparence…si c’est pour avoir décidé d’utiliser « L’Eléphant Déchaîné » pour traquer les fossoyeurs de l’Economie nationales à qui on donnerait pourtant la Communion sans confession…si c’est pour avoir dénoncé des gens qui ont tenté de me compromettre, si c’est pour avoir refusé de tremper dans des magouilles…bref, si c’est pour avoir décidé de travailler pour la santé morale et pour la sécurité de ce pays que des gens ont décidé de m’éliminer (parce que je prends la menace et les informations reçus très au sérieux), alors…que la terre et le ciel les bénissent dans cette entreprise.
Mais la plus grande souffrance, ce n’est pas pour ceux à qui on ôte la vie, non pas parce qu’ils font du mal à leur pays, mais parce qu’ils font du bien à ce pays.
La plus grande souffrance est pour ceux qui font du mal au pays et qui éliminent ceux qui en parlent…
Que Dieu veille sur nous tous y compris ceux qui ont nourri le projet d’attenter à ma vie!
ANTOINE ASSALE TIEMOKO
Commentaires Facebook