Par Yanourga Sanogo, Docteur en droit.
Comme toutes les nations du monde, ce 10 décembre, la Côte d’Ivoire fera un clin d’œil aux Droits de l’Homme. L’occasion pour le pays qui vient de sortir d’une décennie de crise politico-militaire de faire le bilan des actions menées en faveur du respect des droits des individus. Où en sommes nous ? Où allons nous ? Avec quels moyens. A ces questions, ils nous faut répondre clairement et franchement si nous voulons atteindre notre but commun : la réconciliation.
Le mercredi 10 décembre 2014, la Côte d’Ivoire, à l’instar de la planète entière, commémorera la journée internationale des droits de l’Homme. Cette journée instituée par l’assemblée générale des Nations Unies à travers la résolution 423 V du 4 décembre 1950 a pour texte fondateur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Ladite déclaration ayant pour source la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Comme nous pouvons le constater, ces deux déclarations ont vu le jour après des conflits, révolution française pour l’une et seconde guerre mondiale pour l’autre. Conflits au cours desquels des hommes et des femmes ont au prix de leur sang et de leur vie obtenu le droit de vivre librement et dignement.
La Côte d’Ivoire elle aussi marquera cette journée du 10 décembre 2014 d’une pierre blanche. Notre patrie qui depuis le coup d’état militaire du 24 décembre 1999 a traversé une période de turbulences qui a pris fin le 11 avril 2011 veut sans oublier et renier son histoire très récente, entrer dans une nouvelle ère. Les ivoiriens organiseront des festivités à travers tout le pays afin de manifester leur engagement dans le respect des droits de l’homme. Cette journée sera l’occasion de promouvoir les droits de l’homme dont la connaissance participe à la construction progressive de la citoyenneté et à l’acquisition d’une culture humaniste. Le 10 décembre doit être une journée de sensibilisation et de valorisation sur les textes nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme. Mais la promotion et sensibilisation ne suffisent pas. Il faut éduquer nos jeunes aux droits de l’homme. Cette éducation contribuera de manière essentielle et significative à prévenir à long terme les atteintes aux droits de l’homme et à réaliser une société juste dans laquelle les droits de tous ont une valeur et sont respectés. C’est ce que s’évertue à faire le Haut-commissariat aux Droits de l’Homme créé par l’assemblée générale des Nations Unies à Vienne en Autriche en 1993.
La Côte d’Ivoire après cette décennie de crise, avec son cortège de morts, d’atteintes et de violations des Droits de l’Homme recherche une société plus juste, équitable et impartiale. La guerre de cinq mois que nous avons connue a laissé ouvertes des plaies que nous devons absolument refermer si nous voulons que notre nation en devenir se consolide et soit plus forte. Les différents camps au cours de cette crise post-électorale ont commis des atrocités, des violations flagrantes des droits de l’homme. Justice doit être rendue à toutes les victimes sans exception et tous les coupables peu importe le camp auquel ils appartiennent doivent rendre des comptes. Aujourd’hui le constat est que seulement un camp subit le courroux de la justice (transfèrement de l’ex-président Gbagbo et du chef de la galaxie patriotique Blé Goudé à la Haye aux Pays-Bas, emprisonnement de nombreux sympathisants de l’ancien régime et ouverture très prochaine du procès de près 82 dignitaires du Fpi, l’ancien parti au pouvoir dont madame Simone Gbagbo). L’expert indépendant sur les droits de l’homme en Côte d’ivoire, nommé par le conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH), souligne dans son rapport 2014 des préoccupations concernant le caractère à sens unique pour les crimes post-électoraux et son impact sur le processus de réconciliation des ivoiriens. Ceci pour dire que la justice n’est pas la même pour tous ou plus simplement que nous assistons depuis la fin de cette crise à une justice des vainqueurs dans notre pays.
Nous voulons croire en nos autorités quand elles affirment que la justice sera la même pour tous. C’est seulement à travers une justice équitable et impartiale que nous pourrons nous réconcilier et attribuer aux Droits de l’Homme sa véritable place en Côte D’Ivoire.
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