Le chef du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, est bien décidé à maintenir sa candidature pour sa propre succession à la tête du parti face à celle de l’ancien président Laurent Gbagbo, détenu à La Haye. Interview.
Par Alain Faujas source: Jeune-Afrique
Pascal Affi N’Guessan ne veut pas en démordre. Peu lui importe que, le 26 novembre, le comité de contrôle du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) ait jugé recevable la candidature d’un Laurent Gbagbo pourtant emprisonné à La Haye. Peu lui importe aussi que certains voient dans sa volonté de se maintenir à la tête du parti (poste qu’il occupe depuis 2001) une tentative de parricide. À 61 ans, Affi N’Guessan est bien décidé à porter les couleurs du FPI à la présidentielle, fin 2015. Son parti est affaibli, divisé, il le sait. Mais il est de ceux qui pensent qu’il faut se résoudre à continuer sans Laurent Gbagbo.
Jeune Afrique : Maintenez-vous votre candidature face à Laurent Gbagbo ?
Pascal Affi N’Guessan : Oui, je suis évidemment candidat à ma propre succession. Le pays va mal et il faut l’aider à se redresser.
Comprenez-vous que certains vous reprochent de vouloir « tuer le père » ?
Celui que vous appelez « le père » n’est pas candidat à la présidence du parti, mais certains veulent utiliser son nom pour m’évincer. Malheureusement, de fait, il ne peut pas diriger le FPI. En l’occurrence, c’est Michel, le fils de Laurent Gbagbo, qui a remis ce dossier de candidature, contre lequel vous avez d’ailleurs déposé un recours… C’est son droit de militant de souhaiter que son père revienne, mais je n’approuve pas son initiative. C’est même une escroquerie politique, une forfaiture qui viole le droit. Le document adopté le 26 novembre par le comité de contrôle n’a aucune valeur.
Un débat oppose ceux qui veulent maintenir le statu quo à ceux qui veulent reconstruire.
Quelles relations entretenez-vous avec Michel Gbagbo ?
Nous avons fait plusieurs mois de prison ensemble [tous deux ont été libérés le 5 août 2013]. Nous avons été très proches.
Le FPI ne s’est-il pas marginalisé en boycottant les élections locales de 2013 et en se retirant de la Commission électorale indépendante (CEI) en septembre 2014 ?
Le FPI est surtout fragilisé par les suites de la crise électorale [de 2010]. Il se trouve dans une phase de reconstruction qui nécessite du doigté et de la lucidité.
Vous présidez le FPI depuis treize ans. Comment se fait-il que vous ne le contrôliez pas mieux ?
Cette crise interne résulte de notre perte du pouvoir en 2010. Nous sommes en pleine métamorphose pour définir une nouvelle identité. Comme dans toutes les organisations et à toutes les époques, un débat oppose ceux qui veulent maintenir le statu quo à ceux qui veulent reconstruire.
La présidentielle de 2015 pourra-t-elle se dérouler sereinement ?
Tel est le défi que doit relever la Côte d’Ivoire. C’est un rendez-vous très attendu, que certains appréhendent parce que beaucoup de problèmes restent à régler en matière de sécurité, de réintégration des anciens combattants et de réconciliation nationale. Nous pressons le gouvernement de tout mettre en oeuvre pour que ces préalables soient levés.
Que pensez-vous du fait que le Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ne présentent qu’une seule candidature, celle d’Alassane Ouattara ?
C’est une donnée importante, car elle va reconfigurer le paysage politique pendant la campagne et après l’élection. Tous les membres du PDCI n’approuvent pas cette candidature unique. Comment vont-ils se positionner ? Présenteront-ils un candidat tout de même ? Se rapprocheront-ils de nous et de tous les partisans de l’unité nationale ? Nous espérons que cette recomposition débouchera sur une alternance.
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