Gbagbo Laurent traîné dans la boue sur la place publique ; décision unilatérale de retourner à la CEBO – Commission Électorale Bakayoko et Ouattara – en violation flagrante de la décision des instances dirigeantes du parti après convocation et consultation de ces instances par voie démocratique ; injures et propos tendancieux publics ; indiscipline notoire ; comportements publics contre-intérêts ; et enfin la cerise sur le gâteau, procès au tribunal contre le Comité de Contrôle du parti. La liste est à peine exhaustive, et il y a tellement à reprocher au Président statutaire du Front Populaire Ivoirien, Monsieur Pascal Affi N’Guessan.
J’en ai tellement le cœur meurtri et déchiré, tant j’avais de l’admiration personnelle pour cet homme. Au lendemain du 11 Avril 2011, après la chute de Gbagbo, il avait continué la lutte de son parti, tenu une conférence pour dénoncer les manières cavalières et de desperado du nouveau régime de Ouattara et ses rebelles. Ce qui lui avait valu d’être brutalisé par les hommes de Ouattara, arrêté manu militari sur le lieu même de sa conférence, puis d’être déporté dans les goulags du Nord où il a passé quelques années avant d’être remis en liberté provisoire avec d’autres dignitaires du FPI.
Avant qu’il ne retourne sa veste pour se mettre au service apparent du régime Ouattara, j’avais souvent écrit pour lui apporter mon soutien, et je disais que s’il observe de la patience et continue tout doucement à guider le FPI vers des eaux douces et paisibles, mais sans jamais perdre de vue l’objectif principal qui est la chute du régime génocidaire actuel, il serait un jour président de la Côte d’Ivoire.
Quand j’écrivais ces lignes pour l’encourager il y a seulement quelques petits mois, je n’aurais jamais pu anticiper qu’il retournerait sa veste aussi vite et aussi facilement pour se mettre au service des intérêts des ennemis de Gbagbo Laurent, du FPI et de la Côte d’Ivoire. C’est avec immense chagrin et consternation indescriptible que je regarde Affi N’Guessan se diriger aujourd’hui vers son propre suicide politique. J’eus le même chagrin et la même consternation quand Mamadou Koulibaly prit le même chemin de l’auto-pendaison politique alors qu’il avait tous les atouts pour devenir le Président qui pouvait faire le minimum d’unanimité possible dans les circonstances actuelles, et rassembler les ivoiriens autour de lui.
Mais l’homme n’est-il pas son propre fossoyeur comme le démontre si bien la philosophie ? Sinon qu’est-ce qui justifierait le retournement de veste des gens comme Mamadou Koulibaly et Affi N’Guessan au FPI exactement au moment où « leur moment » était proche ? Comme un prisonnier qui s’évade à la veille du jour officiel de sa libération après plus d’une décennie de bagne et qui s’expose à nouveau à retourner dans le même bagne pour une autre décennie pour cause d’évasion. Mais à chacun sa sagesse politique et sa propre saine ou malsaine appréciation des réalités du moment.
Cet article est le deuxième que j’écris en juste quelques semaines sur le Président du FPI, Pascal Affi N’Guessan. Mon premier article sur le sujet était intitule « Le cas Affi N’Guessan : l’unité de mesure des adversaires du FPI pour jauger sa détermination à résister sans s’essouffler jusqu’au bout ». J’insiste pour attirer l’attention sur ce sujet parce-que je suis surpris que le FPI laisse tant faire son président. Ne comprenez-vous pas que Affi c’est fini, et que vous l’avez perdu ? Affi a-t-il besoin lui-même de vous faire un dessin ? Ou a-t-on besoin d’un doctorat en philosophie nucléaire ou une intervention chirurgicale au cerveau pour comprendre qu’Affi ne regarde plus dans la même direction que le FPI ?
Mon « père politique » feu l’éminent Dr. Balla Kéita (que son âme repose en paix dans le paradis d’Allah !‼) avait coutume de citer une pensée de Saint-Exupéry dans sa célèbre œuvre Le PetitPrince : « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un et l’autre, mais c’est regarder ensemble dans la même direction ». Pascal Affi N’Guessan et le FPI aujourd’hui ne regardent plus dans la même direction, que le FPI et ses dirigeants veuillent accepter cette réalité ou pas. Et Affi est allé si loin dans ses dérapages que je me demande sérieusement s’il peut encore faire marche-arrière. Et s’il peut encore franchement servir le FPI et ses intérêts immédiats et à long terme. Personnellement je m’en méfierais dorénavant !
Ce n’est jamais facile de se séparer d’une épouse qui fut une constante compagne pendant de longues années pleines de mémoires agréables. Ce n’est jamais facile de se séparer de son cheval dans le désert après ses loyaux services, même quand il est mortellement blessé et qu’il faut l’abandonner pour continuer le chemin seul. Ce n’est jamais facile de revenir seul de la chasse quand on y est parti avec son chien, fidèle compagnon et ami de chasse depuis des années qui est allé à la poursuite du gibier pour le repas du soir mais n’est plus jamais revenu. Mais tels sont les alinéas et péripéties de la vie. Par notre volonté et même avec des efforts bona fide dignes des Saints de Dieu, nous ne pouvons contrôler que très peu d’évènements. Le reste, nous subissons. Mais il faut savoir subir intelligemment, et surtout savoir choisir quels évènements subir.
Il faut aussi savoir que le parti aura tellement de militants qu’il en refusera une fois à la terre promise. Mais pendant la traversée du désert, il y aura beaucoup de désertions, et pire des traitrises et trahisons, aussi bien dans les rangs des militants que des dirigeants. Ce n’est guère la faute du parti, c’est la nature peu fiable de l’homme au sang coagulé créé à l’image de Dieu. Nelson Mandela était seul dans sa cellule de prison pendant vingt-sept ans. À sa sortie, le monde entier devint son ami. Si vous comprenez l’homme et comment les choses fonctionnent dans sa petite cervelle, vous aurez fait la plus importante découverte de toute l’odyssée humaine sur terre, c’est-à-dire le secret de la vie et de la création. Les plus grosses têtes de la philosophie depuis Socrate et son disciple Platon ont essayé mais échoué. Alors que le FPI garde un moral de fer, qu’il soit fort, digne et admirable dans l’épreuve, et surtout qu’il accepte les réalités telles qu’elles se présentent véritablement à lui, et non comme il a envie de les voir.
Quand un grand arbre est en train de perdre ses racines et s’effondrer dans la foret, c’est impuissants et la mort dans l’âme que tous les animaux qui profitaient de cet arbre dégagent et font de l’espace pour le laisser tomber. Personne ne dit : « J’aime tellement cet arbre que je vais le laisser tomber sur moi et m’écraser pour mourir avec lui». Non, les choses ne marchent pas ainsi dans la vie. Il faut préserver sa vie et continuer son chemin. C’est dans la douleur qu’on découvre ses vrais amis et c’est au jour de la détresse qu’un parti découvre ses vrais militants. L’injustice que vivent et subissent la Côte d’Ivoire, les ivoiriens ordinaires, Gbagbo Laurent, le Front Populaire Ivoirien, ses nombreux cadres et militants en exil, en prison ou vivant la peur au ventre, pendant que les tueurs et bourreaux du peuple se la coulent douce au pouvoir, n’est guère le moment opportun pour aucun leader du FPI pour poursuivre son propre agenda ou ses propres ambitions. C’est une méchanceté et un égoïsme qui dépassent la raison et l’entendement.
Cette injustice est telle que des gens comme moi qui n’ont jamais milité au FPI se sentent moralement obligés de soutenir le combat du FPI … alors qu’est-ce qui justifierait la politique du loup solitaire d’Affi N’Guessan dans les circonstances actuelles ? Le FPI n’est pas très connu pour sa capacité à prendre des décisions difficiles et courageuses sans état d’âme. Bien au contraire, ce parti est souvent complaisant à ce sujet. Mais je crois que cette fois-ci, vous n’avez pas tellement le choix. Vous devez choisir entre la survie du FPI et les ambitions personnelles d’Affi N’Guessan, qui bizarrement semblent coïncider avec ceux de Ouattara, le RDR, et les autres adversaires ou ennemis du FPI. Vous êtes face à l’histoire et à votre destin, et vous êtes obligés de laisser partir Affi. Sans des éléments internes travaillant pour Ouattara, le combattre est déjà un travail monumental. Avec ses « hommes » en votre sein, vous n’avez aucune chance. Que la sagesse de Dieu vous guide.
Votre frère :
Maitre Namory Fatogoma Dosso
Email : Maitre.Dosso.MD@gmail.com
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