Le président français François Hollande vient ce jeudi de « débloquer 1 milliard d’euros pour la Côte d’Ivoire » dit-on. Ce montant représente en effet la 2e tranche d’un contrat de désendettement et de développement (C2D) signé entre la France et la Côte-d’Ivoire dans le cadre du PPTE.
Commentaire d’un Économiste ivoirien
En fait, nous avons remboursé ce que nous devons à la France comme échéance (1 milliard d’Euros), maintenant ayant constaté ce paiement d’échéances, les Français nous redonnent cet argent en nous disant où il faut dépenser cet argent (version officielle), et surtout quelles firmes vont exécuter les grosses dépenses issues de ce « cadeau télécommandé » dans le pays concerné (à qui sera octroyé le marché constituant cette dépense publique): ce qui reste officieux.
Ce n’est pas respectueux pour la France d’agir ainsi…C’est prendre les Africains pour des sous-éduqués, des attardés qui ne savent pas se gérer seuls et tirer leçon de leurs erreurs du passé. Je ne parle pas bien sûr de ces candidats africains devenus présidents, en vantant leurs accointances avec les ex-métropoles coloniales. Voir l’explication du C2D par l’organisme français chargé de son maquillage [ici bas].
D’un point de vue comptable, on jubile qu’on ait 1 milliard d’Euros dans la caisse. Mais qui ça va enrichir lorsque les marchés publics dans les secteurs définis par l’AFD seront octroyés ? Que se passera-t-il pour le secteur privé local (qui maintient au mieux la richesse créée sur place) par rapport aux entreprises françaises qui rapatrient leurs bénéfices…Quid de la souveraineté et de l’indépendance de la Côte-d’Ivoire à choisir comment utiliser cette dette dite non-payée…
Qu’est ce qu’un Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) ?
En complément de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE), qui a pour objectif de rendre la dette soutenable, la France, à l’instar des autres membres du G7, s’est engagée en juin 1999 à Cologne à fournir un effort supplémentaire pour annuler la totalité de ses créances d’aide publique au développement (APD) sur ces pays.
Plutôt qu’une annulation « sèche », la France a fait le choix, original, de mettre en œuvre un mécanisme de refinancement par dons des échéances dues, géré dans le cadre d’un contrat pluriannuel dit «de désendettement et développement» (C2D): le pays débiteur continue d’honorer le service de la dette mais, sitôt le remboursement constaté, la France lui reverse une subvention d’un montant équivalent pour financer des programmes de lutte contre la pauvreté, sélectionnés d’un commun accord avec le pays bénéficiaire.
L’objectif de ce mécanisme est de s’assurer que les marges financières dégagées par les annulations de dette sont fléchées vers les secteurs prioritaires de la stratégie de lutte contre la pauvreté du pays. Au 1er janvier 2014, quatorze pays pauvres très endettés ont déjà signé un ou plusieurs contrats C2D avec la France. Pour les pays dont la dette d’APD française est la plus importante, ce mécanisme constitue une opportunité pour contribuer à réduire durablement la pauvreté.
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