Par Patrice Allégbé
Les créances douteuses enregistrées dans l’ensemble des prêts bancaires ivoiriens sont pour « la plupart » accordées aux PME-PMI, selon des experts du secteur, qui lient ces « risques » à des problèmes de « gestion interne » des entreprises.
« II ne faut pas se voiler la face, faire des crédits aux PME-PMI est un défi qu’il nous appartient de régler ensemble. Je ne vous le cacherai pas, la plupart des créances douteuses dans les banques sont issues des crédits accordés aux PME-PMI », affirme Charles Daboiko, directeur général de Ecobank Côte d’Ivoire.
Cette problématique est « un défi pour cette frange importante » qui est estimée au niveau régional à « 40% de l’économie nationale des pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) », renchérit le patron de Ecobank Côte d’Ivoire.
Selon l’expert en analyse financière, Guillaume Kokora, la créance douteuse se définit comme étant un prêt octroyé qui ne se rembourse pas dans les délais et échéances convenus d’accord partie, obligeant ainsi les banques à « provisionner », c’est-à-dire utiliser leurs propres fonds pour rembourser et attendre que le client honore éventuellement ses engagements.
Parmi les entreprises auxquelles les banques accordent des crédits, se trouvent celles qui ont une bonne signature, qui sont dites « solvables » sur le terme du crédit et celles qui ne l’ont pas, considérées comme des clients à « risque élevé ».
Les PME/PMI se situent dans la catégorie des créances douteuses
« Effectivement, les PME/PMI se situent dans cette dernière catégorie contrairement aux grandes entreprises qui tiennent pour la plupart leurs engagements; et les banques en ont fait une amère expérience », indique l’analyste financier.
La cartographie des créances douteuses est la même que celle des prêts. L’on distingue des crédits à court terme (moins de deux ans) qui financent généralement l’exploitation courante de l’entreprise (découvert, avance de trésorerie, escomptes de traites, facilités de caisse, etc.), les crédits à moyen et long termes (deux à sept ans pour le moyen terme et plus de sept ans pour le long terme).
Les crédits à moyen et long termes sont dédiés aux investissements soit pour renouveler la capacité de production de l’entreprise, soit pour l’accroitre. Ils peuvent aussi comprendre le crédit-bail en fonction de leur durée.
Par ailleurs, « l’on peut parler de créances douteuses liées aux engagements à court terme et celles liées aux engagements à moyen et long terme. Le second cas est beaucoup plus risqué dans le cas des PME/PMI alors qu’il est celui qui répond plus à leur besoin de croissance », fait observer M. Kokora.
Alternative aux crédits
Le fonds de garantie est une alternative au crédit. « II peut être une solution » quand le remboursement des prêts est supporté par ce fonds en cas d’insolvabilité, mieux par celui qui fournit le fonds.
Dans le métier de la banque, « la garantie ne fait pas le crédit », souligne l’expert financier, qui estime que « les PME/PMI gagneraient à améliorer leur gestion interne, leur organisation et leur notoriété dans les affaires ».
« Il faut trouver un système qui intégrera le patrimoine des dirigeants et sera très coercitif. En cas de défaut de paiement, l’environnement judiciaire devra jouer pleinement son rôle comme c’est le cas dans les pays dits développés », suggère-t-il.
Comme autres perspectives, le crédit-bail peut servir. Ici, le client ne reçoit pas les espèces mais la machine ou l’outil de production dont il a besoin. Encore faudrait-il éviter les détournements de machines.
En outre, il y a le financement structuré qui consiste à financer le produit et non l’activité en elle-même, qui peut également être explorée si tous les acteurs jouent « franc-jeu ».
« En ce qui nous concerne, le Fonds africain de garantie qui nous permet de bonifier nos interventions », fait que la proportion « que nous accordons aux PME (…) a beaucoup augmenté soit 25 à 40% du portefeuille », confie M. Daboiko, directeur général de Ecobank Côte d’Ivoire.
En 2013, « les crédits accordés par les banques ont cru de 23% avec une hausse en volume de 550 milliards de Fcfa, les prêts constituant plus de 99% des emplois clientèles octroyés par l’ensemble des établissements de crédits « , selon l’Association des professionnels de banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (Apbf-ci).
PAL
Avec Alerte-info.net
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