Côte-d’Ivoire apatridie: Nathalie Yamb (Lider) condamne les propos du représentant du HCR et appelle à plus de retenue

NY-DW2

Nathalie Yamb | LIDER | 15 novembre 2014

Mohamed Touré, le représentant du Haut-Commissariat aux réfugiés (Hcr) en Côte d’Ivoire, a affirmé récemment: «La raison fondamentale de l’apatride en Côte d’Ivoire est historique. La colonisation a rapporté dans le territoire ivoirien des centaines de milliers de gens pour travailler dans les plantations de cacao. A l’Indépendance, en 1960, ces personnes ne sont pas retournées en Haute-Volta. Elles sont restées en Côte d’Ivoire et n’ont pas bénéficié à l’époque de la nationalité, ou elles n’ont pas pris la nationalité, et n’avaient pas pris non plus la nationalité burkinabè puisqu’elle n’existait pas. Donc on estime le chiffre à peu près à 400 000 personnes».

Nous aimerions faire remarquer à M. Touré que son propos est non seulement dangereux, mais également fondé dès l’entrée sur une contradiction surprenante : Comment le représentant peut-il catégoriser les personnes concernées comme étant des apatrides, alors que lui-même les qualifie de Voltaïques ?

Par ailleurs, il serait peut-être utile que M. Touré sache que la colonisation n’a pas seulement amené des populations de Haute Volta en Côte d’Ivoire, mais également des Français, des Sénégalais, des Guinéens etc. Comment se fait-il que ceux-ci ont pu retourner dans leurs patries sans encombres, et que seuls les ressortissants voltaïques auraient eu un problème, alors que la Haute-Volta est née en même temps que la Côte d’Ivoire ?

LIDER informe monsieur le représentant du Hcr que la Côte d’Ivoire n’a pas de problème d’apatride. Le code de la nationalité règle la question après la succession d’Etats dès 1961. En 1972, le code de la nationalité a redonné une opportunité à ceux qui auraient raté l’échéance de 1961 de se mettre à jour. En 2003, Marcoussis a réglé une fois encore la question. Enfin, l’accord politique de Ouagadougou, à travers le processus d’identification mené par la Sagem, a donné la chance à ceux qui ne l’auraient pas déjà fait de se faire enrôler sur simple présentation de leur acte de naissance et d’obtenir ainsi leur carte d’identité ivoirienne. M. Touré voudrait nous faire croire qu’il y a des apatrides d’avant 1961 en Côte d’Ivoire, qui auraient raté les opportunités d’utiliser leur droit d’option en 1961, en 1972, en 2003 et en 2007 ? Un peu de sérieux quand même !

Les propos de M. Touré sont dangereux, car ils sont de nature à entretenir des pulsions ethniques et nationalistes sur le continent. Au moment où les Africains aspirent à l’intégration sous-régionale, à ne plus être des citoyens enfermés dans des enclos nationaux mais des humains libres sur tout le territoire d’Afrique, venir trouver ou créer des apatrides après toutes ces années comme il le fait ne sert qu’à susciter de nouvelles tensions entre les ressortissants des différents pays. Nous attendons du représentant en Côte d’Ivoire d’une organisation internationale de la stature du Haut-Commissariat aux Réfugiés un peu plus de responsabilité et de retenue.

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