L’Afrique francophone piégée par sa monnaie unique

Nicolas-Agbohou

Réunis à Paris le 3 octobre 2014, les responsables africains de la zone franc ont confirmé leur attachement à ce lien monétaire. Pourtant, l’écart grandit avec les pays disposant de leur propre devise et connaissant des alternances politiques sans intervention de l’ancienne puissance coloniale. Il révèle les entraves au développement que représente une monnaie unique sans mécanisme de solidarité ni politique harmonisée.

Par Sanou Mbaye, novembre 2014 APERÇU Le Monde-diplomatique

Invités d’honneur des dirigeants européens les 2 et 3 avril 2014, les chefs d’Etat africains ont également été reçus en grande pompe par le président américain Barack Obama au mois d’août dernier. Aucun mystère là-dessous : le continent noir est le deuxième moteur de croissance mondiale après l’Asie. Selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique », en 2013 le taux de croissance moyen s’y établissait à environ 4 %, supérieur à celui du reste de la planète (3 %). Le mouvement devrait s’accélérer, frôlant les 5 % en 2014 pour se situer entre 5 et 6 % en 2015.

A l’ère de la mondialisation, les pays à industrialisation rapide — dits émergents — tels que la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Malaisie, la Turquie ou le Brésil ne se sont pas fait prier pour investir massivement en Afrique. D’autres facteurs renforcent cette dynamique : d’une part, les transferts financiers des émigrés, qui se sont élevés, selon des estimations de la Banque mondiale, à plus de 38 milliards de dollars en 2010, dépassent désormais l’enveloppe de 26,5 milliards de dollars allouée à l’aide publique au développement ; d’autre part, les couches moyennes. qui avaient été laminées par les plans d’ajustement structurel, reprennent leur place. Enfin, la gestion s’améliore, avec une meilleure maîtrise de la dette et des déficits.

Cependant, ces progrès semblent délaisser les pays de la zone franc. Si les taux de croissance ont été en moyenne de 5,5 % en 2013 dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). ces chiffres doivent être relativisés. La population y croissant en moyenne de 3 %, la progression du produit intérieur brut (PIB) par habitant n’est que d’environ 2,5 %. Dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). les taux de croissance moyens du PIB et de la population sont respectivement de 4,6 % et 2,8 %, soit un accroissement du PIB par habitant relativement faible. Il en résulte que les plans de développement de certains pays de la zone franc —comme le Niger, le Mali, le Burkina Faso ou le Tchad — (…)


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