Par Patrice ALLEGBE
« On va reconstituer les choses, c’est pourquoi nous vous remettons les fiches de production de créances », lance Moustapha Coulibaly, liquidateur de la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA), à une quarantaine de clients, qui regroupés devant le siège de la banque à Abidjan, réclament un délai pour le paiement de leurs avoirs.
Le liquidateur de la BFA au milieu des clients
« On va travailler » sur ces données et procéder au paiement, assure l’expert-comptable ivoirien Moustapha Coulibaly, qui explique que la loi recommande, qu’en cas de liquidation d’une banque, les épargnants produisent une créance.
Décriant cette démarche, des clients, dans une discussion avec le liquidateur, proposent l’affichage d’un listing mentionnant tous les propriétaires des comptes selon chaque agence, soutenant que ces données pourront orienter les bénéficiaires dans les différents guichets de paiement.
« Moi, je ne remplis pas (cette fiche de production de créance), il y a trop de pirates. (La BFA a) toutes les données dans l’ordinateur » pour sortir les états, affirme M. Abrogoua (60 ans), qui craint que des « arnaqueurs » utilisent à d’autres fins ce document qui ne présente pas de logo.
Au milieu d’une foule et dans le brouhaha, le liquidateur tente de rassurer l’ensemble des clients visiblement en colère.
Toutes les alternatives sont possibles, mais il convient d’emprunter la voie légale avant de précéder au paiement qui débutera par les petits déposants puis les grands ensuite selon un chronogramme, insiste-il.
« Si vous estimez que vous ne pouvez pas remplir la fiche, il n’y a pas de problème, votre numéro (de compte) est dans le fichier, donc on est prêt à payer et on va vous payer selon ce qui est dans le fichier, maintenant s’il y a des erreurs, vous allez faire des réclamations », avertit-il.
A quelques mètres, Mlle Kouakou, une femme de la trentaine, donne de la voix. Cette fonctionnaire, qui dit disposer d’un compte chèque sur lequel elle reçoit sa paie et deux autres comptes d’épargne, craint que cette « affaire » gérée par l’Etat « dure six mois ou un an ».
Les autorités ont demandé aux fonctionnaires de se rendre au trésor pour percevoir leurs salaires, « j’ai pu retirer la paie, mais le mois prochain quand tu leur demandes, ils disent qu’on leur a donné ordre de payer le salaire, le reste ils n’en savent rien », raconte-t-elle.
« Nous, on souhaiterait qu’on nous dise quand on va nous payer notre argent (…) quand on dans de nouvelles agences pour ouvrir de nouveaux comptes pour prendre nos prochains salaires, on nous demande d’envoyer un papier qui atteste que la banque est fermée, qui va nous donner le papier, on est inquiet (parce qu’) on n’a pas d’interlocuteur », ajoute cette jeune fonctionnaire.
Depuis le 30 septembre 2014, date de fermeture de la banque, Francis Dohou (61 ans), un vieil homme à la retraite, s’interroge comment faire face à ses charges en cette rentrée scolaire et payer son loyer.
« Je connais une dame qui y travaille, elle a dit qu’elle-même qui est membre du personnel, ils n’ont pas été avertis (…) je suis désolé et ce n’est pas sûr qu’on nous paie aujourd’hui ni demain pourtant on a des dépenses à faire », s’insurge-t-il.
Avant de prendre l’ascenseur, le liquidateur, rassure « faites-moi confiance pour la diaspora, je vais gérer » cela, répétant que tous les clients, mêmes ceux résidant à l’étranger doivent produire une créance à envoyer au siège de la BFA, soit par une procuration légalisée dans le pays d’accueil.
PAL
Alerte-info.net
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