Affaire «l’appel de Daoukro»
L’appel de Daoukro lancé le 17 septembre dernier par l’ex-Chef de l’Etat Henri Konan Bédié pour une candidature unique du Président Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015, continue d’alimenter les débats politiques en Côte d’ivoire. Interprété diversement selon qu’on est pour ou contre. Une question qui divise le RHDP voire le PDCI, le parti d’Henri Konan Bédié lui-même. Et si au PDCI, Henri Konan Bédié peut compter sur l’ancien Premier ministre Ahoussou Jeannot, par ailleurs vice-président du PDCI pour défendre ce projet, au RDR, Henri Konan Bédié peut désormais compter sur un allié de taille. Guillaume Kigbafori Soro, car c’est de lui qu’il s’agit a pris fait et cause pour l’ancien président Henri Konan Bédié depuis qu’il est revenu des vacances chez le sphinx de Daoukro, il y a quelques semaines. Et il n’eut trouvé meilleure tribune pour vendre l’idée du vieux Bédié que l’hémicycle ivoirien.
En effet, profitant de la rentrée parlementaire qui ouvrait la 2e session ordinaire de l’année 2014, qui a eu lieu le mercredi 1er octobre dernier à Abidjan, le président de l’assemblée nationale a décidé de mouiller le maillot pour faire avaler aux députés, la pilule du consensus autour d’une candidature unique du président Alassane Ouattara, au sein du RHDP comptant pour les présidentielles de 2015. Sur la demi heure qu’a duré son traditionnel discours d’ouverture des travaux, ¾ était consacré à l’exhortation des députés à l’adhésion non seulement au consensus tel que proposé par Henri Konan Bédié, mais aussi à faire en sorte que cette idée soit défendue par les élus du peuple ivoirien au nom de la démocratie, de la paix et de la stabilité dans notre pays.
« L’appel de Daoukro trouve son fondement dans l’esprit et la valeur du consensus » a-t-il introduit avant de s’adresser aux adversaires du projet : « A ceux qui parlent d’une aliénation à la démocratie et du projet de l’émergence de notre pays à l’horizon 2020 avec l’idée d’un tel consensus, j’estime que l’alimentation du débat politique suite à cet appel, est certes une chose qui n’est pas mauvaise en soi, mais qu’une telle illusion puisse se propager en occultant le débat de fond qui reste le consensus national au service de l’idéal de paix et du développement économique de notre pays, me parait totalement injustifiée ». Et d’ajouter : « Depuis quand un consensus de cette nature a-t-il aliéné la démocratie ? Cette option politique n’est-elle pas à appréhender plutôt comme un gage d’une stabilité future et durable ? »
Mais si le président de l’assemblée nationale de Côte d’ivoire croit fortement à cette idée du consensus autour d’une candidature unique au sein du RHDP, c’est bien parce qu’il a en idée, le gain que cela a pu produire dans notre pays sous le feu président Félix Houphouêt-Boigny, d’ailleurs de qui se réclament tous au sein du RHDP (rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix).
« La quête du consensus a été de tout temps l’option préférée et défendue par feu, le président Houphouêt (…) Rappelez-vous la grand-messe au stade Géo André en octobre 1951 (…) Cette fédération des partis et des énergies politiques inspirée par l’idée du consensus avait permis 40 ans de stabilité, 40 ans de fraternité et de solidarité entre les Ivoiriens » a rappelé Guillaume Soro aux députés. Et d’ajouter : « Le consensus avait permis quatre décennies de développement de notre pays. Ne l’oublions pas, le miracle de l’économie ivoirienne fut à ce prix ».
Revenant à l’appel dit de Daoukro, Guillaume Soro pourrait mettre sa main au feu pour attester que celui-ci traduit bien « la volonté de nos leaders de s’inscrire dans le droit fil de la paix historique de 1951 ».
Pour lui, tous ceux qui prétendent que le rassemblement est une mauvaise solution et une posture anti démocratique devraient remarquer que c’est bien la division de la famille Houphouétiste qui a conduit notre pays à bien de malheurs.
« Que leur faut-il encore pour réaliser enfin que la division peut conduire à l’affrontement et à la guerre » a-t-il averti. Et de marteler : « Permettez-moi d’ajouter qu’aucune ambition, qu’aucun orgueil, qu’aucune fierté ne doive primer quand il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation et de la paix ».
Toujours pour le président de l’assemblée nationale « tout le mérite du consensus politique actuel réside dans le fait que la mouvance présidentielle veuille consolider son alliance pour atteindre des objectifs de développement et de paix.
« C’est pourquoi, tant que l’initiative de l’action politique vise à assurer la stabilité du pays et améliorer profondément le devenir du citoyen ivoirien, notre devoir, nous les parlementaires se doit de l’amplifier » a-t-il conseillé.
« Le peuple ivoirien est mur pour la démocratie (…) A la veille des échéances électorales, la mission préparatoire des députés consistera à faire de la pédagogie, à faire le culte des vertus citoyennes, tel que le rassemblement » a-t-il exhorté ses pairs élus avant de conclure : « A l’heure de notre rassemblement à l’occasion de notre rentrée parlementaire, voici ce à quoi je veux exhorter chacune et chacun d’entre vous ».
Philippe KOUHON, journaliste d’Investigation
Africa TV
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Mail : pkouhon@gmail.com
Tél : 00336 47736264
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