Source: ivoirejustice.net
La troisième journée de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale (CPI) a eu lieu ce mercredi 1er octobre. Voici ce qu’on peut en retenir.
Par Maxence Peniguet
Dans quelle mesure le général de la rue était-il impliqué dans les 5 événements retenus contre lui par le bureau de la procureure ? Aucune, selon Nicholas Kaufman, son avocat. C’est ce que ce dernier a essayé de démontrer aux juges pendant la première partie de la matinée.
Il s’était attaqué à l’incident de la RTI la veille, c’est donc logiquement qu’il a commencé par parler des violences qui ont eu lieu entre le 25 et le 28 février 2011 à Yopougon, après les discours de Blé Goudé à la RTI et au bar Les Barons.
Des violences qui n’auraient pas été provoquées par les discours du suspect, puisqu’il s’agissait, selon Kaufman, de discours pacifistes. L’accusé n’aurait pas demandé la création de barrages routiers et n’aurait pas non plus circulé dans les quartiers ; pour Kaufman, le fait que le témoin de l’accusation dit seulement avoir entendu des jeunes crier « Général ! Général ! Général ! » après un véhicule ne prouverait pas qu’il s’agissait de Charles Blé Goudé.
Soro préconisait la violence, pas Blé Goudé
L’avocat a par ailleurs analysé un passage d’un discours du suspect pour réfuter l’accusation de xénophobie faite par la procureure. L’expression utilisée, « dénoncer les personnes étrangères », ne serait pas raciste, puisque « personnes étrangères » est utilisé dans des pays francophones pour désigner une personne n’appartenant pas à un certain milieu. Et Kaufman d’illustrer son propos avec une image montrant un panneau d’interdiction d’un lieu privé à des personnes étrangères.
Cette image n’a pas été appréciée par l’accusation. « Où est la référence de cette photo dans le dossier ? Vous ne pouvez pas simplement montrer une photo prise sur internet parce que vous en avez envie ; ici, on montre des preuves inscrites au dossier », a lancé en substance Eric Macdonald, du bureau du procureur. Et Nicholas Kaufman de répliquer en souriant qu’Eric Macdonald devait bien connaitre la ville où a été prise la photo puisque c’était la sienne — ce que ce dernier a réfuté.
La défense a repris son exposé et a fait la comparaison de Charles Blé Goudé avec Guillaume Soro. Soro préconisait la violence, pas Blé Goudé, c’était l’idée développée par Nicholas Kaufman, en illustrant son propos avec des extraits de discours de l’actuel Premier ministre ivoirien. Lors de cette matinée, il aura accusé d’autres personnes des crimes reprochés à son client, tout en précisant que ce dernier ne souhaitait accuser personne lors de sa défense.
« Si Blé Goudé était tellement raciste, pourquoi aurait-il embauché des mercenaires libériens ? »
Après avoir passé en revue les autres incidents, Nicholas Kaufman a insisté, encore une fois, sur le pacifisme de Charles Blé Goudé en citant notamment un article de presse et d’autres passages de ses discours, passages que l’accusation aurait cherché à cacher aux juges.
L’avocat a conclu en essayant de montrer à ces dernières que son client n’avait pas utilisé les services de mercenaires, en prenant à son compte l’argumentation de la procureure. « Si Blé Goudé était tellement raciste, pourquoi aurait-il embauché des mercenaires libériens parlant anglais ? », a-t-il argumenté.
La journée d’audience s’est terminée en avance, mais non sans étincelles. Eric Macdonald, du bureau de la procureure, a reproché à Nicholas Kaufman de ne pas avoir mentionné certaines références lorsqu’il parlait de preuves et de témoins, ce qui rendrait le travail difficile pour rendre des observations orales le lendemain. Après une courte discussion éloquente, la juge a tranché : les deux parties devront s’entraider pour trouver les références manquantes.
Et cela, pour que la journée de demain, où défense et accusation devraient faire des observations orales sur les trois jours d’audience (et où Charles Blé Goudé devrait intervenir), se passe au mieux.
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