Candidature unique de Ouattara en Côte-d’Ivoire, Bédié appelle les militants du PDCI à un référendum

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Une semaine après l’appel de Daoukro, l’émotion reste vive. Certains, les militants de la candidature unique en faveur d’Alassane Dramane Ouattara, sont aux anges et jubilent. Ils considèrent que Aimé-Henri Konan Bédié, ce 17 septembre 2014, a fait le geste qui sauve. D’autres, y compris les militants de l’opposition, sont abasourdis et ruent dans les brancards. Ils traitent le président du PDCI-RDA, qui aurait bradé l’héritage de Félix Houphouët-Boigny, de tous les noms d’oiseaux.
Mais, tout indique que tout le monde met la charrue devant les bœufs et crie trop tôt victoire ou défaite. Une lecture fine de la déclaration de Bédié montre pourtant que la partie est loin d’être jouée. Car, au meeting de clôture de la visite d’État d’Alassane D. Ouattara à Daoukro, qui n’était pas une tribune officielle du PDCI-RDA, Bédié a voulu, dans un premier temps, intervenir en tant que citoyen ivoirien libre, dont la prise de position politique n’engage que lui et lui seul. C’est pour cette raison qu’il a choisi de prendre à témoin et de s’exprimer «devant la nation rassemblée».
Dans un second temps, il a franchi le pas pour se mettre dans la peau du président du PDCI-RDA. Mais là Bédié savait, à l’avance, que son ralliement-surprise à la candidature unique d’Alassane Dramane Ouattara n’allait pas faire l’unanimité au sein de son parti. Le 12è Congrès, l’instance suprême du parti qui s’est rassemblé en octobre 2013, s’est clairement déterminé en faveur de la candidature d’un «militant actif» du PDCI-RDA à la présidentielle et lui-même, pour aller dans le même sens que la majorité des militants, avait indiqué «qu’en tant que parti politique, nous ne pouvons pas ne pas avoir de candidat».

Bédié n’a pas encore la caution du parti

Revenant sur sa position affichée à ce Congrès, moins pour les raisons avancées (victoire du RHDP en 2015 alors que l’opposition émiettée et en désordre de bataille ne représente aucun danger) que pour d’autres considérations (guerre fratricide, comme aux législatives, entre alliés avec le risque majeur que le chouchou de la communauté internationale, arrivé au pouvoir dans des conditions troubles, ne morde la poussière), Bédié veut jeter toutes ses forces dans la bataille. Aussi, a-t-il instamment demandé «à toutes les structures du Parti démocratique de Côte d’Ivoire de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet».
Par cette supplique, Bédié avoue ainsi qu’il n’a pas encore obtenu la caution du parti, indispensable pour faire prospérer sa prise de position solitaire. Il espère l’obtenir à la prochaine Convention du PDCI-RDA qui sera convoquée pour examiner exclusivement la question de la candidature du parti à la présidentielle de 2015.
De ce fait, Bédié en a appelé également aux partis composant le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, plate-forme politique comprenant le RDR, le PDCI-RDA, l’UDPCI, le MFA et l’UPCI), à commencer par le RDR et son président… Alassane Dramane Ouattara afin qu’ils pèsent de tout leur poids (politique, financier…) dans la balance. Il veut mettre toutes les chances de son côté.
La bataille dans laquelle il vient de se lancer, en fait son dernier combat politique, pour faire triompher son idée, est hautement risquée. Assis sur son équation personnelle, il a engagé son honneur, sa légitimité et sa responsabilité dans la balance pour renverser la vapeur. Car, in fine, ce sont les militants du PDCI-RDA, et eux seuls, qui auront le dernier mot au cours de cette Convention qui prendra obligatoirement l’allure d’un référendum auprès des militants en faveur ou pas de la candidature unique de Ouattara.

Le branle-bas entre partisans et adversaires

Comme le disait Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif du parti, «le PDCI est un parti souverain, le PDCI est un parti autonome, le PDCI trouvera les moyens pour dire comment on va aux élections». Et, malgré l’appel du pied de Bédié, il n’a pas encore décidé qui portera ses couleurs à la prochaine présidentielle. C’est le branle-bas. Partisans et adversaires de la candidature unique affûtent leurs armes, se taclent et fourbissent des arguments pour faire triompher, comme le 13 septembre 2014 au FPI, leurs opinions dans le cadre de la démocratie interne; les débats promettant d’être âpres et houleux à la Convention qui s’annonce d’avance palpitante.
Bédié sait, comme dans tout jeu, que, soit il perd au challenge parce que les militants auront refusé de trahir l’engagement pris au 12è Congrès, soit alors il gagne le jackpot car sa proposition, après avoir raflé les suffrages de ses «suiveurs», est passée haut la main. Dans ce dernier cas, conscient que la dissidence en interne est forte, il fait mine de ne pas fermer la porte à une ou des candidatures indépendantes auxquelles il s’attend inévitablement. Alassane Dramane Ouattara, a-t-il déclaré, «sera ainsi le candidat unique de ce parti politique (le PDCI-RDA) sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre».
L’ancien président de la République sait de quoi il parle. En 2000 et sous la transition militaire, le PDCI-RDA avait un candidat officiel, Emile-Constant Bombet, désigné à la Convention de Yamoussoukro; mais lui-même, alors en exil en France après le renversement de son régime le 24 décembre 1999, et une pléthore de candidats issus du parti – Mme Sangaré Assana née Ouattara, Brou Emile Amoakon Atta, Coulibaly Lanzény, Fadika Mahammed Lamine, Gaston Ouassénan Koné et Boa Thiémélé Amoakon Edjampan – et placés sous la bannière d’indépendants, ont fait acte de candidature.

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