Depuis la déclaration du Président Bédié dans le Iffou relative au soutien de la candidature du candidat Ouattara, nombreuses sont les personnes qui m’appellent pour avoir ma position mais aussi mon analyse. Pour celles-ci, cette déclaration sonne la fin de la lutte pour les présidentielles futures. Comme mon Aîné et ami, Pr Mamadou Koulibaly le disait, « il est mieux qu’on déclare Ouattara président à vie. Comme cela, on aura pas à faire comme si on était encore dans une démocratie pluraliste ». Telle est aujourd’hui la conclusion que nombre de nos camarades tirent devant la position espiègle et hautement tactique du Sphinx de Daoukro. Pour ma part, je pense que que Bédié, en annonçant qu’il soutenait officiellement la candidature unique, vient désormais de crever l’abcès du débat sur les perspectives politiques dans notre pays.
En effet, dans un contexte marqué par l’échec de son passage en force avec une commission électorale partisane et un conseil constitutionnel au pas, le Président candidat Ouattara avait besoin de rassurer ses hommes et ses alliés. Il contrôle encore la situation. Il voulait absolument que Bédié donne sa caution officiellement pour au moins avoir les coudées franches quant aux perspectives. En visite dans sa région, le Président Bédié ne pouvait pas, si mes analyses sont correctes, offenser son hôte de marque en lui refusant cette faveur pour laquelle, justement, la visite dans le IFOUU était prévue, à ce moment. Refuser d’aborder dans le même sens serait non seulement contraire à la tradition Akan qui inspire l’action politique magistrale de Bédié. Mais ce serait aussi et surtout déclenché une guerre PDCI-RDR alors que l’échec de la Commission de Bakayoko met totalement en déroute Ouattara. Bédié avait-il intérêt à déclencher une confrontation directe avec son hôte alors que ce dernier n’a plus qu’une seule option: officialiser sa démarche unijambiste, unilatérale, de la pensée unique, du parti unique, bref, de la non démocratie. La déclaration de Bédié, si elle ne renvoyait pas la décision finale à la convention, aurait simplement signifiée la fin du débat sur ce point. Or, en le renvoyant aux instances du PDCI, Bédié fait d’une pierre deux coups. Il se dédouane de tout ce qui arriverait à cette convention tant attendue. Mais aussi et surtout, il gagne du temps. Mais, une telle approche signifie aussi qu’il lance un appel pressant aux cadres, militants et sympathisants du premier parti politique ivoirien: Alors que le coup d’état fut une humiliation de notre patrimoine commun, aujourd’hui, que ferez-vous devant cette demande indécente: accepterez-vous que le PDCI conduise le RDR dans son pouvoir ou alors feriez-vous le sursaut nécessaire pour sauver la Côte d’Ivoire par un refus clair et net du PDCI de s’associer à une telle imposture idéologique et politique?
La réponse à cette question par chaque militant sera celle du PDCI au soir de sa convention. Ce ne sera pas Bédié qui aura voulu tout faire pour aider son jeune frère. Ce ne sera pas aussi sa faute parce qu’il aura démontrer à son jeune frère son engagement à ses cotés. L’adage dit: à l’impossible, nul n’est tenu! Voilà comment je lis la démarche de Bédié: un appel au sursaut citoyen pour sauver la démocratie en péril. Voilà le dernier combat du Président Bédié.
Car la lutte qui oppose le clan Ouattara à l’ensemble du peuple ivoirien depuis sa prise du pouvoir, ne peut pas être celle d’un individu, d’un parti, voire même, d’une seule plateforme politique. Ce combat qui tire sa profondeur dans les choix fondamentaux que chaque ivoirien veut faire, ne peut aucunement être laissé entre les mains de quelques individus. Il importe que l’ensemble de la société ivoirienne, sous le choc des perspectives angoissantes, réagisse vigoureusement. Agir contre cette démarche pour devenir un nation. S’y plaire et se taire à jamais. Le but politique ultime reste de reconstruire dans une refondation sur des bases nouvelles de respect de l’autre, de la dictature de la loi, et de la gouvernance rationnelle. Si c’est cela la stratégie des conseillers de Bédié, ils auront réussi à appliquer à merveille les méthodes de la « reverse psychology » qui consiste à appliquer le contraire de ce qu’on veut pour provoquer une réaction positive du sujet considéré. Je serai incorrecte dans mon analyse si, partout, dans les foyers PDCI, et voire même au-delà de ce parti, le murmure n’était pas assourdissant. Et ces murmures de l’incompréhension sont la preuve que Ouattara a échoué avec le PDCI tout comme il a échoué avec le FPI. Sa gouvernance et ses méthodes violent la conscience de la nation. Il a déjà échoué. Si. Je peux même oser une seule hypothèse pour qu’il réussisse: c’est que les militants du PDCI, ceux du FPI, de la la 3ème Voie, et des millions d’Ivoiriens qui ne se sentent pas concernés par son pouvoir ethno-clanique soient des sous-hommes, sinon des bêtes de somme! C’est parce que je sais que ce peuple qui a libéré l’Afrique par son combat, est loin de ce que certains pensent de lui, que je crois que ni le PDCI, ni aucun autre parti lucide, n’acceptera de se saborder et enterrer la démocratie. La lutte ne fait que commencer! Comment ne pas y croire!
Martial Joseph AHIPEAUD, PhD
Président de l’Union pour le Développement et les Libertés (UDL)
Coordonnateur de la 3ème Voie
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